samedi 24 novembre 2018

INGOUVERNABLE?







Ce samedi, le pays donne a voir son mal être, et conforte la conviction de celles et ceux qui le voient ingouvernable. De fait il faut espérer que l’exaspération traduite dans la rue soit un signal salutaire pour poser les bonnes questions.

Vendredi, à l’initiative de SYNOPIA, s’est tenu dans les locaux de l’Assemblée Nationale, une rencontre en pleine actualité, portant sur l’avenir de la décision collective en démocratie. Outre la très grande qualité des intervenants, la structure des débats a permis un éclairage pertinent, sur les raisons de la situation actuelle.
Il faut avoir entendu tour a tour, un ancien Préfet, un ancien ambassadeur, un ancien président de cour d’assises, un Général ancien major général des armées, et un ancien Ministre pour bien comprendre comment et pourquoi nous en sommes là ! Avec une introduction en forme de supplique par le Président du CESE, qui plaide à juste titre pour une valorisation forte d’une institution qui doit être la voix citoyenne et une clôture par un sondage IFOP commandé pour la circonstance qui révèle les fractures et le désamour des citoyens, le tableau est complet.
Comme souligné lors des débats, a partir d’une formule du québécois JM  WYL, plus nos sociétés sont organisées, plus les choix sont difficiles. Alors on élimine le moment du choix pour se complaire dans les mots. A cet égard, la phraséologie présidentielle est riche d’enseignements, on y parle de réconciliation entre la base et le sommet ! Tout est dit, là ou il y a une quête d’horizontalité, d’égalité, d’équité, il est proposé un schéma figé et jacobin un sommet qui propose et une base qui s‘en contente.
C’est désormais très largement insuffisant, et à l’heure de la transition énergétique il serait temps de prendre en compte une énergie très particulière, celle de l’humain. L’énergie déployée par ce citoyen acteur et consommateur, qui par le biais des nouvelles technologies, a un accès universel à l’information, au savoir, aux vertus du partage.
Il est urgent de tirer les leçons du passé, d’observer le présent, en pensant a l’avenir, et aux modifications démographiques, climatiques, économiques et géopolitiques en gestation pour adapter nos institutions, nos modes de vie et d’enseignement.
Le citoyen n’est pas un sujet mais un acteur dynamique averti, il attend une nouvelle relation avec le pouvoir. Une relation de confiance, nourrie par la preuve et par une vraie cohérence entre les actes, en regard des engagements pris.
C’est ce qui conduit à penser qu’il est en effet urgent de réunir à l’échelle du pays des conventions citoyennes, composées de citoyens tirés au sort, et d’autres plus avertis. La décision collective implique en effet un socle d’informations et de connaissances partagés, car si la démocratie c’est le débat, a un moment il faut trancher et convaincre pour éviter les diktats et les passages en force.
La base de départ doit être constituée dans chaque domaine abordé, par une vision claire, et une parfaite compréhension de la question à résoudre, centrée sur l’intérêt général.
Il reste ensuite à bien cibler le niveau territorial d’exécution et la qualité et la compétence des opérateurs a qui seront confiés les leviers et instruments.
Ambitieux ? sans doute mais la situation le commande

R HASSELMANN