mercredi 30 avril 2008

OGM : pour quoi faire ?

En adoptant un projet de loi qui vise à « clarifier les conditions de mise en culture des OGM et leur coexistence avec les autres productions », nos parlementaires éludent complètement la question du sens. Or, pour moi, cette question est essentielle. Comme sur d'autres sujets, on engage des discussions et des lois sur des moyens avant même d'avoir débattu des finalités, de s'être fixé un cap, un objectif de développement humain sur 10, 15 ou 20 ans. C'est mettre la charrue avant les boeufs...

Alors, je pose la question : à l'heure où de nombreux pays sont touchés par une crise alimentaire grave, provoquant émeutes, mort, maladie et régression sociale (acculés par la pauvreté, de nombreux parents contraignent leurs enfants de ne plus se rendre à l'école pour travailler à leurs côtés), les OGM sont-ils, oui ou non, une solution au problème de la faim et une réponse à l'immense défi posé par l'explosion démographique planétaire ?

A quoi et à qui servent-ils ?

Je ne vais pas y répondre. Je souhaite simplement lancer le débat, le premier qui, à mes yeux, aurait dû avoir lieu. Je ne répondrai pas à la question posée, mais je voudrais la compléter de quelques points de repère : 70% de ceux qui souffrent de la faim dans le monde vivent en milieu rural. C'est l'agriculture familiale à petite échelle qui fait vivre la moitié de la population mondiale. Aujourd'hui, les petites exploitations agricoles subissent de plein fouet la concurrence des grands producteurs industrialisés, ayant un niveau de rendement sans commune mesure, et bénéficiant de subventions. Bon nombre de petits agriculteurs n'arrivent plus eux-mêmes à vivre de leur exploitation et fuient vers les bidons-villes...

J'ai cru comprendre qu'un des intérêts des OGM est d'améliorer le rendement des cultures intensives. C'est peut-être inexact ou incomplet. Je pose en tout cas les questions suivantes : les OGM concernent-ils vraiment les petits producteurs des pays en développement ? Si oui, ces derniers ne deviendraient-ils pas dépendants de nouveaux fournisseurs et d'un nouveau « business model » les obligeant à acheter des semences entières à chaque saison nouvelle, ne pouvant utiliser les semences de la récolte précédente ?

Devraient-ils utiliser de nouveaux pesticides ?

C'est d'abord et avant tout la pauvreté qui fait souffrir de faim 850 millions de personnes et de malnutrition 2 milliards de personnes. Alors comment faire pour les aider à sortir de la misère ? Pour favoriser le développement des pays pauvres, et notamment l'essor de leurs filières agricoles ? Pour leur garantir une souveraineté et une sécurité alimentaires ?

Les OGM sont-ils une réponse ?

D'autre part, nos modes de consommation et les problèmes énergétiques et environnementaux contribuent à réduire les réserves alimentaires mondiales (au plus bas depuis 25 ans selon la FAO), provoquant une hausse des prix des denrées alimentaires et, in fine, un appauvrissement plus fort encore des populations. Par exemple, une consommation accrue de viande, tant par nos habitudes alimentaires que par l'émergence de classes moyennes en Chine et en Inde, génère davantage de besoins en céréales. Un recours irraisonné aux agrocarburants s'est fortement développé pour faire face à la montée des prix du pétrole. Les changements climatiques multiplient les risques d'innondation ou de sécheresse.

Là aussi, les OGM sont-ils une solution à ces problèmes de fond ?

Lorsque nous aurons suffisamment avancé sur la question du sens et de la finalité des OGM au regard de ces grands enjeux, nous pourrons alors débattre de leurs effets induits sur notre santé : la recherche scientifique a-t-elle acquis suffisamment de connaissances à ce sujet, permettant d'en envisager la culture et la commercialisation ?

Et puis, une fois cette dernière question traitée, nous pourrons aborder les questions de libre concurrence et de libre consommation : de quels moyens fiables dispose-t-on aujourd'hui en termes de traçabilité et « d'étanchéité » pour garantir le libre choix de produire et de consommer des aliments OGM ou « non-OGM » ? Même si l'homme parvient à définir et repérer la frontière entre un champ OGM et « non-OGM », comment expliquera-t-on cette frontière aux abeilles ?

Cela fait beaucoup de questions...!

Certaines peuvent paraître naïves, d'autres plus profondes. Je crois que, pour être acteurs de notre destin, nous ne devons pas seulement lire ou nous informer. Nous devons aussi prendre du recul et nous poser certaines questions. Se détacher un moment de la course folle et aveugle dans laquelle on nous entraine apporte une bouffée d'oxygène. Alors prenons un instant ce bol d'air ensemble. Faites part de vos pensées et remarques sur le sujet. Partagez vos lectures et connaissances acquises. Posez de nouvelles questions !

Susciter le débat, l'éveil, l'échange : c'est aussi cela Libr'acteurs !


Lionel LACASSAGNE

Sources et bibliographie

Le Sénat : PROJET DE LOI RELATIF AUX ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS
Assemblée Nationale : PROJET DE LOI MODIFIÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE EN PREMIÈRE LECTURE, relatif aux organismes génétiquement modifiés.
Amendement 252 (André CHASSAIGNE)
Appel du comité 252

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Max Havelaar
FAO

lundi 28 avril 2008

"BONSOIR"

Ce simple titre pour donner un sentiment d'égards, omis par le Président de la République vis a vis de 12 millions de téléspectateurs et de journalistes "faire valoir" !

Il aura sans doute échappé a beaucoup que Nicolas SARKOZY a fait l'économie de cette simple petite marque de politesse, lors de son allocation télévisée de jeudi.

Nous n'irons pas plus avant s'agissant de la forme, bien que ce "pas de clerc" soit significatif.

Le fonds est autrement plus préoccupant, nous en avons tiré a chaud, et désormais a froid,un sentiment de profonde compassion ou de commisération pour un homme qui, de toute évidence, NE SAIT PLUS A QUELS SAINTS SE VOUER !!

Depuis le début de l'ascension de l'hôte de l'Elysée, pour avoir suivi depuis très longtemps sa trajectoire personnelle et son appétence pour le pouvoir, nous ne figurons pas au rang de ses hagiographes .Le visiteur internaute curieux relira différents billets commis sur PROVIDENTIELLE ou LIBR'ACTEURS. Nous disions depuis et redisions, en substance, que nul ne pourra dire qu'il ne savait pas !

Le Président est tel qu'en lui même, sans fards, assumant avec habileté des responsabilités vénielles de façades, pour mieux se défausser sur la conjoncture ou d'autres, de faiblesses de fonds.

Il reste qu'a nos yeux les vrais responsables sont les acteurs politiques de tous bords qui depuis des années se complaisent dans une démocratie de compromis et d'alternance convenue, avec la bienveillante connivence de syndicats dits....représentatifs !

L'avenir est ailleurs, sûrement pas dans la rue avec des lycéens manipulés par la frange la plus inepte de notre fonction publique, mais dans cette autre dimension de pensées et de propositions tissée par l'associatif politico-sociétal.

LIBR'ACTEURS entend être un acteur majeur de cette autre manière de bâtir une démocratie où la jeune génération, informée et responsabilisée, viendra aux affaires, avec au coeur et aux tripes un nouveau référentiel de valeurs.

Vaste ambition me direz vous!

Sans doute mais cela vaut la peine d'essayer en ce 21eme siècle qui débute.

Richard HASSELMANN

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Salvador DALI

mercredi 23 avril 2008

Sondages, sons d’agés

Voilà en quelque sorte Nicolas Sarkozy « victime » de ce que nous cessons de dénoncer : la tyrannie des médias, des sondages et de la fausse démocratie.

Le voilà pris à l’un des pièges de son « système ». Après l’euphorie de 2007, la déprime de 2008.


Ce qui nous étonne, c’est la naïveté de ceux qui ont pu y croire et de ceux qui peuvent encore aujourd’hui penser que c’eut été différent avec Ségolène Royal.

Nous ne nous réjouissons pas de cet avatar inéluctable, même si nous ne cessons de dénoncer ce système depuis des années. Nous voulons simplement une nouvelle fois dire à nos concitoyens : « ouvrez les yeux ».

Dans un système gouverné par la course au pouvoir et à l’argent, celui de la loi des plus forts, où le toujours plus ne fait pas le bonheur, un système qui veille à endormir l’expression de ceux, toujours plus nombreux, qui s’y sentent mal, d’autant plus mal qu’ils ne voient pas le bout du tunnel, nous voilà, comme en mai 1968, dans une situation où, à force d’être sourds à l’évolution des esprits et des humeurs, c’est la rue qui explose. Pour le meilleur, mais aussi ... pour le pire.

Comme en mai 1968, faute d’avoir su anticiper, attendons nous à une explosion sans but et anarchique, à un cri du cœur désordonné et révolté, celui du refus et du « ça suffit ». Et si nous ne redoutons pas les turbulences, nous voudrions éviter la violence.

C’est pourtant ce que nous craignons. Alors que nous souhaitons que cette énergie qui sera alors mobilisée puisse s’adosser à une Vision, à un Projet qui soit autre chose qu’un « travailler plus pour gagner plus » ou encore qu’un « ordre juste ».

Nous pensons que nous sommes à la fin d’un monde que l’oligarchie "médiatico-politico-financière" voudrait nous faire passer pour la fin du monde avec ... la large complicité de ses « victimes », de ses serfs des temps modernes, pauvres ou riches.

Nous vibrons, oui nous vibrons, de nous faire entendre de nos concitoyens : nous ne ferons pas l’économie d’une approche environnementale, planétaire, économe, solidaire autant que responsable, de l’invention aussi d’une forme de simplicité, d’authenticité et de vigueur du lien social. Bref tout un état d’esprit qui s’accommode mal des ruptures turbulentes mais sans véritable lendemain constructif.

Oui, nous vibrons car nous espérons que nous saurons lâcher prise collectivement pour embrasser le Projet, nécessairement collectif lui aussi, qui peut nous entraîner dans une passionnante aventure.


Christian LIEBER

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DELIGNE

lundi 21 avril 2008

Déficit public : dérives et irresponsabilités

Retour vers le réel

L'avantage avec les finances, c'est qu'on ne peut pas tricher. Nul artifice possible comme la non-prise en compte des seniors que l'on « dispense » de recherche d'emploi dans le calcul du taux de chômage, ou comme la non-prise en compte des plaintes déposées après 6h00 le 1er janvier pour évaluer le nombre de voitures brûlées la nuit de la Saint-Sylvestre.

Non, avec les finances, les chiffres sont là, ne laissant pas d'autre choix à ceux qui manient la langue de bois en période d'élaboration de budget que d'admettre certaines réalités. Le rideau de fumée des promesses et des beaux discours des campagnes électorales se lève.

L'ensemble des Français, qu'ils aient été clairvoyants ou trompés, constatent amèrement les dégâts : l'INSEE a confirmé, le 28 mars, que le déficit public de la France s'élevait pour 2007 à 50,3 milliards d'euros. Cela représente 2,7% du PIB, alors que le Président Sarkozy s'était engagé en juillet dernier sur 2,4% auprès de nos partenaires européens. Notre crédibilité n'est pas seulement écornée auprès de ces derniers : elle l'est aussi auprès de nos créanciers. Nul doute que les investisseurs institutionnels ne manqueront pas de relever leur taux d'intérêt à notre égard, jugeant notre pays moins fiable que d'autres pays européens, avec lesquels ils pratiqueront des taux plus bas. Cela signifiera alors une diminution de notre pouvoir d'achat et de notre protection sociale...

La Révision générale des politiques publiques (RGPP) : De la poudre aux yeux !

Le 4 avril, Eric Woerth, le Ministre du Budget, a présenté les mesures décidées par le Conseil de modernisation des politiques publiques. Nicolas Sarkozy a annoncé qu'elles devraient permettre de réaliser 7 milliards d'euros d'économies d'ici 2011. Je ne sais pas si un éventuel durcissement des conditions de crédit envers notre pays a été pris en compte dans cette estimation. Ce que je sais en revanche, c'est qu'il n'est pas nécessaire de lire les 174 pages du rapport de cette RGPP pour comprendre que, en dépit de nos engagements clamés haut et fort, et malgré l'extrême nécessité d'y parvenir, nous n'équilibrerons pas nos comptes en 2012.

Les 50,3 milliards d'euros de déficit public de l'année 2007 s'ajouteront à nos 1200 milliards de dette et devraient générer environ 2 milliards d'intérêts annuels supplémentaires (sur la base d'un taux d'intérêt à 4%). L'Etat continue de dépenser chaque année 20% de plus que ce qu'ils gagne, et les dépenses des collectivités locales continuent d'exploser. Ces 7 milliards d'euros d'économies sur 3 ans serviront à peine à réduire le déficit !

Et encore, le rapport de la RGPP n'indique pas de manière précise les économies attendues de chaque réforme, et donc comment ces 7 milliards d'euros d'économie globale sont calculés. En se targuant de viser un gain de productivité de l'appareil de l'Etat compris entre 4 et 5%, le Président de la République oublie que les gains de productivité nécessaires pour rétablir l'équilibre de nos finances publiques seraient plutôt de l'ordre de 20%. C'est d'ailleurs ce qu'ont réalisé les pays scandinaves et le Canada... que le rapport de la RGPP cite précisément en exemple !

Des efforts à sens unique

Pour relever de tels défis et engager une telle... rupture, nos dirigeants n'ont d'autres choix que de montrer l'exemple. Sur un bateau, le commandant affronte les mêmes tempêtes que son équipage. Il partage avec lui les bons moments comme les difficiles.

Ce n'est malheureusement pas la ligne de conduite de notre Président qui, reniant sa promesse électorale, n'a pas instauré de gouvernement « resserré », bien au contraire. Tandis qu'il s'est accordé une confortable augmentation de salaire avant même d'obtenir le moindre résultat (vous avez dit « salaire au mérite » ?), sa Ministre de la Justice défraye la chronique avec ses frais de représentation, et son ancien Secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Christian Estrosi, n'a pas trouvé plus économique qu'un avion privé loué à 138000 euros pour participer à un « pot » à l'Elysée en janvier dernier.

Dans ce contexte, les discours moralisateurs que l'on commence à entendre, et les efforts conséquents qui sont en train d'être demandés aux Français pour se soigner ou pour faire vivre une famille nombreuse frisent l'indécence.

Avant de réduire l'accès aux biens et services de première nécessité aux Français, nos dirigeants feraient mieux, non seulement de s'appliquer à eux-même les efforts qu'ils imposent, mais aussi d'assurer un suivi rigoureux de l'efficacité des dépenses publiques. Par exemple, avant que l'Etat dote les collectivités locales de 69 milliards d'euros annuels, j'aimerais que l'on s'assure que deux structures d'échelon différent ne puissent pas dépenser l'argent public pour un même domaine de compétences, et que les transferts de compétences de l'Etat vers les collectivités terriritoriales et des communes vers les structures intercommunales s'accompagnent, soit de transferts de personnels, soit de diminution d'effectifs dans les structures concernées.

De même, avant que l'Etat dépense de nouveau 65 milliards d'euros d'aides annuelles aux entreprises, j'aimerais connaître l'usage précis qui en a été fait l'année précédente, et savoir pourquoi seulement 3% de ces aides sont consacrées à la recherche et 9% aux PME.

Un Parlement absent

Certes, les moyens dont disposent nos parlementaires pour effectuer leur mission de contrôle des dépenses publiques sont très limités, pour ne pas dire quasi-nuls. Mais ils portent l'entière responsabilité du vote du budget de l'Etat. Ce sont bien nos députés qui, chaque année depuis 34 ans, acceptent de voter un budget en déficit, conduisant à nos 1200 milliards d'euros de dette et nos 40 milliards d'euros annuels d'intérêts. Si nous n'avions pas ces intérêts à payer, nous pourrions financer la création de 120 crèches par jour, ou la construction de 60000 m2 de logements sociaux par jour...

Cette année encore, ils ont accepté le déficit du budget de l'Etat de 41,7 milliards d'euros que notre Président et notre Gouvernement « de rupture » ont osé leur présenter. Rien, absolument rien ne les y oblige. Sauf peut-être l'attente d'une investiture pour l'élection du moment (municipale, cantonale, européenne, régionale... : à vous de choisir !), ou la conduite à tenir pour se faire ré-élire (en France, les députés ont en moyenne 20 ans d'ancienneté dans les mandats) ?

Lien entre cumul des mandats et déficit public

Nous y voilà... Le cumul de mandats nationaux et exécutifs locaux constitue selon moi un véritable frein à la VRAIE Réforme de l'Etat dont notre pays a besoin, tant pour améliorer la qualité et l'efficacité des services publics que pour rétablir l'équilibre des finances publiques de fonctionnement. Il n'est pas surprenant que nos députés actuels, dont 90% cumulent plusieurs mandats, se montrent peu enclins à réduire le nombre de strates administratives. Et je ne parle pas des Ministres : la plupart d'entre eux se présentent aux élections législatives, municipales et cantonales alors même qu'ils sont en fonction ... !

Je considère que le temps et l'attention qui ne sont pas consacrés à l'exercice d'un mandat de Maire ou de député comme ils le devraient constituent un coût pour la collectivité. Le manque de sérieux ou de suivi accordé à un dossier, à une équipe, à un ... budget, se traduit fatalement par des erreurs, des approximations, voire de l'immobilisme qui grèvent peu à peu le déficit public.

Est-il normal que les élections municipales et cantonales de 2008 aient occasionné une « trêve parlementaire » de 6 semaines ?

Qu'elles soient conscientes ou non, les dérives et irresponsabilités qui ont généré notre déficit public sont issues d'un fonctionnement et d'une situation particulièrement complexes. Pour moi, réforme de l'Etat et non-cumul des mandats sont étroitement liés. L'un ne se fera pas sans l'autre. Ils devront être engagés simultanément. Et le problème du cumul des mandats ne peut être traité sans l'instauration d'un véritable statut de l'élu (et même d'un statut du candidat)

Libr'acteurs s'y attèle, et fera part de ses travaux le moment venu.


Lionel LACASSAGNE

Crédits, sources et copyrights
L'Express
La Tribune
Direction Générale des collectivités locales
Ministère du Travail
INSEE
Politique.net

jeudi 17 avril 2008

Voir plus loin que … le bout de ses lunettes

Cet espace vous l’aurez remarqué, s’efforce à la pédagogie.

Permettez dès lors à une spécialiste d’être contributeur sur un thème qui défraie la chronique : Le petit bout de la lorgnette ou … voir plus loin que le bout de ses lunettes.

Les lunettes ne seront plus remboursées. Tollé général, tout le monde s’époumone et crie au scandale, comme si cette nouvelle n’était pas prévisible.

Elle était sous-entendue depuis quelques temps et je ne peux pas imaginer que nos responsables –politiques – médias – économistes ou présidents de Mutuelle – ne l’aient pas vue venir…

Il faut réduire les dépenses de la Sécurité Sociale afin d’arriver à un équilibre et par là-même réduire notre déficit national et pour y arriver, il n’y a que deux options possibles, soit on augmente les recettes, soit on diminue les dépenses…

Augmenter les recettes par de nouveaux impôts ou par relèvement des taux est impensable en cette période, alors diminuons les dépenses. Commençons par celle qui, déjà peu remboursée, n’aura que peu d’impact sur les dépenses maladie, donc peu de répercussions auprès des assurés : Les lunettes. Mais ce n’est qu’une étape.

D’ailleurs les lunettes sont-elles liées à une maladie, au même titre qu’un glaucome ? Si nous réfléchissons, d’autres actes dits médicaux sont plus liés au confort ou à l’esthétique qu’à une affection.

Je pense particulièrement à l’orthodontie, aux prothèses dentaires en céramiques, aux appareils auditifs, mais dans le même esprit, pourquoi continue-t-on à garantir les accidents liés aux loisirs ?

Lorsqu’on peut se payer une semaine de sport d’hiver, on devrait pouvoir se payer une semaine d’assurance temporaire.

Pour sauver une sécurité sociale qui nous est chère, équilibrons ses comptes financiers en privilégiant les soins relevant de la vraie maladie.

Par ailleurs évitons de dire tout et son contraire, ici on annonce que les assureurs santé ont reconstitué leur marge (Les Echos du 14/04 ) Là on craint une envolée des cotisations (Le Quotidien des médecins)

Enfin, quand le ministre dit « blanc », La Mutualité Française dit « noir » (JDD) Or sans les Mutuelles (55 % des Régimes complémentaires) toute gesticulation est vaine.

A vrai dire, le débat sur l’avenir de notre système de santé mérite mieux


A. CERDO

mercredi 16 avril 2008

Citoyens libres et consomm’acteurs

Redoutons les tremblements financiers de la planète, annonciateurs peut-être de convulsions dangereuses tant elles peuvent nuire aux circuits économiques et déboucher sur la violence. La question est essentielle et Libr’acteurs est là pour tirer la sonnette d’alarme, pour dénoncer ces mécanismes pernicieux du commerce de l’argent, de l’économie financiarisée à outrance.

Je veux d’ailleurs adjoindre la question de la publicité qui en est la fille naturelle et tout aussi insidieuse. Certes, nous nous sommes tellement habitués à ce qu’elle soit partout que ma question paraitra incongrue à beaucoup de gens. D’autant plus que, à défaut de proposer une solution, cette question éducative autant que politique conduit forcément à des conclusions aussi extrémistes qu’inacceptables.

Pourtant, et surtout si l’on regarde l’évolution sur quelques décennies, nous devons affirmer que la publicité est l’instrument d’aliénation au service, à la solde, du capitalisme libéral.

Malheur à ceux qui auraient le courage ou l’indépendance de sortir de la norme que nous imposent les marques ! D’ailleurs, individuellement, avons-nous un comportement suffisamment exemplaire ?

Comment un jeune, enfant, adolescent, ou moins jeune, grand ou éternel adolescent peut-il s’en affranchir face à la pression du groupe d’appartenance ? Et adulte du poids social ?

Comment ne pas faire le lien entre publicité et excitation de toute nature qui rend les individus de plus en plus insatisfaits alors même que notre société, dans sa globalité certes, n’a jamais été aussi riche ? A l’évidence nous sommes dans une problématique d’addiction, de dépendance, à des degrés variables selon les individus.

Au rebours des discours convenus et surtout comptables, je pense que le problème est double :

1) Les uns ne savent plus quoi faire de leur argent pendant qu’un nombre croissant d’individus s’enfoncent dans la précarité et le besoin.
2) Mais le seul rééquilibrage comptable, au demeurant nécessaire, n’est pas la solution. Un plus « éducatif et culturel », une « contre publicité » est indispensable. Une alternative, une résistance passive au consumérisme reste à inventer.

Ne faut-il pas, dès lors, explorer la piste du « local », dans nos campagnes, dans nos quartiers et dans nos cités ?

Ne faut-il pas tout faire pour stimuler beaucoup plus le lien social, la vie associative et l’engagement bénévole, le plaisir du projet ?

Au plan politique, cela voudrait dire nous donner les moyens de mettre la machine en route : moyens en locaux conçus à cet effet, animateurs spécialisés, charte qui annonce la couleur, régime fiscal des associations et règles de leur subventionnement…

Les nouvelles équipes municipales ne devraient-elles pas y penser ?

Je suis assez enclin à un certain optimisme malgré tout. Car beaucoup de gens ont ce besoin, conscient ou sommeillant, mais sont « bâillonnés » par le collectivement convenu. Les associations sont nombreuses et nous pouvons communiquer aujourd’hui plus aisément.

En ce sens, Libr’acteurs peut contribuer à cette prise de conscience de ce qui pourrait devenir un jour un contre pouvoir associatif, celui des « consomm’acteurs » dont les politiques devront bien, pour leur survie dans leur job, finir par tenir compte.


Christian LIEBER

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REMIAN

lundi 14 avril 2008

F comme Faim

Tout est dans tout et réciproquement, la révolte des « Ventre creux » face au « Food power » en est une nouvelle illustration.

Dans de précédents billets, (Agriculture ou Agriculturel et Des pommes, des poires ) nous avions alerté sur le rôle et la place de l’agriculture, en regard des enjeux nationaux et internationaux.

La montée en puissance des révoltes d’affamés ici ou là, sont particulièrement inquiétante, et illustrent une nouvelle fois l’obscénité de la course aux profits et l’incompétence globale des gouvernants.

C’est inquiétant, car la famine pousse à l’émigration, et est le terreau premier de tous les terrorismes.

C’est inquiétant car cela veut dire que le blé ou le soja dont les cours flambent sont des valeurs refuges, pour les spéculateurs de tous poils, que rien n’arrête.

C’est inquiétant enfin si l’on revient en arrière, avec la belle PAC (politique agricole commune), et son cortége de quotas, de destruction de surplus et autres mises en jachères de sols fertiles.

A l’heure ou l’on parle de développement durable, pour un oui, ou pour un non, nous pourrions nous poser des questions simples.

Quel est le niveau de production mondiale de céréales à des fins alimentaires nécessaires pour éradiquer les famines, liées au prix ?

Quels sont les choix à faire, après avoir rouvert toutes les terres disponibles.

Si le biocarburant mobilise des espaces au détriment de la céréale alimentaire, il doit être reconsidéré.

Si l’alimentation des cheptels d’embouche, mobilise des espaces fourragers, il faut se poser la question du niveau de consommation de viande.

Vous comprenez pourquoi, LIBR’ACTEURS a parlé des AMAP (Association pour le Maintien d’un Agriculture Paysanne), comme l’un des moyens de récupérer des terres, pour des productions de proximité, économes en frais de transport et de distribution, et éducatives en matière de saisonnalité des fruits et légumes.

S’agissant d’éducation nous allons suivre avec intérêt l’émergence de L’Institut pour le Développement de l’Information Economique et Sociale (IDIES), , qui partage notre ambition pédagogique et éducative, pour avoir un « Débat informé» sur l’économique et le social.


Richard HASSELMANN

Sources et Crédits
Biocarburant
Ministère de l'agriculture
AMAP