vendredi 21 décembre 2012

Au théâtre ce soir n’est pas mort


Nous pensions que la raison allait vite l'emporter, il n'en n'est rien, le vaudeville continue...

Ce fut une des émissions phare du petit écran au temps où la culture et l’art y avaient droit de cité aux côtés de Claude SANTELLI, Bernard PIVOT, Jacques CHANCEL et autres gloires de la télévision nationale. L’ironie vient du fait qu’elle est née un jour de grève à l’ORTF et qu’elle connut un tel succès qu’elle dura 16 ans. Réjouissons-nous, car le spectacle continue et le feuilleton du duel Copé- Fillon relègue la famille Ewing de la série Dallas au rang d’acteurs de série B. Nous avons droit à tous les arguments qui feraient la joie d’un Michel AUDIARD s’il était encore de ce monde avec d’un côté les « Tontons flingueurs », de l’autre « Le cave se rebiffe ».

À l’heure où j’écris cet article, on ne sait plus qui a gagné, on apprend qu’il y a eu des fraudes et que les comptes avaient été faits en dehors de trois fédérations litigieuses, que les deux candidats ont fini par accepter la médiation du sage Alain JUPPÉ qui va présider une instance collégiale pour réexaminer les résultats de l'élection, contestés par les camps. Le gag serait que l’ex premier ministre prenne la présidence et rafle la mise comme Lino VENTURA dans « les Barbouzes ».Si l’UMP n’est pas encore dans le vaudeville et ses ménages à trois, elle est déjà dans le théâtre de boulevard avec injures, séquences burlesques et claquements de porte.Et pendant ce temps, le canard du centre vit mieux que jamais, le président de l’UDI annonçant fièrement que son parti a engrangé « plus de 1200 adhésions en une nuit »… des longs couteaux devrait-il ajouter.

Ah j’oubliais le plus important, le même jour le vote blanc est adopté à l’unanimité par 90 voix (où sont les 487 autres, peut-être à la buvette en train de suivre le duel Copé-Fillon ?) mais pas comptabilisé comme un suffrage exprimé avec ce commentaire ubuesque du porte-parole du Modem Yann Wehrling : «les parlementaires de tous bords ont su prendre leurs responsabilités, en faveur de cette proposition que porte haut et fort François Bayrou depuis 2002». On est prié de ne pas rire. Le pompon, nous le devons à Olivier MAZEROLLE, journaliste à BFM TV : " Arrêtez de rigoler maintenant. …je veux bien mettre tout le monde d'accord, mais à la condition qu'on me laisse bosser et j'ai l'autorité suffisante et je me laisserai pas manipuler…je suis fatigué comme tout le monde et j'en ai marre d'être obligé de commenter des inepties… que Jean-François Copé préside une UMP divisée, pourrie qui fonctionnera pas et puis voilà. Mais y en a marre quoi franchement !"Ça c’est de l’info, de la pure et dure ! Il faut dire que ce journaliste éminent avait fait son mea culpa au sujet d’un rappel à l’ordre du CSA pour une interview bidon de l’ancien ambassadeur de Chine à Paris : « Cette interview m’ avait été recommandée par des personnes fiables ».Franchement, pour employer un langage moderne : ça fout les glandes de voir nos députés s’étriper au lieu de réfléchir aux problèmes de leurs concitoyens et nos journalistes « indépendants» nous prendre pour des gogos.Quand on vous dit qu’ « Au théâtre ce soir » n’est pas mort, on se demande où passe la redevance.

B MALAGUTI

mercredi 19 décembre 2012

La repentance n’est pas un long fleuve tranquille


Nous vous avions annoncé que nous allions aborder des thématiques variées et parler sans langue de bois de sujets qui suscitent des débats animés, c’est le cas de la repentance et plus particulièrement des relations franco -algériennes.

Le président de la République François HOLLANDE doit effectuer ce 19 décembre une visite d’État en Algérie et déjà la polémique s’installe avec la demande de personnalités algériennes de la "reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français".

Interrogé sur ce sujet, le sénateur UMP Gérard LONGUET a répondu par un bras d’honneur accompagné de ce commentaire : «La France n’a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c’est ma conviction ». La politique sur des sujets aussi brûlants se résume hélas souvent à des petites phrases, notamment la réponse d’Harlem DÉSIR, nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste qui parle de la « droite française bête et méchante ». Sans vouloir les accabler, d’un côté comme de l’autre, ils jouent petit bras !

Est-il nécessaire de rappeler que la guerre d’Algérie a fait en 8 ans du côté français 25 000 morts et 65 000 blessés dont deux tiers d’appelés du contingent qui n’avaient pas demandé à mourir pour défendre ces départements qui faisaient alors partie de la République française ?

Si on commence à faire le procès de la colonisation en général et des exactions qu’elle a générée, on n’a pas fini et il n’est pas certain que l’Algérie sorte indemne de la confrontation, il suffit de prendre l’empire ottoman qui s’étendait des rives de la Méditerranée aux confins de la Mer Noire. Pour continuer sur ce thème, oublie-t-on que les musulmans furent les plus grands marchands d’esclaves du monde pour une raison simple, c’est que l’islam interdit d’asservir un musulman et que la ville d’Alger au 17ème siècle comptait 35 000 esclaves chrétiens sur une population estimée à 100 000 habitants.

Pourquoi raviver ces mauvais souvenirs, tout simplement pour rappeler que depuis 2001, la France a voté la loi TAUBIRA dont l’article 1er est ainsi libellé : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. » et qu’il est facile de la part de nos amis algériens de reprocher aux autres ses propres turpitudes, l’esclavage ayant été aboli en 1848 par la République française . Dans le deuxième paragraphe de l'article « L'application des décrets », il est écrit : « La situation est plus délicate en Algérie et au Sénégal, car une partie des esclaves appartiennent aux indigènes. » Fermons la parenthèse.

La France assume difficilement son histoire, Jacques CHIRAC a suscité une polémique en reconnaissant le 16 juillet 1995 la responsabilité de notre pays dans la déportation des Juifs avec la rafle du Vel d’Hiv : " La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux." Ses prédécesseurs au rang desquels François MITTERRAND ne reconnaissaient pas le régime de Vichy comme étant la France. François HOLLANDE est allé un peu plus loin en reconnaissant la répression du 17 octobre 1961 qui a fait plusieurs centaines de victime, mais de grâce ne refaisons pas en permanence le procès de l’histoire !

Il est probable que le Président de la République française aura tout cela en tête lorsqu’il atterrira sur le sol algérien, mais il devra faire très attention à ce qu’il dira, parce qu’au-delà du devoir de mémoire, il en est un autre plus important encore, celui de garantir la paix des deux côtés de la Méditerranée et rappeler à ses hôtes que les dangers qui menacent nos pays respectifs sont très réels.

Si la repentance n’est pas un long fleuve tranquille, préserver la paix est un exercice beaucoup plus difficile.

Bernard MALAGUTI

Crédits Photo : The Power of Repentance - Shaykh Yasir Qadhi