vendredi 7 octobre 2022

CHARITE BIEN ORDONNEE.



La crise de l'énergie agit comme un révélateur des inégalités au sein de la société. Alors que l’appauvrissement de la population est devenu une réalité de plus en plus tangible, cette période de difficultés est l’occasion de relancer le débat sur le partage des richesses produites. Tandis que les écolos tentent d’exister en créant des débats inutiles sur l’interdiction des sapins de Noel, l’ouverture de piscines communautaires ou la responsabilité du mâle dominant devant son barbecue, la petite musique de la taxation exceptionnelle des profits indécents des sociétés du CAC40 refait surface. Pour se faire une idée précise de l’ampleur de la gabegie, il n’est pas inutile de se replonger dans les chiffres dénoncés chaque année dans le rapport de l’Oxfam.

Cette crise énergétique n’est malheureusement pas la première que les français aient à affronter. Crise pétrolière, crise d’internet, crise des Subprimes, crise financière, crise des matières premières, crise du Covid-19, crise en Ukraine. Depuis 40 ans, les crises se succèdent, présentant à chaque fois un nouveau visage. Mais ces crises, toutes différentes dans leur apparence, ont un dénominateur commun et immuable. Les pauvres s'appauvrissent et les riches s’enrichissent.

Au regard d'une telle répétition presque méthodique, le terme de crise est-il réellement adapté ? Parler de crise renvoie inévitablement à l’idée d’un incident ponctuel et imprévu qui s’abattrait sur tous avec la même sévérité, provocant les mêmes conséquences, obligeant l’ensemble de la population aux mêmes efforts et aux mêmes sacrifices. Peut-être devrions-nous nous interroger sur l’origine de ces crises. Sommes-nous réellement face à une succession d’incidents exceptionnels provoqués par des circonstances tout aussi exceptionnelles auxquelles nous devons faire face collectivement ? Je ne le crois pas. Une crise qui revient à intervalle régulier n’est pas une crise ; c’est un système organisé, un modèle économique autonome obéissant à ses propres règles et disposant d’un ensemble de mécanismes de protection destinés à garantir sa pérennité. Ce que le monde politico-médiatique nous présente abusivement comme une « crise », c’est-à-dire un accident, est en fait le résultat d'un système financier parfaitement contrôlé dans lequel les gros poissons se gavent au détriment du menu fretin que nous sommes. Tout ceci n’est évidemment pas nouveau. Biberonné a l'humour décapant de Coluche, je me souviens de cette petite phrase de l’humoriste : « Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça ».

La guerre en Ukraine a montré les limites d’un mode de vie basé sur l’hyper consommation et l’a recherche de rentabilité à tout prix. Comme toujours, les hommes politiques s’agitent devant les caméras pour gérer les conséquences de ce qu’ils ont eux-mêmes provoqué plutôt que de s’attaquer aux causes profondes qui ont généré le désastre écologique que nous connaissons. L’écologie, la vraie, pas celle des aparatchik qui ont sacrifié notre indépendance énergétique sur l’autel de quelques mandats facilement gagnés et généreusement rémunérés, celle

du bon sens paysan, du respect du rythme de la planète, du renouvellement de ses ressources naturelles, de l’économie raisonnée, de la sobriété heureuse ; cette écologie-là ne connait ni parti politique ni frontière.

Tant que nous envisagerons la question écologique à travers le prisme local et réducteur du combat partisan, nous passerons à coté de l’essentiel. Tant que nous trouverons normal de construire des stades climatisés au milieu du désert, de confier l’organisation des JO d’hiver à un pays où il ne neige pas, de considérer comme un « progrès » la mise en place d’une nouvelle génération de téléphonie mobile qui ne répond à aucun besoin hormis celui de vendre des téléphones à des gogos branchés, nous n’aurons pas pris conscience des véritables enjeux. Tant que nous refuserons d’accepter que nous ne sommes pas la solution, mais que notre manière d’être et notre rapport à la planète constituent le problème principal, nous n’aurons pas commencé à réfléchir sérieusement à la problématique écologique.

La question n’est donc pas de définir l’heure à laquelle il convient d’éteindre les lumière des bureaux inoccupés. Evidemment que les bureaux doivent être éteints la nuit. Cela tient du bon sens. La question de fond que nous devons avoir le courage de nous poser porte sur la pérennité d’un modèle économique qui pille les ressources naturelles de la planète au profit d’une extrême minorité d’individus dont nous avons la chance de faire partie. Car le bilan de nos modes de vie n’est pas joli à voir. En à peine 50 ans, nous avons détruit plus de la moitié des arbres, des insectes, des poissons d’eau douce et des mammifères sauvages. Chaque année, rien qu’en Europe, 700000 décès sont directement liés à la pollution que nous avons nous-mêmes généré.

Il suffirait de prendre un peu de recul pour constater que, comble de l’ironie, nos sociétés modernes disposent de richesses totalement inaccessibles pour la grande majorité des 8 milliards d’individus qui peuplent la planète. Pendant que nous dénonçons à cor et à cri - et à juste raison - l’injustice sociale qui nous prive de notre part des dividendes du CAC40 et de notre capacité à consommer des biens inutiles fabriqués au bout du monde dans des conditions sanitaires épouvantables, nous refusons de voir que nos habitudes de surconsommation compulsives sont à l’origine du désastre écologique que nous imposons à l’ensemble des habitants de la planète. Quel égoïsme.

Charité bien ordonnée…

Stéphane GUYOT (Pt PARTI DU VOTE BLANC)