dimanche 8 mars 2015

A QUI PROFITE LE CRIME ?

Dans le cadre des réflexions et points de vue, de nature a susciter débats d'idées et réactions, vous trouverez ci dessous un éclairage particulier d'un fin connaisseur du tissus des PME/PMI.





A qui profite le crime capitaliste ?

Le hasard a voulu que j’enchaîne deux réunions. L’une animée par Hervé Kempf et Philippe Frémeaux sur les alternatives à la croissance du PIB, l’autre réunissant quelques chefs d’entreprises dont l’un d’entre eux nous a « donné une leçon » de libéralisme pur et dur, leçon au demeurant assez convenue et ennuyeuse.

Ce fut pourtant une nouvelle occasion de s’interroger sur cette idéologie, ce dogmatisme de droite.

Voilà des gens brillants, intelligents et cultivés, présents sur le terrain de leur entreprise… des gens qui gagnent vingt à cinquante fois ce que gagnent leurs salariés de base… plus « accessoires »… des gens qui vivent dans le cercle fermé et aseptisé de cet entre soi élitiste… des gens qui font du bio (ou plutôt du green washing) et dont les question environnementales, les externalités ne sont pas leur problème… des gens qui trouvent les inégalités parfaitement justifiées et les très hauts salaires mérités… des gens qui voient dans la bourse une excellente source de financement de la croissance et qui nient les dérives de la finance… des gens qui « créent de la valeur » même quand c’est de la merde ou de la destruction… des gens réalistes qui épuisent la planète et toute bonne conscience… des gens à l’imagination débordante pour le business, mais limitée puisque, hormis l’argent, le pouvoir et le paraitre il n’imaginent pas que d’autres valeurs puissent exister… des gens qui louent l’exemplarité dans leur entreprise alors qu’ils ne donnent pas vraiment le meilleur exemple… bref des gens qui ne voient que vertu dans le système actuel, des gens qui taxent d’arriérés ou de malthusiens ceux qui s’inquiètent et s’interrogent… des gens qui assument avec candeur leurs certitudes en taxant les autres de bisounours !

Face à ce dogmatisme on peut « comprendre » les idéologies adverses et se poser la question, dans un cas comme dans l’autre : « à qui profite le crime ? ».

Au fond ces tenants assumés du libéralisme déroulent avec brio et certitude une « logique » bien logique. Pour eux.

En matière économique et politique en ces temps très difficile, côté objectivité et liberté de pensée, peut-on mettre sur un pied d’égalité cette élite privilégiée, profiteuse (et ceux qui lui sont inféodés dans les médias comme le dénonce si bien Corinne Lepage dans son dernier ouvrage « les mains propres ») face à ces courageux intellectuels qui paient souvent le prix fort de leur liberté de pensée ?

Il est temps de le dire haut et fort.

Comment comprendre autrement cet irresponsabilité qui consiste à laisser filer des inégalités croissantes et maléfiques pour tous si ce n’est pour en profiter individuellement le plus longtemps possible (argent, pouvoir, ego…) ?

Comment ne pas avoir le même regard critique sur leur mode de consommation délirant et destructeur de la planète ?

Comment admettre de ces « réalistes » leur croyance naïve dans la science et la technologie pour résoudre les problèmes environnementaux alors même que le problème ne cesse manifestement de s’aggraver ?

Comment accepter de ceux qui invoquent la responsabilisation (de leurs collaborateurs, des citoyens, de l’administration et de ses agents…) et dénoncent pèle mêle assistanat et solidarité, de faire preuve de tant d’irresponsabilité vis-à-vis des générations futures et même actuelles ?

Comment doit-on comprendre ce hiatus entre le niveau intellectuel de cette élite, si différente de ces capitaines d’industrie qui nous font défaut, et la « petitesse »,ce manque de « grandeur d’âme », de leurs motivations, dont le salaire est l’élément primaire et visible ?

Oui on peut comprendre le « camp d’en face » qui se nourrit de cette remarquable désinvolture.

Remarquable, car cette élite a fait basculer de son côté les cadres supérieurs, ces serviteurs dorés, et les patrons de petites entreprises (pourtant de plus en plus maltraités par cette oligarchie et ses amis bureaucrates)… tant le « camp adverse » les prends tous pour des adversaires ! Est-ce bien innocent ? Devons-nous rester prisonniers de ce manichéisme simpliste et nuisible ?

Remarquable aussi, car cette élite est adepte de la méthode « tu veux des bonbons, petite fille ? », méthode qui a conduit l’immense majorité à la perfusion et à l’addiction, mais pas à la vigilance. Qui conduit un nombre croissant d’individus à un mal-être permanent… en attendant les jours meilleurs de la reprise ! Est-ce bien innocent ? Devons-nous rester prisonniers de ces mirages artificiels ?

Entre « méthodes de droite » et « valeurs de gauche », du moins les bonnes, il doit pourtant y avoir quelque chose à faire pour sortir de cet esclavagisme des temps modernes.

La voie est assurément étroite car notre voix est interdite d’antenne ou « au mieux » ringardisée, ridiculisée, tournée en dérision et minimisée. Les chiens de garde veillent !

Ni putes ni soumis, ni de gauche ni de droite, saurons-nous susciter cet élan vital auprès du plus grand nombre ?

J.L. VIRAT

6 commentaires:

  1. Vous êtes gentil Monsieur VIRAT, et je me demande si vous êtes naif, ou adepte du second degrés.
    Par profession vous êtes mieux placé que quiconque pour savoir le temps et la sueur donnés par tous les artisans les commerçants et les petits patrons de PME.Tous ces gens qui créent des emplois marchands et du.....travail!
    vous devriez évité de fréquenter les gens d'ALTERNATIVES ECONOMIQUES car je ne suis pas sure de leur objectivité et leur ligne est disons "fluctuante".Entre méthode de droite (qui sont les seules concurrentielles) et valeurs de gauche (qui sont estampillées par abus de langage) oui il y a quelque chose a faire.
    j'avais cru comprendre que LIBR'ACTEURS était sur cette ligne dites moi que je ne me suis pas trompée.

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    1. Merci à Solange et à Bernard. Il est souvent utile de se confronter à des avis différents des siens... à moins qu'il ne s'agisse que de malentendus.
      Concernant les petites entreprises, je ne cesse de répéter qu'à force de maltraiter leurs dirigeants qui s'épuisent à appliquer des réglementations tatillonnes, il ne faut pas s'étonner qu'ils n'aient plus de force pour avoir des stratégies de développement créatrices d'emplois. D'une façon caricaturale, d'ailleurs, je me "plais" à comparer la maltraitance dont ils sont victimes avec la surprotection des salariés qui profite d'abord aux plus mauvais. Quant au plan psychologique, la mauvaise humeur ainsi générée complique les choses, fait basculer cette population dans le camp du "grand capital", celui là même qui est en connivence avec la bureaucratie et la technocratie (de Bruxelles et de Paris). Je reviendrai certainement sur cette question tant le libéralisme sait cultiver cette connivence pour infiltrer partout sa puissance. En ce sens il n'y a pas opposition mais bien complicité entre public et privé, ce qui convainc l'européen que je suis que c'est d'une autre Europe dont nous avons besoin.
      Pour en venir à Alternatives Economiques, dont il m'arrive d'être critique, et si je me réfère au dernier numéro qui vient de sortir, oui, il serait intéressant d'expliquer toujours plus l'évolution de la ligne éditoriale... tant la situation est grave.Parlant de ces deux intellectuels (HK et PhF), mais également bien d'autres, j'ai voulu dire que j'accorde beaucoup plus de crédit à des "experts" qui n'ont pas d'enjeu personnel qu'à ceux qui se nourrissent (se gavent) du système. La différence est considérable. Or nous sommes tellement conditionnés par les médias que nous avons du mal à croire à d'autres approches ! Moi-m^me il m'arrive de me demander si je ne perds pas la tête !
      J'en profite pour ajouter que, outre ce que j'ai écrit dimanche, changer de système, de logique, de modèle économique... est une légitime source d'angoisse pour les chefs d'entreprises, petites ou grandes. Il est donc bien naturel qu'il en découle une certaine "solidarité" qui bien entendu conforte ce statu quo qui me semble condamné.
      J'entends bien vos observations sur le manque de lisibilité et sur la ligne "fluctuante" évoquée par Solange. Concernant Libr'acteurs, le tumulte ambiant y contribue. Pour autant, message bien reçu et un effort sera fait dans ce sens en espérant qu'il ne se heurtera pas à des positions figées, ne serait que sur ce manichéisme droite gauche si maléfique.

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  2. Ne t’inquiète pas Jean-Louis, les excès se retournent toujours sur leur auteur un jour ou l'autre, et ce jour est en train d'arriver. Prends en livre de chevet " la nouvelle société du coût marginal zéro" de Jeremy Rifkin. Amitiés. Louis-François

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  3. Jean-Louis, il semble, au fil des articles publiés, que la ligne politico-philosophique de Libr'acteurs soit de plus en plus difficile à suivre et soit sujette à la frénésie verbale et idéologique qui secoue notre pays. La France, qui compte le plus grand nombre de fonctionnaires par habitant de l'Union Européenne, qui a le droit du travail le plus contraignant de l'Union Européenne (il serait intéressant de demander à Messieurs RIFKIN ou LARROUTUROU de remplir une feuille de salaire et une DADS pour comprendre que nous sommes aux antipodes de l'ultralibérale Amérique ou de la Grande-Bretagne avec ses contrats à 0 heure et que tous les modèles ne sont pas transposables partout dans le monde à l'instar de l'Islande qui compte 320 000 habitants et qui a réinventé la démocratie, mais elle n'est pas dans l'UE ), qui est un grand pays où l'on détruit des emplois quand nos voisins en créent, se résume à un débat simpliste : êtes-vous de gauche donc fréquentable ou de droite donc ultralibéral, quand ce n'est pas pour les partis installés, pour ou contre le FN?

    Le problème est ailleurs et la première question à se poser est de savoir comment réconcilier les Français entre eux et de leur redonner "l'envie d'avoir envie" comme chante Johnny. Quand Manuel VALLS déclare: "j'ai peur que mon pays se fracasse contre le FN", soit il est autiste soit il est cynique, en tout cas il se fout de nous. Nous sommes 51, 63 % à avoir voté pour François HOLLANDE en espérant a minima que notre République ne serait moins en proie aux convulsions dues aux déclarations de son prédécesseur, la situation a empiré en trois ans et l'on parle aujourd'hui "d'apartheid"!

    Contrairement aux déclarations du premier ministre, la ségrégation n'est pas celle qu'on se complait à décrire, c'est celle d'un pays où un artisan boulanger n'a pas le droit de travailler 7 jours par semaine pour vendre du pain frais, celle où, si l'on en croit Marianne, un boucher rennais ne peut plus vendre des galette-saucisse parce qu'il a été menacé par le communautarisme , celle où, c'est historique, la CGPME et les petits patrons (pas ceux du CAC 4 à 400 fois le SMIC mensuel) sont descendus dans la rue en scandant "PME cadenassées, libérez nos entreprises !", celle où les médecins libéraux sont obligés de faire grève pour contester le tiers-payant qui en ferait des fonctionnaires de la Sécurité Sociale, les avantages en moins, comme au beau temps de l'Union soviétique, c'est celle où on est arrivé à un point d'hystérie tel que Michel ONFRAY, pas vraiment réputé à droite, se fait clouer au pilori parce qu'il a le malheur de dire " «Je fais juste mon travail de philosophe en disant que je préfère une idée juste, et mon problème n’est pas de savoir si cette idée juste, elle est de droite ou de gauche. Moi, l’homme de gauche, je préfère une idée juste de droite à une idée fausse de gauche.» Ce pays est en train de revenir aux pires heures de son histoire où les Saint-Just, Robespierre et Déat ont prospéré, heureusement que la peine de mort a été abolie.

    Un dernier mot: Marie DURAND SMET qui défend les couleurs de Libr'acteurs au Chesnay, est cataloguée Divers Droite et non pas société civile comme ce devrait être, c'est là qu'est l'apartheid, l'interdiction pour un citoyen engagé de défendre librement ses convictions et de faire entendre une autre voie que celle du système .

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  4. Comme je m'y attendais le billet de Jean-louis déclenche des réactions directes ici et indirectes a ma seule attention.
    Pour bien connaître JL, je sais sa probité intellectuelle et matérielle, et dés lors cette contribution est a regarder avec recul.En tout les excès déclenchent le rejet.
    LIBR'ACTEURS a travaillé sur un nouveau modèle social, qui n'évacue pas la question de la décence des rémunérations et gains.
    L'observation de B MALAGUTI sur le classement du binôme de Marie DURAND SMET sur LE CHESNAY illustre bien comment le système est cadenassé.
    Pour rire, certains ont du entendre madame PECRESSE, sur France Inter ce matin qui s'insurge contre les parachutages ici ou là......ceux qui la croisent pourront lui demander de quelle marque est le parachute qui a déposé Mr Henri GUAINO pour les législatives au.....CHESNAY?

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  5. un petit commentaire sur un sujet intéressant à la veille des élections départementales qui sont après vérification le seul scrutin au monde de ce type : Scrutin majoritaire binominal mixte à deux tours pour designer des conseillers dont les compétences ne sont pas encore votées !!! (Même Poutine il n’y avait pas pensé…)
    La démocratie a touché le fond grâce aux socialistes et les deux crétins qui les dirigent (c’est familier comme dirait Michel ONFRAY…). Donc dimanche, je voterai « Blanc » pour exprimer ma non participation à cette mascarade électorale.
    Il serait souhaitable que demain les votes blancs soient comptabilisés et que s’ils obtiennent le plus de votants à l’issue du 1er tour, que l’élection soit annulée et que tous les partis et candidats présents ne puissent plus se présenter au nouveau scrutin. Cela laissera la place aux « sans étiquette » et surtout à de nouvelles figures locales…

    Mais je sais, je rêve ….

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