mercredi 21 juin 2017

Santé : redéfinir les rôles



La santé est le bien le plus précieux de l'individu. Sans elle, toutes nos activités sont, au mieux limitées, au pire interdites. Elle est un patrimoine individuel et collectif qui mérite toutes les attentions, et pour laquelle l’humanité a forgé, à l'aube des temps, les premières grandes solidarités.
Il est particulièrement regrettable que des erreurs de communication manifestes aient marginalisé la question de notre modèle de santé lors de la présidentielle, et qu'une récente affaire ternisse l'image d'un acteur fondamental : la Mutuelle.

À l'évidence, il est pourtant très urgent de revisiter notre système de santé, conçu à un autre siècle, à un moment ou les professionnels de santé se sentent mal aimés et/ou des acteurs administratifs et économiques sortent de leur rôle. Comme souligné, à juste titre par F. Bizard, économiste de la santé ("Politique de santé, réussir le changement"), en termes de santé comme en matière de chômage ou de retraite, nous sommes passés d'un risque court à un risque long. Il importe dès lors d'individualiser la démarche pour responsabiliser le citoyen notamment en valorisant l'information et la prévention.

Il est surtout indispensable de revenir a des fondamentaux, trop longtemps perdus de vue, en matière de santé il n'y a que 2 acteurs qui comptent. Le citoyen financeur et patient et le professionnel de santé, qui jouit de la confiance, autorisée par les études suivies et le dévouement avéré. Tous les autres intervenants, ne sont que des prestataires administratifs ou industriels et doivent rester cantonnés à ces rôles. Convenons que nous sommes loin du compte quand on voit la main mise de la bancassurance ou le poids des industries du médicament.

Il est pour le moins paradoxal, à l'heure du client roi qui pilote, et du prestataire fournisseur qui s'efforce de satisfaire la demande, de constater que le rapport est inversé en matière de santé ! Le citoyen patient "client" doit rester libre du choix de son "fournisseur" et être acteur de sa santé par son comportement, sa lucidité et son refus de toute aliénation mercantile ou administrative.

Une connaissance assez précise des réalités de terrain donne à penser qu'un citoyen sensibilisé et informé est le premier vecteur d'une politique de santé responsable. Ainsi lors de la mise en place du médicament générique, au sein d'une mutuelle "historique", un message ciblé a permis de peser sur la consommation médicamenteuse et le comportement de milliers de sociétaires, érigés en ambassadeurs d'une stratégie partagée avec les professionnels de santé prescripteurs.

Mutatis Mutandis, c'est cette approche qui doit être privilégiée, en partant de la prévention pour se prolonger par le curatif médicamenteux et réparateur. Toutes les données montrent que l'investissement dans le préventif offre un formidable taux de retour en matière d'économies en aval. Il suffit d'affirmer une vraie volonté politique de choix sociétal en résistant aux différents lobbies et petits intérêts, et en identifiant le soin comme un maillon d'un ensemble plus vaste, le système de santé, lui même pilier d'un modèle social rénové. 

Cela posé, il faut ouvrir très vite plusieurs chantiers simples qui vont cibler les vrais acteurs habilités. Dans le même temps, il faut identifier les axes prioritaires de recherches, en fonction de priorités de santé publique incontestables. Cela est aisé, car les déterminants forts de santé sont connus.

Avec une telle ambition, l'acteur évident est le citoyen financeur/patient. Dés lors son éducation à la prévention et à la santé est indispensable. Il faut aussi identifier l'instrument institutionnel le plus efficace pour que ce citoyen soit force de proposition entendue et suivie. Une force qui doit apprendre à mieux connaître les professionnels de santé, dans leurs pluridisciplinarités, pour conforter le lien de confiance et éviter que des intermédiaires viennent brouiller les cartes.


Ce doit être l'objectif d'états généraux à réunir d'urgence. Temps de construction où la vraie mutuelle démocratique et transparente doit prendre toute sa place, à condition que rien ne brouille son image et ne la banalise dans l'esprit du grand public.