jeudi 8 mai 2008

Vous avez dit "des ... informations" ?

Dès la création de Providentielle 2007 le blog qui a précédé celui des Libr'acteurs, nous avions attiré l'attention des français sur les possibilités de dérives en ce qui concerne la libre expression des citoyens et des media.

Qu'avons nous entendu et découvert le 7 mai

"Le chef de l'Etat a accusé les médias de ne pas avoir assez relayé la condamnation de Ségolène Royal pour refus de paiement de ses anciennes collaboratrices. La cour d'appel de Rennes a donné raison le 10 avril à deux anciennes attachées parlementaires de Mme Royal, qui réclamaient depuis 1997 le versement de plusieurs mois de salaires non payés.

M. Sarkozy a reproché à L'Express, au Parisien, à l'AFP et au Journal du Dimanche de ne pas avoir assez développé cette information sur son ancienne rivale. Des propos jugés "infondés" par Vincent Régnier, directeur des rédactions du Parisien, jeudi 8 mai.

Le président de la République, qui fait la "une" de Paris Match du 7 mai avec son épouse, a aussi critiqué Marianne, qui titrait "Putain, 4 ans..." son numéro du 3 mai. "Dans un pays où il n'y a plus d'opposition, la presse s'attribue la fonction d'opposition", a estimé M. Sarkozy, selon la députée du Val-de-Marne, Marie-Anne Montchamp, citée par l'AFP.

Ces critiques ont été appuyées par l'UMP. Celle-ci a, une nouvelle fois, accusé, mercredi soir, l'AFP de "censure" pour ne pas avoir diffusé son communiqué sur la condamnation de Mme Royal. L'UMP a regretté "que, sous couvert d'une ligne éditoriale, l'AFP censure un parti politique".

Ces critiques ont été réitérés par l'UMP à l'exception notable de certaines figures dignes d'interêt.

Nous n'oublions pas non plus que le 1er mai, : " ... / ... Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, avait déploré, par lettre ouverte au PDG de l'agence, Pierre Louette, l'absence de reprise d'un de ses communiqués contre Mme Royal. Le lendemain, la Société des Journalistes (SDJ) de l'AFP avait dénoncé des "tentatives de pressions politiques", rappelant que cette affaire avait été largement couverte. Les syndicats de l'agence ont aussi dénoncé ces "pressions" Source Le Monde et Romandie

Doit-on considérer dans ce pays, que seuls les communiqués d'un camp (surtout celui du chef de l'Etat) soient élevés au rang de priorité nationale ? Nous évoquions dans un de nos articles la notion d'exemplarité du débat politique que les français appelent de leurs voeux. Ces propos ne nous semblent pas aller dans ce sens.

Comme nous l'écrivions il y a peu dans l'article "BONSOIR" : "Le fonds est autrement plus préoccupant, nous en avons tiré a chaud, et désormais a froid,un sentiment de profonde compassion ou de commisération pour un homme qui, de toute évidence, NE SAIT PLUS A QUELS SAINTS SE VOUER !!

Depuis le début de l'ascension de l'hôte de l'Elysée, pour avoir suivi depuis très longtemps sa trajectoire personnelle et son appétence pour le pouvoir, nous ne figurons pas au rang de ses hagiographes ... / ... "

Dans un autre article intitulé : "Déficit public : dérives et irresponsabilités" , nous écrivions que : "l'INSEE a confirmé, le 28 mars, que le déficit public de la France s'élevait pour 2007 à 50,3 milliards d'euros. Cela représente 2,7% du PIB, alors que le Président Sarkozy s'était engagé en juillet dernier sur 2,4% auprès de nos partenaires européens. Notre crédibilité n'est pas seulement écornée auprès de ces derniers : elle l'est aussi auprès de nos créanciers"

Voila à notre sens des débats autrement plus importants pour l'avenir de notre pays. Nous parlions d'exemplarité. Etre exemplaire ne signifie pas être parfait. Personne ne l'est. Tout comme personne ne détient la Vérité absolue. Pour nous, l'exemplarité recouvre deux choses : d'une part, s'appliquer à soi-même les principes que l'on propose (a fortiori ceux que l'on exige des autres !). Il s'agit tout simplement de mettre ses actes en cohérence avec ses paroles. D'autre part, c'est montrer l'exemple, le chemin à suivre.

C'est pourquoi tant dans le domaine des interventions Présidentielles récentes que dans les actions destinées à donner un avenir à notre pays, nous resterons une vigie attentive. Nous voulons croire qu'avec nous, un grand nombre de citoyens, veilleront à l'indépendance de l'AFP, agence cinquantenaire que le monde (lui) nous envie.


Le Collectif Libr'acteurs

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Le Monde
Romandie

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Plantu

mardi 6 mai 2008

E comme EMPLOI et C comme CESURE

E comme EMPLOI

Laurent WAUQUIEZ, jeune, dynamique et brillant Secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi, est d’ores et déjà contaminé !

Il a certes reconnu que Manuel VALLS, autre pousse prometteuse, était lucide dans son approche nouvelle de l’économie, pour un … socialiste, mais dans le même temps s’agissant de l’emploi, il fait montre d’une frilosité désolante.

On propose a nos "RMISTES", a nos titulaires de l’ASS, et autres seniors « dispensés de recherche », des filières et canaux, administratifs et encadrés, là ou il faut ouvrir résolument les vannes à l’initiative individuelle, en la libérant des contraintes administratives immédiates.

Pour avoir, très récemment, dans un cadre associatif entendu, les idées et les freins pointés nous pensons, qu’il faut faire confiance.

Ouvrir sur 3 ans, a tout citoyen, qui en fait la demande expresse et motivée, la faculté de créer, son activité économique, sans autres contraintes que celle de se déclarer a un guichet unique et de déposer en fin d’année, un relevé des recettes tirées de la dite activité.

Au bout de 3 ans, période durant la quelle le RMI est maintenue, le créateur ferait son bilan de viabilité, et a ce moment là seulement, entrerait dans un cadre de cotisations sociales et fiscales aménagé et simplifié.

A défaut, il renoncerait, mais n’aurait plus la faculté qu’à une seule nouvelle chance sur un autre projet.

Il y a là, une réflexion a mener, a rapprocher des déviances et de l’échec relatif dans l’utilisation faite du Chèque Emploi Services Universel (CESU), qui dans de nombreux domaines est contre-productif, pénalise un certain artisanat, et sert de couverture à des activités et des opérateurs qui n’ont pas vocation a en bénéficier.


Richard HASSELMANN


C comme CESURE

Lorsque Jean-Louis BORLOO , alors ministre des affaires sociales, à instauré le CESU, on pouvait approuver l’initiative. Du moins dans son principe.

L’idée est effectivement bonne : Favoriser les services à la personne, les services de proximité et donc créer des emplois. Globalement, c’est juste.

Dans le détail, c’est injuste.

Globalement, c’est juste puisque le succès du CESU est incontestable. Mais, dans le détail, c’est injuste car ce sont toujours les mêmes qui en profitent prioritairement : les individus qualifiés et les sociétés du secteur marchand et leurs actionnaires qui ont su profiter immédiatement de la situation.

Or, ce qui est grave, au delà même de cette injustice, c’est qu’il sera d’autant plus difficile de faire marche arrière. Marche arrière pourtant indispensable si l’on veut pouvoir un jour affecter des moyens forcément limités là où il y en a le plus besoin, c’est à dire là où l’on peut et doit remettre au travail ceux qui risquent de n’y être plus jamais.

Comment une nouvelle fois ne pas réprouver cette politique de l’apparence et de l’illusion qui, au bout du compte, profite au plus fort et à l’ordre établi ?

Celui de la césure croissante de notre société.


Christian LIEBER

vendredi 2 mai 2008

Génération égoïste

Nous avons érigé la solidarité entre les générations au rang de nos priorités, nous avons initié et animé, les actions pour sensibiliser le plus grand nombre sur le poids de la dette laissé à nos enfants et petits enfants.

Nous sommes de ceux qui pensons qu’il faut donner les clés aux trentenaires, sans condamner les quinquas, mais nous demandons à la grande majorité des retraités actuels un minimum de décence.

Si notre pays est là ou il est c’est de la faute de cette génération gâtée qui a fait MAI 68, et qui cela fait s’est endormie sur des lauriers qui ont vite fané.

Génération d’égoïstes, qui descend dans la rue pour sa retraite, et qui serait inspirée à penser que son « pain est cuit » et que sa longévité encombre le paysage !

Les « soixante-huitards » ont tout, les manettes, l’argent, le temps libre, étonnez vous après cela que le taux de suicide des sexagénaires soit en diminution de plus de 30% depuis 1980, alors que dans le même temps ce taux ai doublé pour les 25 ans !!!

La solution passe une nouvelle fois par la représentation nationale, par des élus jeunes, à tous les niveaux décisionnels .Le scrutin 2007 n’a rien arrangé, en 1981 38% des députés avaient moins de 45 ans, ils ne sont plus que 13%.

Il faut agir et agir vite, la retraite à 60 ans, est un non sens avec des vies qui se traînent égoïstement jusqu'a 80 ans et plus.

Nous n’avons rien contre tous ces rentiers heureux et repus, nous en sommes, mais nous demandons un minimum de décence.

Il faut rétablir des prélèvements conséquents sur les retraites les plus confortables. Il faut appréhender tous les revenus et les patrimoines, avant d’accorder à la légère certains dégrèvements, fiscaux et autres avantages tarifaires..

Il faut demander, gratuitement, aux séniors, un temps de service civique, pour qu’ils remplissent des missions sociétales vers les jeunes .Ce sera là une vraie discrimination positive, pour ouvrir, à certains jeunes qui le souhaitent ,des données dont leur milieu les prive.

Encore un mot, le budget des grandes écoles consomme prés de 40% des dépenses de l’enseignement supérieur, pour diplômer 2% de nos jeunes. Ce constat doit être rapproché et lié a un autre, l’argent collecté par les officines de formation est de l’ordre de 21 milliards d’€ par an.

Regroupons tout cela, au sein d’un établissement public dédié, et ouvrons a chaque jeune, à sa majorité un capital formation, qu’il pourra utiliser tout au long de sa vie professionnelle.


Richard HASSELMANN

mercredi 30 avril 2008

OGM : pour quoi faire ?

En adoptant un projet de loi qui vise à « clarifier les conditions de mise en culture des OGM et leur coexistence avec les autres productions », nos parlementaires éludent complètement la question du sens. Or, pour moi, cette question est essentielle. Comme sur d'autres sujets, on engage des discussions et des lois sur des moyens avant même d'avoir débattu des finalités, de s'être fixé un cap, un objectif de développement humain sur 10, 15 ou 20 ans. C'est mettre la charrue avant les boeufs...

Alors, je pose la question : à l'heure où de nombreux pays sont touchés par une crise alimentaire grave, provoquant émeutes, mort, maladie et régression sociale (acculés par la pauvreté, de nombreux parents contraignent leurs enfants de ne plus se rendre à l'école pour travailler à leurs côtés), les OGM sont-ils, oui ou non, une solution au problème de la faim et une réponse à l'immense défi posé par l'explosion démographique planétaire ?

A quoi et à qui servent-ils ?

Je ne vais pas y répondre. Je souhaite simplement lancer le débat, le premier qui, à mes yeux, aurait dû avoir lieu. Je ne répondrai pas à la question posée, mais je voudrais la compléter de quelques points de repère : 70% de ceux qui souffrent de la faim dans le monde vivent en milieu rural. C'est l'agriculture familiale à petite échelle qui fait vivre la moitié de la population mondiale. Aujourd'hui, les petites exploitations agricoles subissent de plein fouet la concurrence des grands producteurs industrialisés, ayant un niveau de rendement sans commune mesure, et bénéficiant de subventions. Bon nombre de petits agriculteurs n'arrivent plus eux-mêmes à vivre de leur exploitation et fuient vers les bidons-villes...

J'ai cru comprendre qu'un des intérêts des OGM est d'améliorer le rendement des cultures intensives. C'est peut-être inexact ou incomplet. Je pose en tout cas les questions suivantes : les OGM concernent-ils vraiment les petits producteurs des pays en développement ? Si oui, ces derniers ne deviendraient-ils pas dépendants de nouveaux fournisseurs et d'un nouveau « business model » les obligeant à acheter des semences entières à chaque saison nouvelle, ne pouvant utiliser les semences de la récolte précédente ?

Devraient-ils utiliser de nouveaux pesticides ?

C'est d'abord et avant tout la pauvreté qui fait souffrir de faim 850 millions de personnes et de malnutrition 2 milliards de personnes. Alors comment faire pour les aider à sortir de la misère ? Pour favoriser le développement des pays pauvres, et notamment l'essor de leurs filières agricoles ? Pour leur garantir une souveraineté et une sécurité alimentaires ?

Les OGM sont-ils une réponse ?

D'autre part, nos modes de consommation et les problèmes énergétiques et environnementaux contribuent à réduire les réserves alimentaires mondiales (au plus bas depuis 25 ans selon la FAO), provoquant une hausse des prix des denrées alimentaires et, in fine, un appauvrissement plus fort encore des populations. Par exemple, une consommation accrue de viande, tant par nos habitudes alimentaires que par l'émergence de classes moyennes en Chine et en Inde, génère davantage de besoins en céréales. Un recours irraisonné aux agrocarburants s'est fortement développé pour faire face à la montée des prix du pétrole. Les changements climatiques multiplient les risques d'innondation ou de sécheresse.

Là aussi, les OGM sont-ils une solution à ces problèmes de fond ?

Lorsque nous aurons suffisamment avancé sur la question du sens et de la finalité des OGM au regard de ces grands enjeux, nous pourrons alors débattre de leurs effets induits sur notre santé : la recherche scientifique a-t-elle acquis suffisamment de connaissances à ce sujet, permettant d'en envisager la culture et la commercialisation ?

Et puis, une fois cette dernière question traitée, nous pourrons aborder les questions de libre concurrence et de libre consommation : de quels moyens fiables dispose-t-on aujourd'hui en termes de traçabilité et « d'étanchéité » pour garantir le libre choix de produire et de consommer des aliments OGM ou « non-OGM » ? Même si l'homme parvient à définir et repérer la frontière entre un champ OGM et « non-OGM », comment expliquera-t-on cette frontière aux abeilles ?

Cela fait beaucoup de questions...!

Certaines peuvent paraître naïves, d'autres plus profondes. Je crois que, pour être acteurs de notre destin, nous ne devons pas seulement lire ou nous informer. Nous devons aussi prendre du recul et nous poser certaines questions. Se détacher un moment de la course folle et aveugle dans laquelle on nous entraine apporte une bouffée d'oxygène. Alors prenons un instant ce bol d'air ensemble. Faites part de vos pensées et remarques sur le sujet. Partagez vos lectures et connaissances acquises. Posez de nouvelles questions !

Susciter le débat, l'éveil, l'échange : c'est aussi cela Libr'acteurs !


Lionel LACASSAGNE

Sources et bibliographie

Le Sénat : PROJET DE LOI RELATIF AUX ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS
Assemblée Nationale : PROJET DE LOI MODIFIÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE EN PREMIÈRE LECTURE, relatif aux organismes génétiquement modifiés.
Amendement 252 (André CHASSAIGNE)
Appel du comité 252

Crédit image
Max Havelaar
FAO

lundi 28 avril 2008

"BONSOIR"

Ce simple titre pour donner un sentiment d'égards, omis par le Président de la République vis a vis de 12 millions de téléspectateurs et de journalistes "faire valoir" !

Il aura sans doute échappé a beaucoup que Nicolas SARKOZY a fait l'économie de cette simple petite marque de politesse, lors de son allocation télévisée de jeudi.

Nous n'irons pas plus avant s'agissant de la forme, bien que ce "pas de clerc" soit significatif.

Le fonds est autrement plus préoccupant, nous en avons tiré a chaud, et désormais a froid,un sentiment de profonde compassion ou de commisération pour un homme qui, de toute évidence, NE SAIT PLUS A QUELS SAINTS SE VOUER !!

Depuis le début de l'ascension de l'hôte de l'Elysée, pour avoir suivi depuis très longtemps sa trajectoire personnelle et son appétence pour le pouvoir, nous ne figurons pas au rang de ses hagiographes .Le visiteur internaute curieux relira différents billets commis sur PROVIDENTIELLE ou LIBR'ACTEURS. Nous disions depuis et redisions, en substance, que nul ne pourra dire qu'il ne savait pas !

Le Président est tel qu'en lui même, sans fards, assumant avec habileté des responsabilités vénielles de façades, pour mieux se défausser sur la conjoncture ou d'autres, de faiblesses de fonds.

Il reste qu'a nos yeux les vrais responsables sont les acteurs politiques de tous bords qui depuis des années se complaisent dans une démocratie de compromis et d'alternance convenue, avec la bienveillante connivence de syndicats dits....représentatifs !

L'avenir est ailleurs, sûrement pas dans la rue avec des lycéens manipulés par la frange la plus inepte de notre fonction publique, mais dans cette autre dimension de pensées et de propositions tissée par l'associatif politico-sociétal.

LIBR'ACTEURS entend être un acteur majeur de cette autre manière de bâtir une démocratie où la jeune génération, informée et responsabilisée, viendra aux affaires, avec au coeur et aux tripes un nouveau référentiel de valeurs.

Vaste ambition me direz vous!

Sans doute mais cela vaut la peine d'essayer en ce 21eme siècle qui débute.

Richard HASSELMANN

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Salvador DALI

mercredi 23 avril 2008

Sondages, sons d’agés

Voilà en quelque sorte Nicolas Sarkozy « victime » de ce que nous cessons de dénoncer : la tyrannie des médias, des sondages et de la fausse démocratie.

Le voilà pris à l’un des pièges de son « système ». Après l’euphorie de 2007, la déprime de 2008.


Ce qui nous étonne, c’est la naïveté de ceux qui ont pu y croire et de ceux qui peuvent encore aujourd’hui penser que c’eut été différent avec Ségolène Royal.

Nous ne nous réjouissons pas de cet avatar inéluctable, même si nous ne cessons de dénoncer ce système depuis des années. Nous voulons simplement une nouvelle fois dire à nos concitoyens : « ouvrez les yeux ».

Dans un système gouverné par la course au pouvoir et à l’argent, celui de la loi des plus forts, où le toujours plus ne fait pas le bonheur, un système qui veille à endormir l’expression de ceux, toujours plus nombreux, qui s’y sentent mal, d’autant plus mal qu’ils ne voient pas le bout du tunnel, nous voilà, comme en mai 1968, dans une situation où, à force d’être sourds à l’évolution des esprits et des humeurs, c’est la rue qui explose. Pour le meilleur, mais aussi ... pour le pire.

Comme en mai 1968, faute d’avoir su anticiper, attendons nous à une explosion sans but et anarchique, à un cri du cœur désordonné et révolté, celui du refus et du « ça suffit ». Et si nous ne redoutons pas les turbulences, nous voudrions éviter la violence.

C’est pourtant ce que nous craignons. Alors que nous souhaitons que cette énergie qui sera alors mobilisée puisse s’adosser à une Vision, à un Projet qui soit autre chose qu’un « travailler plus pour gagner plus » ou encore qu’un « ordre juste ».

Nous pensons que nous sommes à la fin d’un monde que l’oligarchie "médiatico-politico-financière" voudrait nous faire passer pour la fin du monde avec ... la large complicité de ses « victimes », de ses serfs des temps modernes, pauvres ou riches.

Nous vibrons, oui nous vibrons, de nous faire entendre de nos concitoyens : nous ne ferons pas l’économie d’une approche environnementale, planétaire, économe, solidaire autant que responsable, de l’invention aussi d’une forme de simplicité, d’authenticité et de vigueur du lien social. Bref tout un état d’esprit qui s’accommode mal des ruptures turbulentes mais sans véritable lendemain constructif.

Oui, nous vibrons car nous espérons que nous saurons lâcher prise collectivement pour embrasser le Projet, nécessairement collectif lui aussi, qui peut nous entraîner dans une passionnante aventure.


Christian LIEBER

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DELIGNE

lundi 21 avril 2008

Déficit public : dérives et irresponsabilités

Retour vers le réel

L'avantage avec les finances, c'est qu'on ne peut pas tricher. Nul artifice possible comme la non-prise en compte des seniors que l'on « dispense » de recherche d'emploi dans le calcul du taux de chômage, ou comme la non-prise en compte des plaintes déposées après 6h00 le 1er janvier pour évaluer le nombre de voitures brûlées la nuit de la Saint-Sylvestre.

Non, avec les finances, les chiffres sont là, ne laissant pas d'autre choix à ceux qui manient la langue de bois en période d'élaboration de budget que d'admettre certaines réalités. Le rideau de fumée des promesses et des beaux discours des campagnes électorales se lève.

L'ensemble des Français, qu'ils aient été clairvoyants ou trompés, constatent amèrement les dégâts : l'INSEE a confirmé, le 28 mars, que le déficit public de la France s'élevait pour 2007 à 50,3 milliards d'euros. Cela représente 2,7% du PIB, alors que le Président Sarkozy s'était engagé en juillet dernier sur 2,4% auprès de nos partenaires européens. Notre crédibilité n'est pas seulement écornée auprès de ces derniers : elle l'est aussi auprès de nos créanciers. Nul doute que les investisseurs institutionnels ne manqueront pas de relever leur taux d'intérêt à notre égard, jugeant notre pays moins fiable que d'autres pays européens, avec lesquels ils pratiqueront des taux plus bas. Cela signifiera alors une diminution de notre pouvoir d'achat et de notre protection sociale...

La Révision générale des politiques publiques (RGPP) : De la poudre aux yeux !

Le 4 avril, Eric Woerth, le Ministre du Budget, a présenté les mesures décidées par le Conseil de modernisation des politiques publiques. Nicolas Sarkozy a annoncé qu'elles devraient permettre de réaliser 7 milliards d'euros d'économies d'ici 2011. Je ne sais pas si un éventuel durcissement des conditions de crédit envers notre pays a été pris en compte dans cette estimation. Ce que je sais en revanche, c'est qu'il n'est pas nécessaire de lire les 174 pages du rapport de cette RGPP pour comprendre que, en dépit de nos engagements clamés haut et fort, et malgré l'extrême nécessité d'y parvenir, nous n'équilibrerons pas nos comptes en 2012.

Les 50,3 milliards d'euros de déficit public de l'année 2007 s'ajouteront à nos 1200 milliards de dette et devraient générer environ 2 milliards d'intérêts annuels supplémentaires (sur la base d'un taux d'intérêt à 4%). L'Etat continue de dépenser chaque année 20% de plus que ce qu'ils gagne, et les dépenses des collectivités locales continuent d'exploser. Ces 7 milliards d'euros d'économies sur 3 ans serviront à peine à réduire le déficit !

Et encore, le rapport de la RGPP n'indique pas de manière précise les économies attendues de chaque réforme, et donc comment ces 7 milliards d'euros d'économie globale sont calculés. En se targuant de viser un gain de productivité de l'appareil de l'Etat compris entre 4 et 5%, le Président de la République oublie que les gains de productivité nécessaires pour rétablir l'équilibre de nos finances publiques seraient plutôt de l'ordre de 20%. C'est d'ailleurs ce qu'ont réalisé les pays scandinaves et le Canada... que le rapport de la RGPP cite précisément en exemple !

Des efforts à sens unique

Pour relever de tels défis et engager une telle... rupture, nos dirigeants n'ont d'autres choix que de montrer l'exemple. Sur un bateau, le commandant affronte les mêmes tempêtes que son équipage. Il partage avec lui les bons moments comme les difficiles.

Ce n'est malheureusement pas la ligne de conduite de notre Président qui, reniant sa promesse électorale, n'a pas instauré de gouvernement « resserré », bien au contraire. Tandis qu'il s'est accordé une confortable augmentation de salaire avant même d'obtenir le moindre résultat (vous avez dit « salaire au mérite » ?), sa Ministre de la Justice défraye la chronique avec ses frais de représentation, et son ancien Secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Christian Estrosi, n'a pas trouvé plus économique qu'un avion privé loué à 138000 euros pour participer à un « pot » à l'Elysée en janvier dernier.

Dans ce contexte, les discours moralisateurs que l'on commence à entendre, et les efforts conséquents qui sont en train d'être demandés aux Français pour se soigner ou pour faire vivre une famille nombreuse frisent l'indécence.

Avant de réduire l'accès aux biens et services de première nécessité aux Français, nos dirigeants feraient mieux, non seulement de s'appliquer à eux-même les efforts qu'ils imposent, mais aussi d'assurer un suivi rigoureux de l'efficacité des dépenses publiques. Par exemple, avant que l'Etat dote les collectivités locales de 69 milliards d'euros annuels, j'aimerais que l'on s'assure que deux structures d'échelon différent ne puissent pas dépenser l'argent public pour un même domaine de compétences, et que les transferts de compétences de l'Etat vers les collectivités terriritoriales et des communes vers les structures intercommunales s'accompagnent, soit de transferts de personnels, soit de diminution d'effectifs dans les structures concernées.

De même, avant que l'Etat dépense de nouveau 65 milliards d'euros d'aides annuelles aux entreprises, j'aimerais connaître l'usage précis qui en a été fait l'année précédente, et savoir pourquoi seulement 3% de ces aides sont consacrées à la recherche et 9% aux PME.

Un Parlement absent

Certes, les moyens dont disposent nos parlementaires pour effectuer leur mission de contrôle des dépenses publiques sont très limités, pour ne pas dire quasi-nuls. Mais ils portent l'entière responsabilité du vote du budget de l'Etat. Ce sont bien nos députés qui, chaque année depuis 34 ans, acceptent de voter un budget en déficit, conduisant à nos 1200 milliards d'euros de dette et nos 40 milliards d'euros annuels d'intérêts. Si nous n'avions pas ces intérêts à payer, nous pourrions financer la création de 120 crèches par jour, ou la construction de 60000 m2 de logements sociaux par jour...

Cette année encore, ils ont accepté le déficit du budget de l'Etat de 41,7 milliards d'euros que notre Président et notre Gouvernement « de rupture » ont osé leur présenter. Rien, absolument rien ne les y oblige. Sauf peut-être l'attente d'une investiture pour l'élection du moment (municipale, cantonale, européenne, régionale... : à vous de choisir !), ou la conduite à tenir pour se faire ré-élire (en France, les députés ont en moyenne 20 ans d'ancienneté dans les mandats) ?

Lien entre cumul des mandats et déficit public

Nous y voilà... Le cumul de mandats nationaux et exécutifs locaux constitue selon moi un véritable frein à la VRAIE Réforme de l'Etat dont notre pays a besoin, tant pour améliorer la qualité et l'efficacité des services publics que pour rétablir l'équilibre des finances publiques de fonctionnement. Il n'est pas surprenant que nos députés actuels, dont 90% cumulent plusieurs mandats, se montrent peu enclins à réduire le nombre de strates administratives. Et je ne parle pas des Ministres : la plupart d'entre eux se présentent aux élections législatives, municipales et cantonales alors même qu'ils sont en fonction ... !

Je considère que le temps et l'attention qui ne sont pas consacrés à l'exercice d'un mandat de Maire ou de député comme ils le devraient constituent un coût pour la collectivité. Le manque de sérieux ou de suivi accordé à un dossier, à une équipe, à un ... budget, se traduit fatalement par des erreurs, des approximations, voire de l'immobilisme qui grèvent peu à peu le déficit public.

Est-il normal que les élections municipales et cantonales de 2008 aient occasionné une « trêve parlementaire » de 6 semaines ?

Qu'elles soient conscientes ou non, les dérives et irresponsabilités qui ont généré notre déficit public sont issues d'un fonctionnement et d'une situation particulièrement complexes. Pour moi, réforme de l'Etat et non-cumul des mandats sont étroitement liés. L'un ne se fera pas sans l'autre. Ils devront être engagés simultanément. Et le problème du cumul des mandats ne peut être traité sans l'instauration d'un véritable statut de l'élu (et même d'un statut du candidat)

Libr'acteurs s'y attèle, et fera part de ses travaux le moment venu.


Lionel LACASSAGNE

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