mardi 12 mai 2020

SCIENCE ET DECONFINEMENT.





Si les données scientifiques doivent éclairer la décision publique – ce que je crois – et pouvoir être partagées de façon transparente avec la population, les études sérologiques et épidémiologiques deviennent des éléments guidant pour le déconfinement.
La première étude menée fini mars (publiée sur leur site le 23 avril) par l'Institut Pasteur sur les personnes contaminées dans le cluster constitué par un Lycée de l'Oise apporte des précisions sur le « taux d'attaque» - schématiquement le nombre de personnes infectées dans une communauté à la fin d'une épidémie – et quelques informations complémentaires. Le taux d'attaque de 26% indique ainsi que l’immunité collective ne peut s'établir rapidement.

 L'article a largement été relayé par la presse (20 minutes, Les Echos, LCI, etc.).
L'Institut a décidé d'élargir l'étude à tous les enfants de la commune pour « connaître l'impact et la diffusion du virus chez les plus plus jeunes » (article France 3 Haut-de-France, 26 avril). Connaître les résultats de cette étude aurait-il éclairé la réouverture des écoles ?
L'Instit Pasteur a aussi présenté, en date du 21 avril une première étude épidémiologique à partir des personnes hospitalisées et des personnes confinées sur un paquebot (le Princess Diamond). (voir article France Culture en date du 22 avril)
Une étude menée sur 100 000 personnes par l'Institut Max Planque en Allemagne est attendue avec impatience.
L'étude de l'Institut Pasteur confirme que l'immunité collective n'est pas une option tant elle sera lente à obtenir. Elle renseigne aussi sur le taux de reproduction de la maladie, répondant au doux acronyme «RO ». De 3,3 à l'origine – une personne contaminée en contamine 3,3 autres -, il a chuté à 0,5 grâce au confinement. En restant en dessous de 1, il signifie que l'épidémie s'épuise.
Le RO va-t-il devenir notre référence en déconfinement ? Sa mesure semble pouvoir renseigner sur l'impact de celui-ci face à la pandémie.
L'article de France Culture indique qu'il s'agit de « desserrer le confinement tout en maintenant la distanciation physique » pour maintenir le RO au plus bas.
Cet objectif éclaire en creux l'importance des tests. Or, la presse – et la communication gouvernementale – se font discrètes sur le sujet. Une grande étude est lancée en France (nommée EpiCOV) –article BFMTV du 24 avril, Sciences et Avenir du 2 mai) début mai sur la foi de questionnaire et de tests à réaliser chez soi. Résultats attendus fin mai. Une date tardive. Une autre étude épidémiologique commentée fin avril et mise en ligne le 6 mai (et réalisée à partir de données de l'AP-HP et de l'Université de Columbia). C'est, semble-t-il à partir de celle-ci que le gouvernement a décidé du déconfinement à compter du 11 mai. 

Elle indique aussi que seule la protection (isolement) des personnes les plus vulnérables (entre 12 et 17 millions de personnes) pendant... 38 semaines éviterait une forte mortalité parmi cette population. (article dans l'Opinion en date du 29 avril, Le monde en date du 7 mai). L'étude indique que, faute de cette mesure, le risque d'une 2eme vague est fort et qu'elle débordera de nouveau le système hospitalier. 
Cette option a été écartée par le gouvernement à ce jour, pour ne « pas discriminer les seniors ». Le choix est fait de compter sur le civisme de chacun plutôt que d'imposer une nouvelle contrainte. 
J’en conclus que les données scientifiques ne guident pas la décision politique, au mieux elles la
renseignent. Toutefois, elles ne l'éclairent pas vraiment, sois qu'elles arrivent trop tard, soit qu'elles sont refusées.

Eric LAFOND
Administrateur LIBR'ACTEURS.

lundi 4 mai 2020

Les masques tombent!






Un communiqué « inter ordres de santé » diffusé hier conduit de nombreux citoyens à s’interroger, et à trouver parfaitement légitime la colère et l’amertume de ces professionnels.

 Comment la grande distribution peut elle disposer de stocks pléthoriques de masques protecteurs, là ou votre pharmacien, votre dentiste, votre ophtalmologiste et d’autres professionnels pleurent misère.

Rigidité et archaïsme.
Cette déplorable situation, est l’occasion d’attirer l’attention du grand public, sur une réalité mainte fois dénoncée, la rigidité et l’archaïsme de notre système administratif.
Ainsi le Directeur d’un grand groupe de distribution, commande des masques et en reçoit livraison en 48 h, là ou le Directeur de l’hôpital, voir le DG d’une ARS, qui a commandé un mois plus tôt attend toujours livraison.
C’est ignorer le cheminement long et tortueux de la dépense publique.

Précaution pour l’emploi du dernier public.

Vous allez comprendre, l’Etat, une collectivité locale, ou un établissement public hospitalier, a vocation à dépenser le denier public, dans de strictes conditions, hormis cas exceptionnels.
En l’espèce, un Directeur d’ARS (Agence régionale de Santé), est un ordonnateur qui peut ENGAGER une dépense, ce faisant il rend la collectivité débitrice en commandant des masques. A la suite ses services LIQUIDENT la dette, dans son montant et la réalité des éléments constitutifs (prix, nombre de masques etc…). Dés constatation du SERVICE FAIT, réception et acceptation de la commande et livraison, ce même ordonnateur ORDONNANCE la dépense en émettant un mandat de paiement, transmis au COMPTABLE PUBLIC, seule habilité à délivrer le VU BON A PAYER et à PAYER effectivement le fournisseur en vertu du principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables.

Dans le meilleur des cas, entre la décision de commander, et la livraison s’écoule un certain temps, quant au règlement effectif du fournisseur c’est encore plus long. Étonnez vous que ces mêmes fournisseurs, alimentent par priorité les grandes surfaces.

Cet exemple comme de nombreux autres, commandent l’urgence qu’il y a, à revisiter nos procédures en responsabilisant les acteurs, en éliminant des étapes redondantes et en identifiant les urgences absolues ou le denier public doit être immédiatement disponible.

Sauf à penser que les élus Maires, Présidents de Régions…règlent rubis sur l’ongle avec leur carnet de chèque, ce qui serait une belle entorse aux règles de la dépense publique.

R HASSELMANN

Président de LIBR’ACTEURS
Administrateur de l’INSTITUT SANTE.

jeudi 30 avril 2020

HARO SUR LE P.I.B.?.






-5,9% aux Etats-Unis, -6,8% en Chine, -6% en France, la chute annoncée du PIB fait la une des journaux, venant encore en rajouter sur l’anxiété des gens.

N’est-il pas enfin temps de s’affranchir de cet instrument grossier… et mensonger ?

Non pour casser le thermomètre qui est censé mesurer la santé économique du pays, mais pour nous permettre de prendre les bonnes décisions : pour faire simple, des décisions orientées vers le bonheur des gens plutôt que vers la prospérité des indices boursiers.

Deux observations pour étayer ce propos :

- Le mois d’avril que nous vivons : les experts nous prédisent en France sur le mois, une chute du PIB de l’ordre de 30%, alors que nos concitoyens ne manquent quasiment de rien d’essentiel (sinon d’espace pour ceux qui vivent dans de petits appartements). 60%, dit-on, vivent même ce confinement agréablement. Quel est alors le lien entre le bonheur ressenti et le PIB ?

- Et si la reprise se fait, comme beaucoup l’espèrent, sur un nouveau modèle plus en adéquation avec la survie de l’humanité, nul doute que le PIB en sortira sensiblement dégradé : moins de produits et de services inessentiels, moins de gaspillage, moins de déchets, moins de trajets en avions, moins d’accidents sur les routes, moins de surfaces bétonnées, … autant de facteurs négatifs en moins, qui aujourd’hui apportent une contribution curieusement positive à la croissance du PIB.

Le changement de perspective auquel nous sommes invités par une majorité de nos concitoyens n’implique-t-il pas dès aujourd’hui un changement dans la façon dont nous mesurons le développement de notre société ?
Il en va du PIB comme du cholestérol : il y a le bon et le mauvais ! Et, de la même façon qu’on n’apprécie plus maintenant la santé d’une personne à son seul taux de cholestérol A (ou B), il est urgent d’apprécier la santé de notre société autrement que par le seul PIB.

Un indicateur qui prendrait certes en considération la production de biens et de services, mais en leur attribuant un signe positif ou négatif selon leur adéquation avec la nouvelle perspective choisie, et prenant en compte :
- La qualité des services à la population (dont la santé, la justice, la sécurité),
- La préservation des ressources naturelles y compris énergétiques,
- La réduction des émissions de gaz à effet de serre,
- L’économie d’espace (en opposition à l’artificialisation des sols),
- La réparabilité des équipements et les taux de recyclage,
- La renaissance de la faune et de la flore dans leur diversité,
- Etc.
Tout ceci n’a rien de nouveau. Ce qui est nouveau, c’est l’urgence dans laquelle nous sommes de sortir du piège dans lequel nous enferme le PIB pris comme référence unique, et de trouver rapidement une façon plus intelligente de mesurer le développement des nations ; développement nécessaire, car tout être vivant croît… ou meure.

A l’aune de ce nouvel indicateur, nous découvrirons sans doute que la catastrophe économique actuelle n’est pas si dévastatrice qu’on l’imagine. A condition que l’on aide rapidement les branches d’activités inessentielles à se réinventer ; et surtout qu’on aide fortement les individus qui en dépendent à survivre puis se reconvertir.

J BELLIER, Maire de JOUY EN JOSAS
Membre Fondateur de LIBR'ACTEURS

lundi 27 avril 2020

LE TEMPS D'APRES







Dans 15 jours, si rien ne vient changer la donne, le pays entre dans la phase dite de déconfinement.

Cette opération va être conduite selon des critères, sanitaires (testés ou pas, positifs ou pas), générationnels (plus de 65 ans, ou pas, prime enfance ou pas), géographiques (régions plus ou moins infectées), économiques sectoriels (commerces, restauration, spectacle vivant, sport etc…)

Cette simple énumération, nonobstant les aspects intendance (masques, gel, tests, espaces accueil des positifs à risques.) témoigne de la complexité d’une opération à bien faire comprendre à la collectivité à commencer par les élus qui découvriront demain les modalités.

La difficulté est obérée, par un contexte social marqué par la défiance, et l’angoisse, en dépit ici ou là de belles preuves de solidarité et d’ingéniosité.
Tout l’enjeux du pouvoir en place,  consiste à proposer un projet collectif crédible, que le plus grand nombre s’appropriera, pour évacuer la peur individuelle d’un lendemain incertain.

Il faut espérer que le pouvoir compte en ses rangs de vrais spécialistes de la gestion des ressources humaines car c’est de cela qu’il s’agit. Des spécialistes des techniques de motivation des équipes en entreprises, de la connaissance des sociostyles, qui permettent d’identifier les bons outils pour motiver, la construction collective d’un plan stratégique.

Le citoyen a titre individuel est perturbé par un monde bouleversé, dans l’espace et le temps, par le fossé qui se creuse entre le riche et le pauvre, par la prise de conscience de la mondialisation et de « l’Autre », couplée à la réalité palpable d’une terre qui a ses limites notamment au plan des ressources naturelles.
Ce citoyen, quand il se regroupe, attise sa hantise quand il constate notamment la faiblesse des gouvernants, des pseudos sachants ou des institutions désormais trop rigides pour des réactions appropriées.

Voilà, une sorte d’état des lieux, qui doit conduire la suite de nos travaux.
 « Rendre le citoyen acteur de son destin ». Cette ambition correspond à la certitude que le Français a une volonté première, comprendre les données et les conséquences pour maitriser autant que faire ce peut ce destin individuel et collectif.
Il convient donc de réfléchir a UNE REVOLUTION, au sens littéral du terme, à savoir une transition circulaire dans tous les domaines.

A cet égard, les expériences d’économie circulaire, dans les échanges de biens et services constituent un bel exemple, qui doit servir de tuteur pour les domaines institutionnels, économiques et financiers.

Cela devrait peut-être éviter La REVOLUTION celle violente, qui conduirait au chaos.

R HASSELMANN
Président de LIBR’ACTEURS