jeudi 29 mars 2018

ENTREPRISE PAR CI, ,ENTREPRISE PAR LA!


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L’Entreprise est à la mode, par la volonté du gouvernement qui entend en faire, la pierre angulaire d’une nouvelle France, éprise de vivre ensemble, de respect de l’autre et d’une nouvelle hiérarchie des valeurs vraies.


Pour se convaincre de cette réalité, il n’est qu’a lire les points de vue, articles, chroniques, qui traitent de la matière, notamment a l’occasion de la restitution du rapport NOTAT/SENARD, sur la nouvelle finalité d’une entreprise. Raison d’être d’une entreprise, capitalisme partenarial, ou encore penser l’entreprise autrement, pour reprendre quelques titres, cela est bel est bon, mais pointé et disponible de longue date.
Pour preuve, lors de l’émergence du concept de développement durable, certains se sont interrogés sur la place de l’entreprise, comme sur le contenu de ce qu’est le tiers secteur, pour faire cohabiter une finance « patiente », avec un salariat engagé, pour une résultante économique et sociale bénéfique au plus grand nombre.

Le développement durable a commandé les réflexions sur la forme alternative de l’entreprise et sur la connaissance plus fine du tiers secteur, pour voir en quoi, légèrement aménagé, il pouvait être la bonne réponse à la question du POURQUOI d’une entreprise.
Une entreprise qui fait sienne l’idée du développement durable, avec ce que cela implique, est la réponse que l’on cherche. Il va s’agir d’une entreprise respectueuse de l’homme, de la nature, des générations futures. Ce sera aussi une entreprise qui au quotidien, par son comportement social et par les comportements individuels en son sein montrera sans équivoque son respect de l’individu. C’est dans un tel cadre que trouve toute sa place le management éthique, l’écologie des collaborateurs ou encore la promotion de la V.A.E (validation des acquis de l’expérience).

L’ambition est grande, on parle ici d’un véritable choc de la culture de l’entreprise. Au même titre que les entreprises ont intégré une culture de la qualité, de la traçabilité ou de la relation client, elles vont devoir systématiser tous les ingrédients du développement durable.
En fait cela existe déjà et cela marche. Les plus beaux fleurons peuplent l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est le tiers secteur. Il suffit d’aménager légèrement, d’y faire le ménage pour en expulser les usurpateurs.
Il faut espérer que la société de personnes, qui est la marque des entreprises de l’ESS, puisse être remise sur le devant de la scène, expliquée et commentée, pour que le plus grand nombre la plébiscite.
On y parle d’un capital vertueux et raisonnable, qui est un instrument respectueux du travail et modeste dans sa rémunération. On y parle de gouvernance totalement partagée, de réserves inaliénables et on y restaure le vrai sens de l’affectio societatis .
Ce serait dommage de perdre du temps en voulant réinventer la roue, après avoir été trop longtemps à la remorque d’un Etat jacobin corporatiste dépassé, et snobé par un marché  discrédité par les rémunérations du capital déraisonnables , la société de personnes, a un vrai rôle a jouer.

Ce sera un formidable grand pas, celui ou les salariés ne seront plus comptabilisés en charges, mais en atouts et en richesses.

R HASSELMANN( pour LES ECHOS.fr)

vendredi 23 mars 2018

FORMATION PROFESSIONNELLE, suites.....

         


   
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Le “big bang” de la formation professionnelle ouvre-t-il un espoir pour tous ceux qui n’ont pas ou plus d’emploi ? L’appétit de nos dirigeants à épuiser le vocabulaire du changement (révolution, transformation, big bang…) est sans égal. Alors même que le changement initié est souvent fort modeste.

Revenons toutefois à la réforme à proprement parler. Symboliquement, en octroyant la collecte des cotisations à l’Urssaf, l’Etat signifie aux OPCA leur inefficacité et certainement leur disparition. Il passe aussi le message aux branches qu’elles ne sont plus incontournables pour définir les besoins de formation.

L’Etat reprend donc la main. L’agence quadripartite “France Compétences” validera les formations et évaluera les prix. Une nouvelle instance hors-sol et bureaucratique ? Les craintes sont légitimes.
En parallèle, et de façon surprenante, la réforme semble vouloir s’appuyer sur la logique de marché. Nous, salariés, demandeurs d’emploi, devenons libres de choisir notre formation continue ou professionnelle. En créditant en euros le CPF jusque-là peu utilisé, on nous offre une liberté inédite de gérer notre carrière professionnelle. Une liberté toutefois théorique si on ne devait s’appuyer que sur ledit CPF. En 10 ans, le capital serait de 5000€. Or, le moindre CQP dans l’industrie coûte 6500€, le titre d’aide-soignante 5000€, 3000€ pour être ambulancier, ou 1000 à 1200€ pour un simple Caces. Je ne parle évidemment pas ici d’un diplôme universitaire inaccessible avec ces budgets. Quel nouveau métier peut-on apprendre avec un si petit budget, telle est au final la question centrale ?

Dès lors, quel sont donc les objectifs de ces changements ? Ici se situe l’occasion manquée. L’enjeu est évoqué : la compétitivité de la France, par une main d’œuvre formée, adaptable aux contraintes de la mondialisation. Mais l’instrument est court et bancal et on compte sur la com — “le monde change, changeons de paradigme” — pour masquer sa faiblesse.

Rien dans cette réforme ni dans l’accord entre les partenaires sociaux (ANI — Accord National Interprofessionnel) ne concerne la formation de 6 millions de chômeurs peu ou pas qualifiés ; à l’exception d’une référence à un PIC (Plan d’Investissement dans les compétences annoncé en septembre 2017 et oublié depuis). Or, l’élévation du niveau de compétence moyen de la main d’œuvre française est évidemment au cœur de son organisation économique.

L’actuel système permet à moins de 10% des chômeurs d’accéder à une formation, et seuls les cadres disposaient d’une capacité réelle à se former (sans d’ailleurs vraiment l’utiliser). Rien n’indique que demain il puisse en être autrement.

Il eut été nécessaire de faire table rase et de repenser la formation continue avec les contraintes contemporaines. Nos dirigeants ont simplement changé le décor.

Eric LAFOND  (LIBR’ACTEURS)