samedi 11 mai 2013

LE 8 MAI.......OUI MAIS !

"Un billet destiné aux Echos mais jugé trop léger pour un journal "sérieux".
OUI MAIS on peut être très sérieux sans se prendre au sérieux ... A vous de juger !"

En ce jour d'Ascension, nous ne pouvons résister au plaisir de vous livrer le fruit des échos recueillis par les LIBR'ACTEURS le 8 MAI.
Nos équipes se livrent ici ou là à des micros-trottoirs pour recueillir les ressentis et les attentes sur le terrain. La question du 8 MAI, et le résultat accablant, débouche sur un exercice à peine retouché !

Nous nous sommes promenés et avons posé quelques questions !

Que signifie pour vous le 8 MAI ?
Euh ... la pentecôte, non l'ascension, non l'armistice, euh ... non un jour de conges en plus. On pourrait donc supprimer cette commémoration de la capitulation nazie ? OUI MAIS... faut pas toucher à nos avantages acquis !

Vous savez pourtant que la dette explose et qu'il faut être plus productif ? OUI MAIS l'ETAT doit commencer par faire des économies !

Donc on doit réduire le nombre de fonctionnaires et lutter contre l’absentéisme ? OUI MAIS j'ai des amis fonctionnaires qui travaillent bien et c'est des métiers durs !

Vous pensez alors que l'on pourrait jouer sur le temps de travail pour le rendre plus flexible ? OUI MAIS sans toucher à mon contrat de travail !

On pourrait peut être faire des économies en réduisant le nombre des élus et le cumul des mandats ? OUI MAIS, mon Maire il est aussi député et il défend bien notre commune à PARIS !

On pourrait alors revoir le droit de gréve, des salariés protégés ? OUI MAIS c'est parce qu'ils ne risquent rien qu'ils font grève ; c'est mieux que ce soit eux !

Donc vous êtes d'accord avec la grande majorité des français pour dire "il faut que cela change" ? OUI MAIS ...à condition que cela reste comme maintenant !

Mais dans d'autres pays, ils ont réformé et cela va mieux ! OUI MAIS ...chez nous c'est pas pareil !


A ce stade nous avons remisé nos stylos, et revisité quelques belles formules du style : "LE BON SENS EST LA CHOSE DU MONDE LA MIEUX PARTAGEE"
Nous avons aussi pensé sans rire au MUR DES C..... au CASS TOI POV C........ et au DINER DE C.......
Mais rassurez-vous, nous ne baissons pas les bras pour autant.

Bon 10 MAI

dimanche 5 mai 2013

Ruser avec ses principes « de précaution »


LIBR'ACTEURS croit opportun de soumettre à la réflexion de ses lecteurs et sympathisants, l'analyse de l'un de nos membres experts, qui porte sur un sujet sensible, avec une mise en perspective d'un principe de précaution qui nous tient à coeur.
Merci de vos réflexions.


L’enfant occidental est devenu rare. Les couples se forment plus tardivement et sur d’autres bases que naguère 1.
Les études, puis la volonté de faire carrière, prennent souvent le pas sur la vie affective et familiale.
Selon le sociologue Paul Yonnet 2, le recul de la mortalité maternelle et infantile ainsi que l’avènement de techniques efficaces de contraception au cours du XXème siècle, ont donné à l’enfant un statut nouveau.
Il est désiré et semble être un bien suprême. Ainsi, les personnes qui ne peuvent enfanter pour des raisons physiologiques ou médicales, éprouvent souvent frustration et désespoir. Ils se sentent privés de ce « droit », apparu insidieusement au cours des dernières années, le « droit à l’enfant ».
Celui-ci place alors dans l’imaginaire collectif, la parentalité comme un droit intangible. Ce « droit », serait sur le même plan que d’autres droits, tels celui au logement ou encore celui à
une allocation sociale. Grâce aux avancées de la procréation médicalement assistée (PMA), chacun pense pouvoir obtenir une descendance et ne pas être frustré de l’amour de sa progéniture.
Puisque l’on peut, le « droit à l’enfant » s’exprime et l'existence d'un droit produit des revendications.

Mais il y a là un mauvais tour joué par le verbe « pouvoir » en français contrairement à d’autres langues : il ne distingue pas la possibilité technique de faire, de la
permission légale d’agir. C’est dans ce contexte que s’inscrit la question d’actualité de l’accès à la PMA pour les couples homosexuels, que l’on pourrait étendre aux femmes ou aux hommes célibataires.
En vertu du principe d’égalité faut-il répondre techniquement à ce désir d’enfant et ne pas laisser exclusivement à un homme et une femme en couple, le droit de donner la vie ?

Avant de prendre position pour l’une ou l’autre de ces deux visions de société, il faudrait s’assurer que les questions posées sur l’évolution psychique et sociétale des enfants nés dans ces nouvelles conditions, auraient trouvé réponse. Or, même si régulièrement des statistiques, souvent fragiles, des histoires de vie et de petites séries sont rapportées pour montrer que ces enfants ne sont pas différents des autres, un doute persiste.
Les positions contradictoires prises sur ce sujet par des psychanalystes, des philosophes ou des sociologues de renom en témoignent. Malgré cette incertitude, les tenants de la généralisation de la PMA minimisent dans l'argumentation, le discernement philosophique et les considérations anthropologiques ou spirituelles, au profit de l'émotionnel qui tiennent alors lieu d'arguments. Ils acceptent, sur l’autel du « droit à l’enfant », une inconnue qui peut éventuellement perturber l’avenir même de ces enfants à naître et à vivre dans des conditions inhabituelles. On ne sait pas précisément ce que le « droit à l’enfant » convoqué pour satisfaire ce puissant désir d’enfant, peut avoir comme effets sur sa vie future.

Alors, ne sachant pas répondre à cette question, la société semble prête à « ruser », selon la tournure du poète Aimé Césaire 3, avec certains des principes de la recherche clinique : puisqu’il y a ici un doute, la situation mériterait les mêmes attentions que celles habituellement exigées dans ce domaine.
Car enfin, pourquoi faut-il passer devant un pointilleux Comité de Protection des Personnes pour pouvoir donner le moindre placebo à un sujet qui consent à participer à une étude clinique et ne rien exiger de tel ici ?
Pourquoi le principe de précaution qui face à une incertitude conseille la prudence plutôt que l’audace et qui s’impose dès qu’une suspicion de risque pour la santé est évoquée, n’est-il pas invoqué
dans ce cas précis ?
Il n’y a pas de réponse univoque à ces questions. Cependant, en suggérant implicitement que l’enfant n’a pas les droits habituellement accordés aux personnes, il est à craindre qu’il soit pris avant tout comme un dû, comme une chose destinée à combler un manque.

Michel Hasselmann
Professeur de réanimation médicale, Président de l’ERERAL (Espace de Réflexion Ethique Région Alsace)

1. Luc Ferry. La révolution de l'amour. Pour une spiritualité laïque. Plon, col. Essai, Paris 2010
2. Paul Yonnet. Le recul de la mort. L’avènement de l’individu contemporain. Gallimard, Paris 2006
3. Aimé Césaire. Discours sur le colonialisme. Présence Africaine, col. Poche, Paris 2000

Vous pouvez retrouver et télécharger l'article original paru dans la lettre N°63 du CEERE

Photo : sculpture à Oslo - Norvège