
L’auteur dresse un constat sévère de l’état de la presse et des médias : effets pervers d’une concurrence exacerbée qui conduit à la précipitation, soumission aux intérêts des annonceurs, publi-reportages camouflés et fausse objectivité, téléspectateurs transformés démagogiquement en journalistes ou en animateurs, émotion plus qu’information, brièveté, zapping et superficialité, puissance de l’image et de sa répétition…
D’ailleurs le citoyen n’est pas en reste et le journaliste s’y soumet : adeptes du consensus mou autant que de l’invective au détriment du débat, il se transforme même en journaliste ou en homme politique sur l’Internet qui, possible outil de communication et d’ouverture, devient trop souvent celui du repli sur soi.
Curieuse communication ! C’est bien ce qui interpelle Libr’acteurs.
Pour ma part, je suggère par conséquent deux pistes de réflexion.
C’est à la collectivité, à l’Etat, de donner vie à une chaîne de TV (et de radio ?) authentiquement citoyenne, dans un cadre éthique et d’objectivité que nous savons construire si nous le voulons. Cette chaîne doit allier le sérieux de l’information et un caractère ludique et divertissant qui la rendra attractive. Ce que nous savons faire si nous le voulons.
Quant à la presse écrite, coincée entre son asservissement aux annonceurs et celui des adeptes du "consensus mou", elle a besoin d’autres sources de financement. La presse écrite réellement indépendante ne peut vivre qu’avec un statut fiscal et social très privilégié (dont celui des dons), voire avec des subventions dispensées dans un cadre éthique et réglementaire exigeant. Ce que nous savons également faire si nous le voulons, surtout si, comme nous le préconisons sur ce blog, nous rénovons authentiquement et en profondeur notre vie démocratique.
Je suis conscient que mes propositions puissent surprendre. Tant nous sommes habitués à l’environnement médiatique actuel.
Pourtant, si nous voulons commencer à échapper à cette objective conjonction des pouvoirs d’argent, de celui des médias et du lecteur-spectateur, nous devons oser faire des propositions téméraires.
Téméraires en ce sens que mes détracteurs feront l’économie du débat en me rappelant l’ORTF (pour les anciens) ou en invoquant mon totalitarisme, concept hérité d’un passé ici révolu mais qui leur colle à l’esprit faute d’imaginer autre chose que le totalitarisme actuel et bien réel des pouvoirs dénoncés par Albert Du Roy.
N’est-ce pas une condition nécessaire et toutefois insuffisante pour redonner vie à l’authentique démocratie dont nous avons absolument besoin ?
Christian LIEBER
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EVENE
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Roger Blachon