dimanche 1 avril 2018

DÉVELOPPEMENT SOUTENABLE


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Le mot « développement durable »  nous entraîne sur une équivoque et un clivage important entre la perception nord- américaine de la mondialisation et une vision « à la française ».
 Les Américains parlent de « sustainable profitable growth », c’est-à-dire d’un développement profitable et durable ou durable et profitable,
Quid du  mot profitable ?
Par ailleurs le développement durable ne se réduit pas aux problématiques environnementales  (milieux naturels , ressources , risques, pollutions qualité de la vie…) mais a une surface plus large socio économique  , économique (croissance ) et sociale ( éducation, santé, respect des libertés des hommes , en entreprise, en société et sur la planète
Le développement durable est il un développement soutenable ?
Prenant en considération l’environnemental , mais aussi l’économique et le social ?
 Pour définir le développement durable, il nous faut savoir si nous voulons servir l’Homme.

« L’Homme est la plus précieuse des richesses » , telle est une pensée du credo de la Jeune Chambre économique dont je suis un ancien acteur
Oui, l’Homme est au cœur du développement durable
Mais comme le soulignait  Michel Godet « il n’y a pas de développement durable sans enfant, et pas de croissance sans berceaux »
Pour nous, européens, avec notre  suicide démographique en cours, est ce notre priorité ?
Le développement durable est il soutenable ?

Oui l’agro écologie est un retour à la sagesse de nos Anciens mais comment  expliquer  à l’industriel que ses investissements pour avoir des pommes de tel diamètre sont  à mettre au titre des pertes et profits ?
Comment expliquer à l’agriculteur qui a acheté un super système d’irrigation , un tracteur novateur  avec clim, des semences qu’il a dû payer d’avance , des engrais et pesticides qu’il a dû payer illico et ses dernières récoltes qui sont payées à 3 ou 6 mois , donc à cet agriculteur qui ne vit qu’à crédit , qu’il faudrait changer de paradigme ?
Pour nous, européens , comment concilier souveraineté alimentaire et respect de la santé avec les systèmes de production actuels et la mondialisation ?
Le développement durable est il soutenable ?
Le développement  durable a pour mission de ne pas compromettre les  capacités des générations futures  et j’y  souscris
Certes, mais  avec une société qui vit au dessus de ses moyens  et qui sans vergogne prend dans la poche de ses enfants  avec une dette publique abyssale  parle t’on encore d’héritage ou de prise en considération de nos héritiers ?
Le développement durable est il soutenable ?
Des années d’esprit d’extrême consommation nous ont elles préparées  à l’ascèse du développement durable. ?
« L’HUMANITE S’IDENTIFIE ELLE-MÊME EN PRENANT CONSCIENCE COLLECTIVEMENT DE SON DESTIN ! » s’écriait un des intervenants du CESE en 2015
Le développement durable est il soutenable ?

Comment évoquer le développement durable à des pays qui ont de par  leurs problématiques intérieures , des problèmes incroyables à régler ?
Et qui de  plus sont impactés par la mondialisation
Le développement durable est il soutenable ?
Et pourtant  seule la voie du dialogue le plus large permet d’approcher la question du développement durable. Dialogues entres les Etats, entre les pays développés et ceux en voie de développement  et  pays émergents
Le développement durable ne réduit pas chaque personne humaine à l’état de statistique et de globalité mais fait du sur- mesure pour tout Homme , pour chaque Homme

Agir en ayant la Conscience de la Terre  , comme je le soutiens  avec Libr'acteurs , se heurte au problème que ce qui appartient à tout le monde n’appartient à personne
 Le développement durable ne peut être recherché sans une participation et une responsabilisation de tous.
Redonner le primat à la Responsabilité envers l’autre et pour l’autre est au cœur du débat sur le développement durable.

Le développement durable  est-il soutenable ?

Avant d’être partagée ou réinvestie, la richesse doit être gagnée. L’objectif du développement durable nous oriente nous-mêmes vers  une vie revisitée en tenant compte des réalités et de ses exigences
 -Les choix financiers, techniques, scientifiques ont une influence directe sur l’avenir de notre planète, sur les équilibres micro et macro-économiques, la santé, le développement culturel, la vie familiale

-La  volonté et l’ intervention du politique et du législatif peuvent  orienter les comportements, poser des limites, donner des orientations et des contraintes sur ce qui est indispensable

- la qualité des comportements de tous  peut générer la confiance et une responsabilité collective vis-à-vis du développement durable.

- le sens  à donner au développement durable  s’éclaire au niveau
des  finalités  individuelles (par exemple, notre bien-être, notre confort),
                         institutionnelles (par exemple, la performance de l’Europe)
                        altruistes, tournées vers le bien de toutes les personnes, celles que nous ne connaissons     pas (par exemple, la génération future ou la personne qui vit à l’autre bout de la planète).
En conclusion , il est trop tôt pour conclure , citons Le livre du Deutéronome qui place dans la bouche de Dieu cette parole : « Vois, je place devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, choisis la vie ! »

Eric CAMPION 
Membre fondateur de LIBR'ACTEURS
(Bibliographie
Responsable porteur de sens, Vincent Lenhardt, Insep, 2003.
La responsabilité envers les générations futures, Dieter Birnbacher, PVF, 1988.
Libracteur , blog , la conscience de la Terre  2010
La prospective autrement  Michel Godet  2010)



jeudi 29 mars 2018

ENTREPRISE PAR CI, ,ENTREPRISE PAR LA!


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L’Entreprise est à la mode, par la volonté du gouvernement qui entend en faire, la pierre angulaire d’une nouvelle France, éprise de vivre ensemble, de respect de l’autre et d’une nouvelle hiérarchie des valeurs vraies.


Pour se convaincre de cette réalité, il n’est qu’a lire les points de vue, articles, chroniques, qui traitent de la matière, notamment a l’occasion de la restitution du rapport NOTAT/SENARD, sur la nouvelle finalité d’une entreprise. Raison d’être d’une entreprise, capitalisme partenarial, ou encore penser l’entreprise autrement, pour reprendre quelques titres, cela est bel est bon, mais pointé et disponible de longue date.
Pour preuve, lors de l’émergence du concept de développement durable, certains se sont interrogés sur la place de l’entreprise, comme sur le contenu de ce qu’est le tiers secteur, pour faire cohabiter une finance « patiente », avec un salariat engagé, pour une résultante économique et sociale bénéfique au plus grand nombre.

Le développement durable a commandé les réflexions sur la forme alternative de l’entreprise et sur la connaissance plus fine du tiers secteur, pour voir en quoi, légèrement aménagé, il pouvait être la bonne réponse à la question du POURQUOI d’une entreprise.
Une entreprise qui fait sienne l’idée du développement durable, avec ce que cela implique, est la réponse que l’on cherche. Il va s’agir d’une entreprise respectueuse de l’homme, de la nature, des générations futures. Ce sera aussi une entreprise qui au quotidien, par son comportement social et par les comportements individuels en son sein montrera sans équivoque son respect de l’individu. C’est dans un tel cadre que trouve toute sa place le management éthique, l’écologie des collaborateurs ou encore la promotion de la V.A.E (validation des acquis de l’expérience).

L’ambition est grande, on parle ici d’un véritable choc de la culture de l’entreprise. Au même titre que les entreprises ont intégré une culture de la qualité, de la traçabilité ou de la relation client, elles vont devoir systématiser tous les ingrédients du développement durable.
En fait cela existe déjà et cela marche. Les plus beaux fleurons peuplent l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est le tiers secteur. Il suffit d’aménager légèrement, d’y faire le ménage pour en expulser les usurpateurs.
Il faut espérer que la société de personnes, qui est la marque des entreprises de l’ESS, puisse être remise sur le devant de la scène, expliquée et commentée, pour que le plus grand nombre la plébiscite.
On y parle d’un capital vertueux et raisonnable, qui est un instrument respectueux du travail et modeste dans sa rémunération. On y parle de gouvernance totalement partagée, de réserves inaliénables et on y restaure le vrai sens de l’affectio societatis .
Ce serait dommage de perdre du temps en voulant réinventer la roue, après avoir été trop longtemps à la remorque d’un Etat jacobin corporatiste dépassé, et snobé par un marché  discrédité par les rémunérations du capital déraisonnables , la société de personnes, a un vrai rôle a jouer.

Ce sera un formidable grand pas, celui ou les salariés ne seront plus comptabilisés en charges, mais en atouts et en richesses.

R HASSELMANN( pour LES ECHOS.fr)

vendredi 23 mars 2018

FORMATION PROFESSIONNELLE, suites.....

         


   
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Le “big bang” de la formation professionnelle ouvre-t-il un espoir pour tous ceux qui n’ont pas ou plus d’emploi ? L’appétit de nos dirigeants à épuiser le vocabulaire du changement (révolution, transformation, big bang…) est sans égal. Alors même que le changement initié est souvent fort modeste.

Revenons toutefois à la réforme à proprement parler. Symboliquement, en octroyant la collecte des cotisations à l’Urssaf, l’Etat signifie aux OPCA leur inefficacité et certainement leur disparition. Il passe aussi le message aux branches qu’elles ne sont plus incontournables pour définir les besoins de formation.

L’Etat reprend donc la main. L’agence quadripartite “France Compétences” validera les formations et évaluera les prix. Une nouvelle instance hors-sol et bureaucratique ? Les craintes sont légitimes.
En parallèle, et de façon surprenante, la réforme semble vouloir s’appuyer sur la logique de marché. Nous, salariés, demandeurs d’emploi, devenons libres de choisir notre formation continue ou professionnelle. En créditant en euros le CPF jusque-là peu utilisé, on nous offre une liberté inédite de gérer notre carrière professionnelle. Une liberté toutefois théorique si on ne devait s’appuyer que sur ledit CPF. En 10 ans, le capital serait de 5000€. Or, le moindre CQP dans l’industrie coûte 6500€, le titre d’aide-soignante 5000€, 3000€ pour être ambulancier, ou 1000 à 1200€ pour un simple Caces. Je ne parle évidemment pas ici d’un diplôme universitaire inaccessible avec ces budgets. Quel nouveau métier peut-on apprendre avec un si petit budget, telle est au final la question centrale ?

Dès lors, quel sont donc les objectifs de ces changements ? Ici se situe l’occasion manquée. L’enjeu est évoqué : la compétitivité de la France, par une main d’œuvre formée, adaptable aux contraintes de la mondialisation. Mais l’instrument est court et bancal et on compte sur la com — “le monde change, changeons de paradigme” — pour masquer sa faiblesse.

Rien dans cette réforme ni dans l’accord entre les partenaires sociaux (ANI — Accord National Interprofessionnel) ne concerne la formation de 6 millions de chômeurs peu ou pas qualifiés ; à l’exception d’une référence à un PIC (Plan d’Investissement dans les compétences annoncé en septembre 2017 et oublié depuis). Or, l’élévation du niveau de compétence moyen de la main d’œuvre française est évidemment au cœur de son organisation économique.

L’actuel système permet à moins de 10% des chômeurs d’accéder à une formation, et seuls les cadres disposaient d’une capacité réelle à se former (sans d’ailleurs vraiment l’utiliser). Rien n’indique que demain il puisse en être autrement.

Il eut été nécessaire de faire table rase et de repenser la formation continue avec les contraintes contemporaines. Nos dirigeants ont simplement changé le décor.

Eric LAFOND  (LIBR’ACTEURS)










vendredi 9 mars 2018

REVISION CONSTITUTIONNELLE et CONSCIENCE de la TERRE.







Au même titre que dans une récente contribution je pointe les dangers encourus par l’EUROPE, il n’étonnera pas le lecteur qui m’a situé, que dans le brouhaha ambiant je surveille le sort réservé a la CONSCIENCE de La TERRE, au climat et à la biodiversité dans la prochaine révision constitutionnelle.
La question est fondamentale, et il est à craindre qu’en dépit des réactions associatives, et autres pétitions diligentées ici ou là, le pouvoir ne saisisse pas l’opportunité qu’il y a, à graver dans la loi fondamentale, plus que le principe de précaution, un droit de l’humanité forgé par la France.
Il est sans doute utile de rappeler ici que le 2 novembre 2015 en prélude à la COP21, au sein du CONSEIL ECONOMIQUE SOCIAL et ENVIRONNEMENTAL (CESE) a été révélée, portée et commentée la Déclaration universelle des Droits de l’Humanité (DUDH) articulée en 4 grands principes, 6 droits et 6 devoirs pour poser plus que la précaution, la responsabilité. Le nombre et la qualité des citoyens croisés lors de cette séance, pilotée par C LEPAGE, dont beaucoup sont désormais aux affaires gouvernementales permet d’espérer qu’ils n’ont pas la mémoire courte.
Il reste que dans ce domaine comme ailleurs, il vaut mieux tenir que courir quand on sait combien le principe de précaution qui a pourtant fournit de nombreuses preuves d’utilité gêne aux entournures.
Certains y ont vu un principe de suspicion de nature à ralentir le progrès et les gains de bien être par des postures « a priori » là ou il s’agit simplement de bien cerner les impacts et les responsabilités avant d’agir. L ’arme la plus puissante pour changer le monde c’est l’éducation disait N MANDELA, l’occasion est donc belle d’éduquer et de ne pas esquiver le débat démocratique.
En premier lieu il serait bon de ne pas oublier qu’il existe déjà un fil conducteur dans les cartons ,la loi relative à la transition énergétique et la croissance verte……qui porte en son sein 56 habilitations à légiférer par ordonnances ce qui devrait plaire en haut lieu.
Si l’environnement sculpte nos gênes comme le révèle plusieurs études concordantes convenons qu’il n’y a rien de choquant a ce qu’un pays comme la France, grave dans l’article premier de sa loi fondamentale que la république soumet toutes mesures au préalable de la conscience de la terre et de la biodiversité. Le débat sur ce point doit être clos, il reste alors à expliquer, à rédiger avec soin et surtout à convaincre le plus grand nombre.
L’enjeu n’est pas neutre, car en hiérarchisant et en priorisant ainsi les préceptes on oriente de manière significative les choix et investissements publics et privés, en matière d’énergie et de croissance verte notamment.
Comme on le voit la place de la conscience du climat et de la biodiversité dans la constitution n’est pas une anecdote et le citoyen doit y veiller. L’un des intervenants au CESE en 2015 a eu cette belle formule : « L’HUMANITE S’IDENTIFIE ELLE-MEME EN PRENANT CONSCIENCE COLLECTIVEMENT DE SON DESTIN ! »
R HASSELMANN
(LES ECHOS.fr 9.03.18)





jeudi 8 mars 2018

EUROPE ATTENTION DANGER!



Ordonnances ici, référendum là, un tourbillon de propositions qui arrivent sur un terrain citoyen très mal préparé et qui risque de masquer l’essentiel : L’EUROPE est en danger.

S’agissant de l’indigestion de réformes en cours, aucun citoyen honnête, ne saurait reprocher au Président de la République de ne pas avoir annoncé la couleur et d’avoir avancé masqué. Dès son entrée dans les coursives du secrétariat général de l’Elysée et même plus tôt au sein de la commission ATTALI, il se réclamait de P RICOEUR. Ce même RICOEUR qui écrivait « Nul n’est assez pauvre pour ne pas participer à l’effort commun ».Tout est dit, une telle formule peut servir d’étendard a un social libéralisme ambitieux qui entend demander des efforts, aux fonctionnaires, comme il en, demande aux retraités, ou aux bénéficiaires de statuts ou régimes spéciaux.

Dés 2015, alors au MINEFI, le Président déclarait « on va progressivement entrer dans une zone, ou la justification d’avoir un emploi à vie garanti, sur des missions qui ne le justifie plus, sera de moins en moins défendable ». Là encore on ne peut être plus clair et l’électorat qui a confié le pouvoir a l’actuel Président ferait bien de s’en souvenir, en laissant définitivement de côté tous les corporatismes qu’ils soient syndicaux ou politiciens.
Pourtant dans le climat actuel nous sommes de ceux qui préférons E MORIN a P. RICOEUR. E MORIN qui a dit a dit : « à force de sacrifier l’essentiel pour l’urgent, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. »

En regard du flot de paroles et des surenchères populistes et démagogiques venues de partout le citoyen doit s’attacher à l’essentiel, analyser et comprendre, sans laisser a d’autres le pouvoir de dire ! Ici trouve place une belle formule de Socrate « répondre a tout par une doctrine (ou une posture ndlr) c’est déléguer à une autre intelligence que la sienne ! ».

Il reste à se poser les bonnes questions dans pays, pénalisé par un jacobinisme hors d’Age et par une classe politique encalminée sur ses certitudes. Ce « Citoyen Acteur » que nous sollicitons est celui qui sait se choisir un « point géodésique moral », un phare, une balise. Le concept de justice et de fraternité peut être proposé. Une justice qui commande des droits et devoirs et bannit les inégalités outrancières. Une fraternité qui identifie les ressources, biens communs, propriétés de personne et de tous. L’UNION EUROPEENNE mérite de faire partie de ces biens communs à protéger comment le faire comprendre pour 2019 au moment ou le scepticisme plane. Un terrible constat s’impose, en 50 ans, l’incurie des politiques, les déficits de démocratie, le poids des lobbies extra-européen, et l’absence coupable de pédagogie sur l’apport Européen a fait oublier au plus grand nombre ce pourquoi elle a été voulue, la Paix et la solidarité au sein du vieux continent.

Foin de sémantique politicienne, de liste nationale ou régionale, l’important est ailleurs. Il reste une année pour expliquer et faire comprendre que l’Union Européenne(UE), sans doute revisitée dans ses contours est indispensable. Qu’il est indispensable de donner au moins a la zone EURO de vrais moyens financiers pour mettre en œuvre des mesures collectives fortes et vraiment faire exister le fait Européen sur la scène internationale. Au moment ou l’on parle de jacobinisme outrancier, il peut être de bonne gestion de demander aux citoyens quelles sont les missions qui lui paraissent devoir être confier à l’UE et quels contrôles démocratiques doivent être institués.

Beau chantier qui nourrirait utilement la mission de la commission nationale du débat public.
R HASSELMANN
(Les ECHOS.fr 7.03.18)



dimanche 25 février 2018

MODERNITE et FRATERNITE.




 


Au moment où l’on s’interroge, à juste titre, sur la pertinence d’un modèle social d’un autre siècle, au moment où beaucoup s’essayent a des refondations en oubliant les fondamentaux, il parait utile de livrer ici les réflexions du terrain.
En premier lieu, un constat assez largement partagé et réconfortant, les nouvelles technologies, les réseaux, la plus grande autonomie des individus, ne nuisent pas à la fraternité et la solidarité. Ce constat réconfortant constitue une bonne base de travail pour imaginer, un nouveau modèle social, et une refondation de son pilier principal notre système de santé.
Il importe dés lors de faire œuvre de pédagogie pour le plus grand nombre et dés le plus jeune âge, pour montrer en quoi bien que de plus en plus autonomes, les individus sont « dans le même temps » (formule à la mode) de plus en plus liés, complémentaires et surtout interdépendants. Pour preuve des travaux en cours sur le grand âge, révèlent que ce qui manque le plus aux grands séniors maintenus à domicile, c’est le lien social, restauré par l’hébergement en Établissements (résidences séniors, EHPAD).
Dés lors il semble évident de proposer une nouvelle protection sociale, ou l’État Providence céderait la place à un État stratège, attaché a la pédagogie des enjeux, et a la responsabilisation des acteurs. Pédagogie et responsabilisation dès le plus jeune âge, pour faire naître un rapport moderne à la société. Pour faire comprendre ce que l’on est en droit d’attendre d’une protection sociale dès lors que chacun apporte par son comportement et son effort. Une telle approche remet totalement en question les fondements d’un État providence qui soucieux d’assistance s’est attaché, a un modèle social, qui reprenne la main sur les « assureurs » qui montent en puissance depuis une trentaine d’années. Ce faisant, en voulant tendre vers l’universel, on se trompe de méthode, selon un défaut bien français des approches catégorielles segmentées.
A cet égard en matière de système de santé, l’illustration est flagrante. Il faut avoir lu attentivement le tout récent rapport portant sur la stratégie de transformation du système de santé pour s’en convaincre. Une nouvelle fois, mélange des genres, un titre qui porte sur « le système de santé » et un contenu en 5 chantiers qui traitent de…. « L’offre de soins ».
C’est une nouvelle ignorer que le soin, n’est qu’un instrument au service de la santé ou que l’allongement de la vie est d’abord du aux progrès des conditions de vie. C’est en ce sens que l’on ne peut faire l’économie de la responsabilisation individuelle, a l’aune d’une solidarité entre les citoyens, pour proposer une approche globale, qui éliminera les mesures catégorielles qui brouillent le paysage, la compréhension et le suivi. Cela conduit à penser que la solution passe par une protection sociale, la plus ambitieuse possible en termes de santé, de nature à redistribuer au plus grand nombre. Sur un tel socle, construit par un consensus citoyen et financé par le budget national géré par la sécurité sociale, il peut être envisagé un second niveau. Un niveau d’exercice des solidarités de proximités territoriales, pathologiques ou corporatistes gérés par des communautés de personnes, qui librement mettent en commun des moyens pour des garanties plus ciblées. C’est là que le modèle des vraies mutuelles trouve toute sa pertinence. Le reste, qui relève du somptuaire, d’un certain confort ou effet de mode, reste disponible pour l’assurantiel capitalistique et concurrentiel.
R HASSELMANN.
(Article publié sur LES ECHOS.fr le 25.02.18)

vendredi 16 février 2018

SYSTEME DE SANTE:PARLONS FRANC!




La sortie en couple du Premier ministre et de la ministre de la Santé, en ce début de semaine dans un hôpital francilien, les initiatives désordonnées pour des états généraux de la santé, donnent à redouter qu’une nouvelle fois, on mette la poussière sous le tapis.

Il est clair que la santé au sens large n'est pas au rang des priorités d'un gouvernement qui ne semble pas avoir compris qu'il s'agit là du bien le plus précieux de l'individu. La santé et ses principaux déterminants, le logement, l'emploi, l'éducation, la sécurité constituent le cadre d'un modèle social à rebâtir.
Il est temps donc de parler franc et de savoir de qui l'on parle. La santé n'est pas le soin, qui est un des éléments du système, au même titre que l'hôpital n'est qu'un des instruments du système de santé.
La question est donc simple, avons-nous un système de santé, efficace, bien organisé et en phase avec le nouveau siècle ? Quelques marqueurs peuvent permettre de forger le diagnostic, les nouvelles technologies, les réponses à la nouvelle donne démographique et le vieillissement, la réalité des nouvelles pathologies et ALD identifiées, enfin et surtout, le retour sur investissement du denier public investi.
Une telle question va conduire à bousculer des citadelles et à engendrer toute une série de réflexes corporatistes, au niveau de la technostructure sanitaire, au niveau du monde des professionnels de santé et surtout au sein d'acteurs industriels et capitalistiques.
S'agissant des professionnels de santé, où qu'ils exercent, faisons-leur un crédit de bonne foi, de lucidité et de qualité reconnue. En appelant à percer l'abcès, en bousculant des certitudes, il s'agit simplement de faire oeuvre de prévention, prévenir mieux que guérir. Sortons du curatif, des rustines et des gesticulations pour voir comment on peut installer un vrai système de santé qui offre des mesures en amont de la maladie ou de l'accident, avec une prévention comportementale qui ne sera plus cantonnée aux simples vaccins.
C'est ici que la prise en compte des déterminants de santé trouve sa justification, et la définition de l'OMS, son sens. La santé est constituée par tout ce qui concourt à l'équilibre intellectuel et physique de l'individu. Dès lors, un état des lieux s'impose pour poser le bon "diagnostic", en quelque sorte "ausculter" le pays, pour entendre le citoyen dans ses attentes et ses propositions.
Voilà l'objectif de ceux et celles qui regardent les réalités en face, "sans casser les thermomètres". Ainsi peut on dire simplement que l'allongement de la vie qui mérite de nouvelles réponses, est avant tout dû à l'amélioration des conditions de vie. Dès lors, notre système de soin n'est pas fondé à se parer de cet indicateur, pour justifier ses citadelles.
Il reste donc à identifier des mesures pratiques, efficaces et visibles, pour refonder un système de santé en capacité de répondre aux attentes. À ce stade un exemple, un système de santé qui intégrerait un parcours de prévention tout au long de la vie, à partir d'une éducation en santé mise en place dés l'école primaire, serait un signe fort. Ce que nous avons entendu à Eaubonne ce mardi est loin du compte. C'est une refondation profonde et systémique du système de santé qu'il est urgent d'engager. Ainsi, s'il est indéniable que l'hôpital est le maillon fort du système de soins, alors il faut laisser les professionnels de santé être aux manettes. Un hôpital pôle du curatif lourd, de la recherche et de la formation et animateur pivot de toutes les proximités territoriales.
D'autres évidences sont disponibles, il suffit de bien vouloir entendre les acteurs concernés, les citoyens notamment au travers des vraies mutuelles, celles, de plus en plus rares, qui méritent encore un vocable protégé par le code de la mutualité. Ces groupements de personnes en proximité collaborent étroitement avec les professionnels de santé, en faisant de leurs adhérents les vrais contacts, sans qu'il soit besoin de charger les cotisations de frais publicitaires et autres sponsoring qui trouveraient un meilleur emploi dans la prise en charge d'actions préventives.


R HASSELMANN
(publie dans LES ECHOS.fr)