vendredi 16 février 2018

SYSTEME DE SANTE:PARLONS FRANC!




La sortie en couple du Premier ministre et de la ministre de la Santé, en ce début de semaine dans un hôpital francilien, les initiatives désordonnées pour des états généraux de la santé, donnent à redouter qu’une nouvelle fois, on mette la poussière sous le tapis.

Il est clair que la santé au sens large n'est pas au rang des priorités d'un gouvernement qui ne semble pas avoir compris qu'il s'agit là du bien le plus précieux de l'individu. La santé et ses principaux déterminants, le logement, l'emploi, l'éducation, la sécurité constituent le cadre d'un modèle social à rebâtir.
Il est temps donc de parler franc et de savoir de qui l'on parle. La santé n'est pas le soin, qui est un des éléments du système, au même titre que l'hôpital n'est qu'un des instruments du système de santé.
La question est donc simple, avons-nous un système de santé, efficace, bien organisé et en phase avec le nouveau siècle ? Quelques marqueurs peuvent permettre de forger le diagnostic, les nouvelles technologies, les réponses à la nouvelle donne démographique et le vieillissement, la réalité des nouvelles pathologies et ALD identifiées, enfin et surtout, le retour sur investissement du denier public investi.
Une telle question va conduire à bousculer des citadelles et à engendrer toute une série de réflexes corporatistes, au niveau de la technostructure sanitaire, au niveau du monde des professionnels de santé et surtout au sein d'acteurs industriels et capitalistiques.
S'agissant des professionnels de santé, où qu'ils exercent, faisons-leur un crédit de bonne foi, de lucidité et de qualité reconnue. En appelant à percer l'abcès, en bousculant des certitudes, il s'agit simplement de faire oeuvre de prévention, prévenir mieux que guérir. Sortons du curatif, des rustines et des gesticulations pour voir comment on peut installer un vrai système de santé qui offre des mesures en amont de la maladie ou de l'accident, avec une prévention comportementale qui ne sera plus cantonnée aux simples vaccins.
C'est ici que la prise en compte des déterminants de santé trouve sa justification, et la définition de l'OMS, son sens. La santé est constituée par tout ce qui concourt à l'équilibre intellectuel et physique de l'individu. Dès lors, un état des lieux s'impose pour poser le bon "diagnostic", en quelque sorte "ausculter" le pays, pour entendre le citoyen dans ses attentes et ses propositions.
Voilà l'objectif de ceux et celles qui regardent les réalités en face, "sans casser les thermomètres". Ainsi peut on dire simplement que l'allongement de la vie qui mérite de nouvelles réponses, est avant tout dû à l'amélioration des conditions de vie. Dès lors, notre système de soin n'est pas fondé à se parer de cet indicateur, pour justifier ses citadelles.
Il reste donc à identifier des mesures pratiques, efficaces et visibles, pour refonder un système de santé en capacité de répondre aux attentes. À ce stade un exemple, un système de santé qui intégrerait un parcours de prévention tout au long de la vie, à partir d'une éducation en santé mise en place dés l'école primaire, serait un signe fort. Ce que nous avons entendu à Eaubonne ce mardi est loin du compte. C'est une refondation profonde et systémique du système de santé qu'il est urgent d'engager. Ainsi, s'il est indéniable que l'hôpital est le maillon fort du système de soins, alors il faut laisser les professionnels de santé être aux manettes. Un hôpital pôle du curatif lourd, de la recherche et de la formation et animateur pivot de toutes les proximités territoriales.
D'autres évidences sont disponibles, il suffit de bien vouloir entendre les acteurs concernés, les citoyens notamment au travers des vraies mutuelles, celles, de plus en plus rares, qui méritent encore un vocable protégé par le code de la mutualité. Ces groupements de personnes en proximité collaborent étroitement avec les professionnels de santé, en faisant de leurs adhérents les vrais contacts, sans qu'il soit besoin de charger les cotisations de frais publicitaires et autres sponsoring qui trouveraient un meilleur emploi dans la prise en charge d'actions préventives.


R HASSELMANN
(publie dans LES ECHOS.fr)