lundi 14 avril 2008

F comme Faim

Tout est dans tout et réciproquement, la révolte des « Ventre creux » face au « Food power » en est une nouvelle illustration.

Dans de précédents billets, (Agriculture ou Agriculturel et Des pommes, des poires ) nous avions alerté sur le rôle et la place de l’agriculture, en regard des enjeux nationaux et internationaux.

La montée en puissance des révoltes d’affamés ici ou là, sont particulièrement inquiétante, et illustrent une nouvelle fois l’obscénité de la course aux profits et l’incompétence globale des gouvernants.

C’est inquiétant, car la famine pousse à l’émigration, et est le terreau premier de tous les terrorismes.

C’est inquiétant car cela veut dire que le blé ou le soja dont les cours flambent sont des valeurs refuges, pour les spéculateurs de tous poils, que rien n’arrête.

C’est inquiétant enfin si l’on revient en arrière, avec la belle PAC (politique agricole commune), et son cortége de quotas, de destruction de surplus et autres mises en jachères de sols fertiles.

A l’heure ou l’on parle de développement durable, pour un oui, ou pour un non, nous pourrions nous poser des questions simples.

Quel est le niveau de production mondiale de céréales à des fins alimentaires nécessaires pour éradiquer les famines, liées au prix ?

Quels sont les choix à faire, après avoir rouvert toutes les terres disponibles.

Si le biocarburant mobilise des espaces au détriment de la céréale alimentaire, il doit être reconsidéré.

Si l’alimentation des cheptels d’embouche, mobilise des espaces fourragers, il faut se poser la question du niveau de consommation de viande.

Vous comprenez pourquoi, LIBR’ACTEURS a parlé des AMAP (Association pour le Maintien d’un Agriculture Paysanne), comme l’un des moyens de récupérer des terres, pour des productions de proximité, économes en frais de transport et de distribution, et éducatives en matière de saisonnalité des fruits et légumes.

S’agissant d’éducation nous allons suivre avec intérêt l’émergence de L’Institut pour le Développement de l’Information Economique et Sociale (IDIES), , qui partage notre ambition pédagogique et éducative, pour avoir un « Débat informé» sur l’économique et le social.


Richard HASSELMANN

Sources et Crédits
Biocarburant
Ministère de l'agriculture
AMAP

mercredi 9 avril 2008

Les Libr'acteurs réagissent

Notre mouvement a été voulu, créé et est animé par des citoyens d’origine et de sensibilités différentes, mais en parfait accord sur notre charte fondatrice. A l’heure ou des mesures économiques et sociales sont de nature à impacter le quotidien des français, il nous a paru opportun de livrer les REACTIONS de certains membres fondateurs - Richard HASSELMANN Président de Libr'acteurs


Réaction par Richard HASSELMANN

Les plus anciens se souviendront de cette formule : "Il importe de s’assurer que des associations sans but lucratif, deviennent lucratives sans but !!"

C’était il y a déjà plus de 20 ans au moment ou l’on essayait de maitriser la dérive des dépenses publiques .Nous avions repéré l’évasion du denier public par le biais de subventions diverses et variées,

Libr'acteurs est cohérent, il y a un fil conducteur a notre position, nos analyses et nos propositions, traduites depuis plus de 2 ans dans nos billets.

Nous enfonçons donc le clou. Si l’on veut vraiment maitriser le déficit du pays, mieux dépenser notre PIB (produit intérieur brut), l’orienter là ou il est le plus utile au plus grand nombre, il faut changer la motivation politique. Il faut qu’un citoyen qui brigue un mandat, soit animé par une conviction et un projet, et mettre fin ainsi a la démarche qui consiste à n’avoir pour seul projet que la conquête du mandat.

Ce projet de gain ou de conservation du mandat, coute cher, en dépenses clientélistes, en saupoudrage de dépenses, en soumission aux lobbies financeurs. A tous les niveaux, de l’Etat a la plus petite collectivité commençons par le commencement ;

Un mandat pour porter un projet et non le projet de gagner un mandat !!


Réaction par Eric CAMPION

Les contrats aidés doivent faire l’objet d’une réforme structurelle actuellement en cours de discussion au sein du Grenelle de l’insertion. Il faut en effet qu’ils soient utilisés dans une logique d’insertion, la baisse du chômage devant résulter de réformes structurelles.

Dans cet état d’esprit, les contrats aidés seront limités aux seules personnes très éloignées de l’emploi, c'est-à-dire aux bénéficiaires de minima sociaux et aux demandeurs d’emploi relevant du « parcours 3 ». Leur renouvellement au-delà d’une durée de un an sera conditionné soit à un parcours d’insertion ou de formation, soit à une situation particulière, en fonction des conclusions du Grenelle de l’insertion.

Quand on sait que les 880 000 associations en France emploient 1 700 000 salariés, soit 907 000 emplois en équivalent temps plein et mobilisent 12 000 000 de bénévoles, soit 800 000 emplois en équivalent temps plein.

Quand d’autre part on connaît le poids financier des associations : Le budget cumulé du secteur associatif est estimé à 48 milliards d’euros, soit 4% du PIB hors apport des bénévoles et mise à disposition de personnel

Quand de plus on sait que l’origine de ces ressources budgétaires est publique à la hauteur de 60%, je ne peux que m’inquiéter de certaines mesures annoncées par le Président Sarkozy

Comment les associations-employeurs vont elles survivre dans ce cadre de contrats aidés limités à un an et renouvelables dans certaines conditions ?

Comment insérer des jeunes étudiants en situation d’échec ou des jeunes diplomés difficilement « employables » ? (faudra t-il attendre qu’ils soient des chômeurs longue durée ?)

Comment une fois de plus l’économie solidaire et sociale va pouvoir agir et jouer son role fondamental d’insertion d’un public précarisé ?


Réaction par Christian LIEBER

Faut-il que Libr’acteurs commente cet épisode aussi prévisible que « misérablement comptable » ? Je ne le pense pas. Car notre mouvement travaille sur un autre horizon. Certes, nous dénonçons depuis longtemps les déficits publics pour ne pas venir contester l’effort indispensable de réduction des effectifs de la fonction publique. Et ce que le privé fait depuis 30 ans, le public peut le faire.

Mais ces décisions sont prises sans perspectives, sans la vision alternative que nous appelons de nos vœux et sans laquelle les efforts demandés, pour autant qu’ils soient justifiés, ont peu de chance d’avoir l’adhésion indispensable. Or les causes de ce manque de légitimité et de crédibilté, nous les connaissons.

C’est ce statu quo dans nos mœurs politiques où les élites sont dispensées de montrer l’exemple et veillent à se reproduire entre elles. C’est bien pour cette raison que nous voulons une limitation draconienne du cumul des mandats dans l’espace et dans le temps accompagnée d’un statut de l’élu, et probablement même du candidat et de l’ancien élu.

Nous pensons également qu’une politique qui s’accommode d’un libéralisme débridé et du fossé qui se creuse entre ceux qui ont trop d’argent et ceux qui en manquent cruellement, d’autant plus cruellement que l’avidité consumériste de l’honnête citoyen est sans cesse exacerbée, que cette politique, par conséquent, finira par l’explosion, la révolte, pour le malheur même de ceux qui l’initient ! Aurions nous oublié les enseignements de l’histoire ?

C’est pourquoi nous pensons que l’ESSOR (économie sociale, solidaire et responsable) est une réponse novatrice pour remettre le plus grand nombre au travail et renouer avec le cercle vertueux d’une consommation mieux partagée qui stimulera la demande.

C’est bien sur ces fondamentaux de l’exemplarité, d’une démocratie régénérée et d’une économie plus solidaire (et probablement plus efficace) que Libr’acteurs doit combattre cet ordre établi qui veille à ce que les vrais problèmes ne soient jamais abordés.


Réaction par Nicolas FROISSARD

"Repenser plutôt que panser"

Le modèle économique actuel est en déclin. Tout le monde le sait. Et pourtant on refuse de repenser et réinventer notre système. On préfère panser. Il nous faut imaginer un nouveau mode de répartition des richesses. La croissance est un mythe voire un leurre. Produire et consommer davantage ne résoudra pas la crise que nous traversons. La croissance peut même aggraver la crise écologique.

La création de richesses est aujourd’hui importante et même suffisante. Elle devrait permettre à chacun de vivre dignement ! Les entreprises françaises ont par exemple réalisé des profits et versé des dividendes records en 2006.

Le problème alors ?

Une répartition inéquitable de cette richesse. Les uns, très peu nombreux s’enrichissent toujours plus (les dividendes versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 ont augmenté de 35% en 2006) et sont lancés dans une course à la surconsommation. Les autres, très nombreux, s’inquiètent de la faiblesse de leur pouvoir d’achat. Beaucoup sont même obligés de lutter pour leur survie (800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde), de plus en plus d’ailleurs au sein de nos pays dits développés.

Il est plus que temps de construire collectivement un nouveau modèle économique et social garant d’une juste répartition des richesses entre actionnaires, clients et salariés.


Le collectif Libr'acteurs vous remercie par avance de votre participation à nos réaction par vos commentaires

Crédit image
Vues du Caire

vendredi 4 avril 2008

Tout faux !

Le lecteur va penser que nous faisons une fixation, mais trop c’est trop, et il faut sans relâche enfoncer le clou !

Les chiffres de l’INSEE sont tombés depuis peu : Le déficit public 2007 est à 2,7% du PIB (50milliards €).

Une nouvelle fois le politique a tout faux et les contorsions des uns et des autres, sont pitoyables, car elles sont autant d’aveux d’impuissance dans le meilleur des cas, mais plus probablement le signe que l’on nous prend pour des "billes".

Il ressort en effet de l’analyse des données que c’est la dépense publique qui croit plus vite que les recettes. En poussant un peu on constate qu’il s’agit de la dépense publique des collectivités territoriales.

Alors là, mon vieux passé de comptable public m’alerte, nous sommes au cœur de la dépense clientéliste et électoraliste. Pour être objectif on pense à des transferts de charges venant de l’Etat, mais alors pourquoi les dépenses des administrations centrales et de la fonction publique d’Etat ne régressent-elles pas ?

Non, nous sommes bien dans la technique dela poudre aux yeux. Que les politiques ne soient plus crédibles c’est déjà fait, mais sur la ; scène européenne c’est désormais la France qui perd son crédit.

Le pire c’est qu’avec la loi de finances pour 2008, nous sommes repartis pour un tour avec un déficit programmé de l’ordre de 40 milliards d’€. Un budget est un acte de prévision et d’autorisation, il est surtout et aussi un instrument de pilotage économique conjoncturel.

LIBR’ACTEURS redit ici avec force qu’il y a un "HIC" !

Il y a en France beaucoup trop de pilotes, trop d’opérateurs qui lèvent l’impôt, la taxe, la cotisation d’un côté et de l’autre trop d’opérateurs, ordonnateurs, qui engagent et ordonnancent les dépenses. Le résultat est une vision brouillée, des responsabilités diluées, des financements redondants et des petits malins qui en tirent profit……politiquement.

Il est temps de rationaliser tout cela sans faiblesse, nous comptons y apporter notre pierre.


Richard HASSELMANN

Sources et crédits
INSEE
copyright image
AFP

lundi 31 mars 2008

L comme Légiférer

Dans un précédent commentaire, nous avons fait référence à Portalis, pour stigmatiser la profusion de la production législative, les lois inutiles étouffent celles qui le sont.

Dans le même temps LIBR’ACTEURS s’attache a régénérer notre démocratie, en rendant le citoyen acteur de son destin, en œuvrant pour le non cumul de certains mandats, en rendant les élus responsables des mandats qu’ils portent et dont ils sont comptables devant la collectivité nationale.

Tous est dans tout et réciproquement, si nous voulons des élus responsables, et notamment les parlementaires nationaux, il faut leur donner les moyens de cette responsabilité.

La préparation de la loi, avec son impact, le vote de celle-ci, et le suivi de son application sont à nos yeux les attributs du mandat confié. Nous avons une longue expérience de la machine administrative et nous avons vu s’enliser dans l’anonymat et l’indifférence générale, des réformes judicieuses, qui avaient un seul tort, elles bousculaient un train-train installé, dans une administration concernée. Alors le décret d’application tarde à sortir, ensuite les arrêtés spécifiques grippent et vous ne voyez jamais, ou de manière très réductrices les circulaires d’application.

Pour l’information de tous, quelques chiffres, tirés de la session parlementaire 2006/2007.

32% des lois votées ont à ce jour les décrets et arrêtés indispensables.

Mieux, s’agissant des lois votées en urgence……..16% de celles-ci ont été suivies de décrets et arrêtés. Vous aviez dit : "Urgence" ?

Nous préconisons une procédure simple :

Toutes les lois sont d’initiatives parlementaires (fin de la distinction projet/proposition).
Un collectif de 50 députés présente la loi, dont l’initiative peut être gouvernementale.
Avant l’inscription de la loi a l’ordre du jour de l’assemblée, son impact global est évalué.

Nous parlons d’impact global, car c’est le détail qui souvent conduit à l’enterrement. Les formulaires à changer, les locaux à déplacer, les compétences à redéployer, ….

Après le vote de la loi et sa promulgation au Journal officiel, le collectif de parlementaires qui l’a fait voté, suit son application .Les différents textes d’application doivent être publiés et diffusés dans les 6 mois. Bien évidemment toutes les lois anciennes et textes réglementaires contraires ou redondants, sont caducs de plein droit.

Ce processus simple évitera à l’administration de reprendre d’une main ce que le parlementaire avait cru donner de l’autre. Sauf erreur ou omission le citoyen ne vote pas pour des directeurs d’administrations centrales ou pour des chefs de bureaux ;

Cette nouvelle donne, en restaurant le pouvoir des députés, limitera également le nombre des lois nouvelles et impliquera les élus dans la lecture des effets directs et induits des mesures votées.


Richard HASSELMANN

vendredi 28 mars 2008

Ministère de la Dignité Humaine

Ils étaient là, tous, médecins, psychologues, juristes, administrateurs, politiciens, philosophes, religieux, pour recevoir au Ministère de la Dignité Humaine, le chantre de l’Euthanasie.

Au préalable il nous raconta un conte japonais ,vous savez, cette vieille femme de 70 ans qui décide un jour de mourir sur les pentes glacées du volcan Narayama pour laisser la place aux petit-fils de sa famille, était ce une mort désirée ?

Le problème de l’euthanasie n’est pas seulement moral mais aussi culturel et social .

Ils l’écoutaient positionner l’Euthanasie en réaction à tout acharnement thérapeutique.

Ils l’écoutaient avec attention définir l’Euthanasie : « tout comportement suivi d’effet dont l’objectif est de provoquer la mort d’une personne pour lui éviter des souffrances vaines : ou plutôt définir les différentes sortes d’Euthanasie

. l’Euthanasie active, on intervient pour provoquer la mort, pour précipiter activement la mort,
. l’Euthanasie passive, on interrompt les soins en cours ou on s’abstient d’en mettre de nouveaux en place, on laisse faire la nature,
. l’Euthanasie volontaire, à la demande du patient informé et compétent,
. l’Euthanasie involontaire, sans consentement du patient ou du tuteur»

Ils l’écoutaient citer une prise de position de l’Eglise : « dans l’imminence d’une mort inévitable, malgré les moyens employés, il est permis en conscience de prendre la décision de renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible »

Ils l’écoutaient s’appuyer sur les prises de position de 3 prix Nobel dont le français F.Jacob « en faveur de l’Euthanasie Humanitaire » pour une mort rapide, sans douleur et considérée comme un bienfait par l’intéressé »

Ils l’écoutaient évoquer la loi Léonetti qui soutient :

Pour tous les malades, y compris ceux qui ne sont pas en fin de vie, l'interdiction de l'obstination déraisonnable. L'objectif est d'autoriser la suspension d'un traitement ou de ne pas l'entreprendre, si ses résultats escomptés sont inopportuns, c'est-à-dire inutiles, disproportionnés. Deux articles - les articles 4 et 5 - concernent précisément le cas du malade qui n'est pas en fin de vie. S'il est conscient, il pourra demander la limitation ou l'interruption de tout traitement. S'il est hors d'état d'exprimer sa volonté, ces traitements pourront être limités ou interrompus après consultation des consignes qu'il aurait pu laisser, de la personne de confiance qu'il aurait pu désigner et de son entourage - famille ou proches -, dans le respect d'une procédure collégiale.

Le texte recherche un équilibre entre les droits du malade et la responsabilité du médecin en prévoyant l'information la plus complète du malade, directement s'il est conscient ou indirectement s'il ne l'est plus. Ce souci se retrouve pour la prescription des médicaments à « double effet » - la morphine, notamment - qui, en même temps qu'ils adoucissent les souffrances, peuvent aussi abréger la vie ; on le retrouve également dans le cas où le malade, conscient, refuse un traitement et met ainsi ses jours en danger, afin qu'il prenne sa décision en parfaite connaissance de cause ; on le retrouve enfin lorsque le malade est précisément en fin de vie et qu'il demande l'interruption des traitements pour maîtriser ses derniers instants.

La proposition de loi recentre, par ailleurs, la responsabilité du médecin : le choix du traitement approprié, avec le consentement de son malade, celui de l'interrompre parfois, dans le respect des procédures prévues dans le texte et celui d'accompagner son patient dans ses derniers instants, grâce aux soins palliatifs appropriés à son état.

Ils l’écoutaient présenter le tourbillon juridique international,

. l’exemple californien avec le testament de vie et la délégation d’autorité à autrui afin d’y exprimer les volontés concernant les derniers moments de la vie :
- Abstention de tout acharnement thérapeutique,
- Utilisation sans réserve de tous les antalgiques,
- Procédure en dernier recours d’Euthanasie Passive.
- Un cadre juridique appliqué en Suisse, au Danemark, dans certaines états des USA, en Australie du Sud.

Ils l’écoutaient lire un passage du code d’éthique médical

« l’assistance des malades dans les états finals »
« Le médecin devrait faire tout son possible afin de garantir une assistance finale humanitaire et de décentes conditions au patient en train de mourir.
- le médecin n’a pas le droit de pratiquer l’euthanasie
- dans les états finals, le médecin n’est pas obligé d’engager ni d’effectuer une réanimation ou une thérapie obstinée ni de recourir à des mesures extraordinaires »

Ils l’écoutaient prôner l’Euthanasie Active et l’aide au suicide. Comme l’ont fait plusieurs états des USA, l’Australie du Nord, les Pays-Bas, et en France les prises de position du Sénateur Pierre Biarnès de l’association pour le droit de mourir dans la dignité.

« la personne mourante doit pouvoir refuser un acharnement thérapeutique ou souhaiter l’administration d’antalgiques qui pourraient hâter son décès et le médecin doit s’y conformer . « Elle peut obtenir une aide active à mourir si elle estime que l’altération effective ou imminente de cette dignité ou de cette qualité de vie la place dans une situation de détresse »

Ils l’écoutaient disserter sur les valeurs de ce qu’est la qualité de vie

- Qu’est-ce que la Qualité de Vie, sinon que la maladie, la vieillesse, la douleur, la dépendance, la déchéance la compromettent un jour si gravement que la mort paraît préférable ;
- Qu’est-ce que la Qualité de Vie, sinon les deux facettes qui lui donnent signification : douleur et dignité cette douleur qui réduit à néant l’intérêt de vivre. Cette douleur qui s’étend aux souffrances morales, le regard porté sur soi-même, sur sa dignité.

Déchéance, perte de vie autonome, perte de son identité sociale, familiale et professionnelle, humiliation pour son corps, Non ! c’est perdre sa dignité. Mieux vaut mourir avant de n’être plus humain. Or être humain c’est être libre. Ni douleur, ni déchéance conditionne l’intérêt de vivre.

Ils l’écoutaient et approuvaient, oui comme le disait Henri Caillavet : « J’ai le droit de fermer moi-même la porte du temps » ou comme le disait Montaigne : « La plus volontaire mort, c'est la plus belle. La vie dépend de la volonté d'autrui, la mort de la nôtre »

Qui peut décider mieux que moi-même de ma propre vie, du droit de la poursuivre ou de l’interrompre. Le droit de mourir pour soi-même, le devoir de vivre pour ses proches, en fait le droit de choisir la solution de la mort librement. Liberté, Autonomie. Mais que faire des patients qui ne sont plus en mesure de manifester leur volonté ? les comateux, les déments …. Là intervient le médecin qui va chercher pour son patient le Meilleur, avec compassion (cum patis – souffrir avec l’autre)

Ils l’écoutaient et réfléchissaient,
Non
- Je ne voudrais pas être un fardeau matériel et moral pour mes proches
- Je ne voudrais pas les gêner, et puis peut-être que je me ficherais complètement des effets de mon acte sur mes proches
Non
- Je refuserai de me soumettre aux stigmates du temps
Non
- Je refuserai de quitter la plénitude de mes moyens, la perfection que j’ai pu atteindre, le bonheur que j’ai pu connaître (Rupture soit par souci soit par indifférence de mes proches) .

Ils étaient convaincus mais ils attendaient….ils attendaient une autre vision, une autre voix.

Elle prit la parole, la dame, au 1er rang, et doucement posa des questions :

- N’est-t-il pas possible de vivre avec la maladie, même avancée ?
- L’extrême vieillesse est-elle si indigne ?
- A partir de quand est-ce intolérable ?
- L’indignité est-elle le propre de la situation ou la projection d’un regard qui dégrade ?
- N’y a t-il pas danger pour les soignants d’éliminer des patients selon des critères tels que le QALY (calcul du nombre d’année de vie pondérée par la qualité de vie, afin d’obtenir le rapport coût/utilité d’une technique médicale) ?
- N’y a t’il pas de réels enjeux social et financier si l’on prend en considération le développement des soins médicaux, l’allongement de la vie, la dépendance et l’assistance médicale lourde qu’elle impose, le fait que 70%des gens en France meurent à l’hopital ?
- N’y a t-il pas danger pour le malade par rapport à la pression d’une famille pour se défaire d’un gêneur, inutile, coûteux, nécessitant des visites quotidiennes, du temps.
- Ne peut-il y avoir abus de pouvoir ? quand un patient murmure « finissons en » est-ce une demande de mort ou est-ce « finissons en avec ma souffrance »
- N’y a t-il pas une distinction énorme à faire entre un patient conscient de son état et un patient inconscient ou non conscient de son état ?

Elle ébranlait notre raisonnement, elle continuait sur le même ton :

- Au principe de la liberté, qui a raison, qui a tord ?
- Liberté professionnelle pour le médecin qui choisit une thérapeutique contre le souhait d’Euthanasie du patient ou de sa famille, chacun est renvoyé à sa propre liberté.
- Faut-il choisir entre une vie réduite au vivant et sans intérêt : acharnement thérapeutique et un meurtre même justifié : euthanasie ?
- Faut-il choisir entre une vie forcée ou une mort forcée ?
- Et s’il était possible de maintenir pour le sujet qui va mourir un réel intérêt de vivre ?
- Ne pouvait-on pas concilier le caractère sacré de l’homme et l’intérêt porté aux besoins de la personne ?

Elle présentait une autre voie, complémentaire, les soins palliatifs qu’elle définissait ainsi :

« les soins palliatifs et l’accompagnant considèrent le malade comme l’être vivant et sa mort comme un processus normal. Ils ne hâtent ni ne retardent le décès. Le but est de présumer la meilleure qualité de vie possible jusqu’à la mort » Ce sont des soins entrepris sur différents plans : médical, psychologique, social, spirituel. Ils vont en premier lieu soulager sa douleur par les analgésiques (l’euthanasie veut supprimer la douleur en supprimant l’homme) Ils vont ensuite créer un lien, malade/équipe soignante « partenaires à égalité d’une relation qui s’instaure dans la réciprocité des consciences » par une écoute, une présence, une discussion, une réponse aux questions posées. Ils vont accorder une place principale au lien malade et son entourage.

Un malade conscient a un certain chemin à faire jusqu’à sa fin, les soins palliatifs montrent alors toute leur valeur. Elle conclut en citant le Comité Directeur de l’Association Européenne des soins palliatifs : « le pouvoir de soulager de la médecine a atteint ses limites quand la prolongation de la vie à tout prix, particulièrement au prix de souffrances intolérables pour le patient, n’est pas ce qu’il faut faire. C’est là qu’intervient le concept éthique de « mort permise » selon lequel tout est fait dans le domaine du possible et du justifiable pour aider le patient à mourir sans douleur et dans la paix »

L’échange (dia) par arguments (logos) fait avancer la réflexion.

C’est ce qu’elle venait de réaliser, cette dame du 1er rang, ce Monsieur au Ministère, l’euthanasie ne dit plus des personnes âgées qu’elles sont indignes de vivre, déchues. Les soins palliatifs savent qu’augmenter les doses d’un sédatif c’est entraîner la mort.

Convergence.

A côté d’une pratique qui ne sait pas où elle va et une pensée à côté de la question il y a des éthiques en situation. L’éthique n’est pas une démonstration infaillible ni un discours de la séduction. Elle est inachevée et toujours remise en cause par un contre exemple. Bachelard constatait que « personne n’est jamais sûr de détenir pour toujours la vérité, nous ne pensons que des vérités approchées, anti-dogmatique la pensée éthique fait au mieux et ne prétend pas atteindre le bien.

Ils étaient là, médecins, psychologues, juristes, politiciens, philosophes, religieux, le chantre de l’Euthanasie, la Dame du 1er rang, ils étaient réunis au Ministère de la Dignité Humaine, et le débat s’annonçait sans fin.

Je suis parti rejoindre mes amis de Libr’acteurs , il y avait café croissant ce matin là, et ma pensée allait bon train. L’Euthanasie et les soins palliatifs sont tournés vers l’homme présent, s’alimentent à la source d’un homme toujours là placé au centre des valeurs. Dans les « arts de mourir modernes » il est surtout question de bien vivre une dernière fois en s’arrêtant avant une mort indigne soit en tirant le meilleur parti possible d’une vie toujours là.

Deux humanismes :

Un humanisme sans transcendance, fondé sur l’homme. Si être bien est le sens même de la vie , le mal qui survient, devient un sens insupportable , il n’y a qu’à supprimer ce sens, c’est-à-dire la vie. « la pensée agnostique (déclare Henri Caillavet) n’entend faire sienne aucune métaphysique (aucune religion ni foi) a pour finalité l’homme, pour principe la liberté et pour instrument la raison.

Sur la question de l’Euthanasie, par la pensée agnostique, elle peut apparaître comme le degré ultime de la liberté. Il faut savoir repéré le moment ou la vie nous dira qu’elle ne nous retient plus.

L’homme a un pouvoir sur lui même, il choisit sa vie, choisit l’heure de sa mort en son for intérieur et sa dignité sera celle du refus de la dépendance, de la déchéance, de la souffrance.
L’homme est roi et le roi est seul. Un humanisme transcendant, dépassant le statut d’être simplement vivant et libre pour recueillir une dimension supérieure

La tentation de la foi, le secours de Dieu

l’homme ne se conçoit pas comme circonscrit en lui-même mais porté par Dieu et les Hommes qui en lui reconnaissent la marque de Dieu.

L’à côté de la foi

Il peut aussi chercher en l’homme une source de réconfort. Le regard d’autrui de Lévinas qui disait : « La vie est sacrée, soulager autrui qui souffre est de l’ordre du sacrement, j’appelle sainteté la perspective éthique elle même, la possibilité même que la mort compte pour moi »

L’équipe de soins, la famille, les proches, une chaîne, pour accompagner …La chaleur, le lien, la fusion s’y expriment, c’est la main que l’on tend, la main que l’on serre.

Jankelevitch disait que « le néant, l’ouverture sur le rien est l’absence de tout événement que constitue la mort générant d’intarissables et dérisoires discours pour combler le vide. Il ajoutait que la conscience de notre mortalité donne à la vie un prix inestimable car l’heure de la mort est incertaine et sa venue certaine »

En conclusion : Il est bien trop tôt pour conclure…..


Eric CAMPION

Illustration et copyright
"L’Etre et le Néant" de Julien Friedler

jeudi 27 mars 2008

S comme Santé

Sur ce thème que nous connaissons bien et qui est central à nos yeux, nous avons déjà commis 4 billets.

Le 22 mars 2007 « Santé le préalable absolu», le 18 juillet « Bouclier ou parapluie» , le 15 octobre avec « Santé quand tu nous tiens» nous revenions à la charge avec ces mots : « La santé est le bien le plus noble de l’individu.. ».

Le
rapport de la Commission pour la libération de la croissance française plus communément appelé rapport ATTALI , nous a conduit a une nouvelle sortie sous le titre « S comme Solidarité» le 11 février dernier.

Nouveau coup de projecteur, car il y a urgence et cela risque de mal finir. A nos yeux cela confine à non assistance à personne en danger !

Tous ceux et celles qui nous font l’amitié et l’honneur de nous lire, doivent relayer les simples évidences qui suivent et que le pouvoir en place, comme ces prédécesseurs se refuse à admettre, aveuglé par des lobbies et rassuré par un confort de classe. La santé ne se discute pas, la santé ne se marchande pas, elle est un bien noble, et sans elle les activités humaines sont amoindries ou impossibles ;

Je peux prendre un langage plus technocratique, la santé est ce qu’on appelle « une valeur supérieure » en économie, il faut refuser de la mesurer, car son exigence de dépense progresse plus vite que les revenus disponibles.

Vous comprendrez pourquoi nous pensons, que le rapport ATTALI (en ce qui concerne son volet santé ) et que le Gouvernement font une erreur majeure en essayant de restreindre la qualité et l’offre de soins. Cette politique débouche sur des retards, face à l’inéluctable. C’est reculer pour mieux sauter, alors qu’a bien y regarder ce secteur, recèle une large potentialité en terme de croissance.

Pour la santé du plus grand nombre, il ne faut pas « mégoter », car au plan politique c’est sans risque. Nous sommes sur un terrain de vaste consensus, ou l’on peut faire œuvre de toutes les solidarités, sociales, ethniques et intergénérationnelles.

Cela ne veut pas dire, faire tout et n’importe quoi, et laisser filer les cordons, en ne jugulant pas les dépenses de modes ou de confort, en ne revisitant pas les coûts administratifs de gestion ou en ne pourchassant pas les fraudes aux dispositifs sociaux. Mais cela veut dire a contrario, qu’en lieu et place des franchises qui pénalisent les malades et les plus démunis, il serait plus sérieux de réorienter une part plus importante du PIB sur ce secteur, quitte à diminuer l’injection des deniers publics dans d’autres domaines, largement moins prioritaires.

Ce serait d’autant plus judicieux, que l’accroissement de moyens ici, se traduirait immédiatement par un effet direct sur la valeur ajoutée, création d’emploi, de services et d’innovations. Au fait il n’aura échappé a personne que la vie s’allonge et que nous avons de plus en plus de grands seniors, dont la santé est exigeante. La boucle est bouclée !!!


Richard HASSELMANN

Sources et Crédits
La documentation française

mardi 25 mars 2008

Comme un lapin dans les phares

L’affolement général qui monte à la suite des menaces de faillite financière généralisée, me fait penser au lapin tétanisé par les phares d'une automobile et incapable de réfléchir ou de bouger

Tout est paralysé, tout est suspect, aucun papier n’a de valeur, et l’on entend ici ou là redorer le blason, de l’étalon Or, de la pierre, et bien sur du matelas sous le matelas. Même la sacrosainte assurance vie, et ses supports financiers est montrée du doigt.

Accablant car il y a longtemps qu’avec d’autres nous avions tiré la sonnette d’alarme.

A laisser des apprentis sorciers jouer avec des montages financiers hermétiques, après avoir donné les clés de nos institution a des technocrates administratifs issus des mêmes écoles, il est un moment ou ne sait plus qui est qui.

Comment en est on arrivé là ?

Simplement en laissant le lobby, du capitalisme financier mondialisé tisser sa toile, dans l’ombre, en influant sur différentes normes internationales, et en infiltrant les principales agences de notation.

Sans vouloir faire trop technique sachez simplement, entre autre que les nouvelles normes comptables internationales (IFRS) portées par la culture anglo-saxonne et fignolées par les 4 grands cabinets financiers et comptables mondiaux (BIG FOUR), laissent la porte ouverte a l’a peu prés. Le "FAIR VALUE", le "BEST ESTIMATE" et pourquoi pas le "DOIGT MOUILLE", pour estimer la valeur des entreprises .

Vous parliez de sincérité des bilans, vous parliez de coût historique, vous datiez et étiez un empêcheur de "brouiller en rond". Désormais, vous pouvez afficher des fonds propres qui rassurent, constitués par des……EMPRUNTS !

Vous comprendrez pourquoi LIBR’ACTEURS reviendra sur tous ces montages folkloriques, "LBO" ou "LMBO", avec dette sénior ou dette mezzanine, sur les soit disant effet de levier.

On est sorti des clous, on a ouvert la boîte a pandores, il faut revenir a un capitalisme de bon sens, ou l’on comptabilise ce qui vraiment fait l’objet d’une entrée ou d’une sortie, ou l’on ne laisse pas aux banques et opérateurs financiers le droit d’être juges et parties, où l’on ne vend pas des entreprises entières a des individus ou des fonds, incapables de mettre sur la table le prix de ce qu’il souhaitent acquérir.

Nous allons revenir a ce capitalisme de proximité, respectueux du travail et du projet d’entreprise, qui aura une juste notion de la rémunération qu’il peu attendre. Ce capitalisme qui anime les "Business Angels" et qui est celui dont a besoin une économie sociale innovante.


Richard HASSELMANN

Crédit et sources
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Wikipedia
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