jeudi 10 mai 2018

REFONDER NOTRE SYSTEME DE SANTE.





Un trĂšs grand nombre de spĂ©cialistes s’essayent Ă  montrer la voie et a faire entendre leurs voix, au moment ou la rĂ©novation de notre systĂšme de santĂ© fait l’actualitĂ©. Effectivement, il s’agit lĂ  du thĂšme majeur, pierre angulaire d’un modĂšle social qui craque en de nombreux points.

DĂ©s lors, avant de plaider pour les mĂ©rites de tel ou tel opĂ©rateur, pour l’intĂ©rĂȘt des rĂ©seaux ou autre centrale d’achat, ou encore pour la suprĂ©matie du public sur le privĂ©, il parait de bonne gestion d’entendre le premier concernĂ© : Le citoyen financeur, et inĂ©luctablement patient un jour, par la maladie, l’accident ou tout simplement le vieillissement.

Ce citoyen, reste attachĂ© aux grandes valeurs de notre modĂšle rĂ©publicain, qui trouvent toutes leurs forces en matiĂšre de santĂ© la libertĂ©…des choix, l’Ă©galitĂ©……devant la maladie, la fraternitĂ©, solidaritĂ©…face Ă  la prĂ©caritĂ©.
Dans le mĂȘme temps ce citoyen est de plus en plus averti par les nouvelles technologies, sur les traitements innovants, et capable d’ĂȘtre mieux associĂ© Ă  la gouvernance du systĂšme. Pour autant il n’entend pas renoncer Ă  une relation de proximitĂ©, Ă  la rapiditĂ© des rĂ©ponses apportĂ©es et, paradoxe, Ă  une certaine personnalisation, liĂ©e Ă  l’Age, le mode de vie et le comportement notamment.
Si l’on valide ce constat, la feuille de route pour la refondation ambitieuse de systĂšme de santĂ© est toute tracĂ©e.
La liberté des choix, commande une nouvelle gouvernance, par un citoyen acteur, pour gérer au mieux et en proximité les réponses attendues en matiÚre de santé.
L’Ă©galitĂ© devant les rĂ©ponses apportĂ©es face Ă  la maladie, l’accident, ou le vieillissement. Ici se pose, les dĂ©clinaisons territoriales, la place de l’hĂŽpital et de la mĂ©decine de ville, le rĂŽle de tous les acteurs professionnels de santĂ©.
La solidaritĂ© pour gommer les effets des prĂ©caritĂ©s, aborde la question du financement. Chaque citoyen patient, doit avoir accĂšs aux soins que son Ă©tat requiert. DĂšs lors il est impĂ©ratif de bien flĂ©cher le denier public ou personnel consacrĂ©, pour Ă©viter qu’il ne s’Ă©gare dans des frais de gestions sans objet, ou qu’il demeure thĂ©saurisĂ© dans des rĂ©serves financiĂšres surabondantes.

Trois bases cohĂ©rentes et logiques, qui attendent des propositions concrĂštes, et des engagements de rĂ©alisation dans les meilleurs dĂ©lais, passant outre les querelles de chapelles et les conflits d’intĂ©rĂȘts les plus criants. A l’heure de la quĂȘte d’une dĂ©mocratie aboutie, en phase avec les attentes du citoyen, il convient de ne pas oublier que le pays dispose, en matiĂšre de sante et de solidaritĂ© de proximitĂ©, territoriale ou d’entreprise d’un bel instrument. La vraie mutuelle celle rĂ©git par le code de la mutualitĂ© et qui en respecte les rĂšgles, en termes de transparence des comptes, de gouvernance, de non sĂ©lection du risque, de capacitĂ© a dire souverain de ses adhĂ©rents  Ă  gĂ©rer sa solvabilitĂ© sans singer la bancassurance ou nouer des alliances dans des montages hĂ©tĂ©roclites qui brouillent l’image.

R HASSELMANN

mardi 1 mai 2018

LES INDIFFERENTS.










Le lecteur ne s’Ă©tonnera pas qu’aprĂšs la diffusion du « CASSE DU SIECLE » sur BFM TV ce dimanche soir, le titre soit empruntĂ© Ă  Antonio GRAMCI. Le documentaire montre sans ambiguĂŻtĂ© par quelle dĂ©marche parfaitement orchestrĂ©e, la magistrature suprĂȘme a Ă©tĂ© prĂ©emptĂ©e.
Les « INDIFFERENTS » dĂ©noncĂ©s par GRAMCI peuvent aujourd’hui se lamenter. Ce qui arrive n’est possible qu’en raison de l’apathie du plus grand nombre qui laisse faire. GRAMCI Ă©crit avec justesse que les faits murissent dans l’ombre, orchestrĂ©s par un petit nombre, qui tissent la toile que la masse ignore car elle ne s’en prĂ©occupe pas. En cela le documentaire proposĂ© est rĂ©vĂ©lateur d’une mĂ©canique, et les commentaires des acteurs sont proprement sidĂ©rants, le cynisme des uns, le dispute Ă  l’angĂ©lisme des autres. Il reste que le rĂ©sultat est lĂ , il faut faire avec et mettre en place de toute urgence les vigies collectives et les instances citoyennes de proximitĂ© pour que vive une vraie dĂ©mocratie.
Une dĂ©mocratie, avec un citoyen vĂ©ritablement acteur de son destin, qui prenne en compte une rĂ©alitĂ© vieille comme le monde, l’antagonisme basique entre le prĂ©caire et le nantis. C’est Octave MIRBAU, dans « La grĂšve des Ă©lecteurs » (Temps Nouveaux 1888) qui Ă©crit : « La protection aux grands, l‘Ă©crasement aux petits » ou encore « le petit paye pour un tas de choses dont il ne jouira jamais et peut mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent pas ! ».
Il est donc impĂ©ratif de redresser la barre et l’actualitĂ©, Ă©conomique et sociale offre Ă  tous ceux et celles qui ne sont pas « indiffĂ©rents » l’occasion de comprendre et de s’impliquer.
Que ce soit en matiĂšre de statut de la fonction publique et des entreprises type SNCF, que ce soit dans l’harmonisation de 42 rĂ©gimes de retraite, ou dans la rĂ©vision des programmes scolaires, ou encore dans la refonte de notre justice, il faut revenir aux fondamentaux.

 Les fondamentaux dans une dĂ©mocratie qui se respecte c’est un pouvoir ultime entre les mains du citoyen, qui exerce son libre arbitre, avec ce bon sens dont Descartes disait qu’il Ă©tait la chose du monde la mieux partagĂ©e. A cet Ă©gard le documentaire diffusĂ© donne Ă  rĂ©flĂ©chir. On y parle de verticalitĂ©, de parfaite impermĂ©abilitĂ© aux avis extĂ©rieurs. Il s’agit lĂ  purement et simplement de la nĂ©gation d’une dĂ©mocratie reprĂ©sentative ou, en principe, chacun dispose du contrĂŽle ultime de ce qui le concerne donc de la dĂ©cision politique et des textes d’application.

Sur un tel constat, il paraĂźt opportun de se saisir des prochaines Ă©lections EuropĂ©ennes pour mettre en application de saints percepts. Cela passe d’abord par une information prĂ©cise, Ă  grande Ă©chelle, de l’organisation de l’Union EuropĂ©enne, de ses instances et circuits effectifs de dĂ©cisions. Le citoyen va dĂ©couvrir un invraisemblable paysage de redondances et de dilutions des responsabilitĂ©s qui font le jeu des lobbies de toutes nature. A la suite il conviendra de proposer les lieux ou les solidaritĂ©s semblent requises, et ceux ou les souverainetĂ©s nationales sont Ă  privilĂ©gier. AprĂšs un tel effort de pĂ©dagogie, le citoyen pourra en toute connaissance de cause choisir la liste qui lui paraĂźt la plus pertinente.
Cette consultation de 2019 est une belle opportunitĂ© en s’appuyant sur le local et les nouvelles technologies de communication pour choisir la bonne voie, portĂ©e par une large majoritĂ© de voix, prĂ©alablement Ă©clairĂ©.

R HASSELMANN



 

dimanche 1 avril 2018

DÉVELOPPEMENT SOUTENABLE


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Le mot « dĂ©veloppement durable »  nous entraĂźne sur une Ă©quivoque et un clivage important entre la perception nord- amĂ©ricaine de la mondialisation et une vision « Ă  la française ».
 Les AmĂ©ricains parlent de « sustainable profitable growth », c’est-Ă -dire d’un dĂ©veloppement profitable et durable ou durable et profitable,
Quid du  mot profitable ?
Par ailleurs le dĂ©veloppement durable ne se rĂ©duit pas aux problĂ©matiques environnementales  (milieux naturels , ressources , risques, pollutions qualitĂ© de la vie…) mais a une surface plus large socio Ă©conomique  , Ă©conomique (croissance ) et sociale ( Ă©ducation, santĂ©, respect des libertĂ©s des hommes , en entreprise, en sociĂ©tĂ© et sur la planĂšte
Le dĂ©veloppement durable est il un dĂ©veloppement soutenable ?
Prenant en considĂ©ration l’environnemental , mais aussi l’Ă©conomique et le social ?
 Pour dĂ©finir le dĂ©veloppement durable, il nous faut savoir si nous voulons servir l’Homme.

« L’Homme est la plus prĂ©cieuse des richesses » , telle est une pensĂ©e du credo de la Jeune Chambre Ă©conomique dont je suis un ancien acteur
Oui, l’Homme est au cƓur du dĂ©veloppement durable
Mais comme le soulignait  Michel Godet « il n’y a pas de dĂ©veloppement durable sans enfant, et pas de croissance sans berceaux »
Pour nous, europĂ©ens, avec notre  suicide dĂ©mographique en cours, est ce notre prioritĂ© ?
Le dĂ©veloppement durable est il soutenable ?

Oui l’agro Ă©cologie est un retour Ă  la sagesse de nos Anciens mais comment  expliquer  Ă  l’industriel que ses investissements pour avoir des pommes de tel diamĂštre sont  Ă  mettre au titre des pertes et profits ?
Comment expliquer Ă  l’agriculteur qui a achetĂ© un super systĂšme d’irrigation , un tracteur novateur  avec clim, des semences qu’il a dĂ» payer d’avance , des engrais et pesticides qu’il a dĂ» payer illico et ses derniĂšres rĂ©coltes qui sont payĂ©es Ă  3 ou 6 mois , donc Ă  cet agriculteur qui ne vit qu’Ă  crĂ©dit , qu’il faudrait changer de paradigme ?
Pour nous, europĂ©ens , comment concilier souverainetĂ© alimentaire et respect de la santĂ© avec les systĂšmes de production actuels et la mondialisation ?
Le dĂ©veloppement durable est il soutenable ?
Le dĂ©veloppement  durable a pour mission de ne pas compromettre les  capacitĂ©s des gĂ©nĂ©rations futures  et j’y  souscris
Certes, mais  avec une sociĂ©tĂ© qui vit au dessus de ses moyens  et qui sans vergogne prend dans la poche de ses enfants  avec une dette publique abyssale  parle t’on encore d’hĂ©ritage ou de prise en considĂ©ration de nos hĂ©ritiers ?
Le dĂ©veloppement durable est il soutenable ?
Des annĂ©es d’esprit d’extrĂȘme consommation nous ont elles prĂ©parĂ©es  Ă  l’ascĂšse du dĂ©veloppement durable. ?
« L’HUMANITE S’IDENTIFIE ELLE-MÊME EN PRENANT CONSCIENCE COLLECTIVEMENT DE SON DESTIN ! » s’Ă©criait un des intervenants du CESE en 2015
Le dĂ©veloppement durable est il soutenable ?

Comment Ă©voquer le dĂ©veloppement durable Ă  des pays qui ont de par  leurs problĂ©matiques intĂ©rieures , des problĂšmes incroyables Ă  rĂ©gler ?
Et qui de  plus sont impactĂ©s par la mondialisation
Le dĂ©veloppement durable est il soutenable ?
Et pourtant  seule la voie du dialogue le plus large permet d’approcher la question du dĂ©veloppement durable. Dialogues entres les Etats, entre les pays dĂ©veloppĂ©s et ceux en voie de dĂ©veloppement  et  pays Ă©mergents
Le dĂ©veloppement durable ne rĂ©duit pas chaque personne humaine Ă  l’Ă©tat de statistique et de globalitĂ© mais fait du sur- mesure pour tout Homme , pour chaque Homme

Agir en ayant la Conscience de la Terre  , comme je le soutiens  avec Libr'acteurs , se heurte au problĂšme que ce qui appartient Ă  tout le monde n’appartient Ă  personne
 Le dĂ©veloppement durable ne peut ĂȘtre recherchĂ© sans une participation et une responsabilisation de tous.
Redonner le primat Ă  la ResponsabilitĂ© envers l’autre et pour l’autre est au cƓur du dĂ©bat sur le dĂ©veloppement durable.

Le dĂ©veloppement durable  est-il soutenable ?

Avant d’ĂȘtre partagĂ©e ou rĂ©investie, la richesse doit ĂȘtre gagnĂ©e. L’objectif du dĂ©veloppement durable nous oriente nous-mĂȘmes vers  une vie revisitĂ©e en tenant compte des rĂ©alitĂ©s et de ses exigences
 -Les choix financiers, techniques, scientifiques ont une influence directe sur l’avenir de notre planĂšte, sur les Ă©quilibres micro et macro-Ă©conomiques, la santĂ©, le dĂ©veloppement culturel, la vie familiale

-La  volontĂ© et l’ intervention du politique et du lĂ©gislatif peuvent  orienter les comportements, poser des limites, donner des orientations et des contraintes sur ce qui est indispensable

- la qualitĂ© des comportements de tous  peut gĂ©nĂ©rer la confiance et une responsabilitĂ© collective vis-Ă -vis du dĂ©veloppement durable.

- le sens  Ă  donner au dĂ©veloppement durable  s’Ă©claire au niveau
des  finalitĂ©s  individuelles (par exemple, notre bien-ĂȘtre, notre confort),
                         institutionnelles (par exemple, la performance de l’Europe)
                        altruistes, tournĂ©es vers le bien de toutes les personnes, celles que nous ne connaissons     pas (par exemple, la gĂ©nĂ©ration future ou la personne qui vit Ă  l’autre bout de la planĂšte).
En conclusion , il est trop tĂŽt pour conclure , citons Le livre du DeutĂ©ronome qui place dans la bouche de Dieu cette parole : « Vois, je place devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, choisis la vie ! »

Eric CAMPION 
Membre fondateur de LIBR'ACTEURS
(Bibliographie
Responsable porteur de sens, Vincent Lenhardt, Insep, 2003.
La responsabilité envers les générations futures, Dieter Birnbacher, PVF, 1988.
Libracteur , blog , la conscience de la Terre  2010
La prospective autrement  Michel Godet  2010)



jeudi 29 mars 2018

ENTREPRISE PAR CI, ,ENTREPRISE PAR LA!


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L’Entreprise est Ă  la mode, par la volontĂ© du gouvernement qui entend en faire, la pierre angulaire d’une nouvelle France, Ă©prise de vivre ensemble, de respect de l’autre et d’une nouvelle hiĂ©rarchie des valeurs vraies.


Pour se convaincre de cette rĂ©alitĂ©, il n’est qu’a lire les points de vue, articles, chroniques, qui traitent de la matiĂšre, notamment a l’occasion de la restitution du rapport NOTAT/SENARD, sur la nouvelle finalitĂ© d’une entreprise. Raison d’ĂȘtre d’une entreprise, capitalisme partenarial, ou encore penser l’entreprise autrement, pour reprendre quelques titres, cela est bel est bon, mais pointĂ© et disponible de longue date.
Pour preuve, lors de l’Ă©mergence du concept de dĂ©veloppement durable, certains se sont interrogĂ©s sur la place de l’entreprise, comme sur le contenu de ce qu’est le tiers secteur, pour faire cohabiter une finance « patiente », avec un salariat engagĂ©, pour une rĂ©sultante Ă©conomique et sociale bĂ©nĂ©fique au plus grand nombre.

Le dĂ©veloppement durable a commandĂ© les rĂ©flexions sur la forme alternative de l’entreprise et sur la connaissance plus fine du tiers secteur, pour voir en quoi, lĂ©gĂšrement amĂ©nagĂ©, il pouvait ĂȘtre la bonne rĂ©ponse Ă  la question du POURQUOI d’une entreprise.
Une entreprise qui fait sienne l’idĂ©e du dĂ©veloppement durable, avec ce que cela implique, est la rĂ©ponse que l’on cherche. Il va s’agir d’une entreprise respectueuse de l’homme, de la nature, des gĂ©nĂ©rations futures. Ce sera aussi une entreprise qui au quotidien, par son comportement social et par les comportements individuels en son sein montrera sans Ă©quivoque son respect de l’individu. C’est dans un tel cadre que trouve toute sa place le management Ă©thique, l’Ă©cologie des collaborateurs ou encore la promotion de la V.A.E (validation des acquis de l’expĂ©rience).

L’ambition est grande, on parle ici d’un vĂ©ritable choc de la culture de l’entreprise. Au mĂȘme titre que les entreprises ont intĂ©grĂ© une culture de la qualitĂ©, de la traçabilitĂ© ou de la relation client, elles vont devoir systĂ©matiser tous les ingrĂ©dients du dĂ©veloppement durable.
En fait cela existe dĂ©jĂ  et cela marche. Les plus beaux fleurons peuplent l’Ă©conomie sociale et solidaire (ESS), c’est le tiers secteur. Il suffit d’amĂ©nager lĂ©gĂšrement, d’y faire le mĂ©nage pour en expulser les usurpateurs.
Il faut espĂ©rer que la sociĂ©tĂ© de personnes, qui est la marque des entreprises de l’ESS, puisse ĂȘtre remise sur le devant de la scĂšne, expliquĂ©e et commentĂ©e, pour que le plus grand nombre la plĂ©biscite.
On y parle d’un capital vertueux et raisonnable, qui est un instrument respectueux du travail et modeste dans sa rĂ©munĂ©ration. On y parle de gouvernance totalement partagĂ©e, de rĂ©serves inaliĂ©nables et on y restaure le vrai sens de l’affectio societatis .
Ce serait dommage de perdre du temps en voulant rĂ©inventer la roue, aprĂšs avoir Ă©tĂ© trop longtemps Ă  la remorque d’un Etat jacobin corporatiste dĂ©passĂ©, et snobĂ© par un marchĂ©  discrĂ©ditĂ© par les rĂ©munĂ©rations du capital dĂ©raisonnables , la sociĂ©tĂ© de personnes, a un vrai rĂŽle a jouer.

Ce sera un formidable grand pas, celui ou les salariés ne seront plus comptabilisés en charges, mais en atouts et en richesses.

R HASSELMANN( pour LES ECHOS.fr)

vendredi 23 mars 2018

FORMATION PROFESSIONNELLE, suites.....

         


   
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Le “big bang” de la formation professionnelle ouvre-t-il un espoir pour tous ceux qui n’ont pas ou plus d’emploi ? L’appĂ©tit de nos dirigeants Ă  Ă©puiser le vocabulaire du changement (rĂ©volution, transformation, big bang…) est sans Ă©gal. Alors mĂȘme que le changement initiĂ© est souvent fort modeste.

Revenons toutefois Ă  la rĂ©forme Ă  proprement parler. Symboliquement, en octroyant la collecte des cotisations Ă  l’Urssaf, l’Etat signifie aux OPCA leur inefficacitĂ© et certainement leur disparition. Il passe aussi le message aux branches qu’elles ne sont plus incontournables pour dĂ©finir les besoins de formation.

L’Etat reprend donc la main. L’agence quadripartite “France CompĂ©tences” validera les formations et Ă©valuera les prix. Une nouvelle instance hors-sol et bureaucratique ? Les craintes sont lĂ©gitimes.
En parallĂšle, et de façon surprenante, la rĂ©forme semble vouloir s’appuyer sur la logique de marchĂ©. Nous, salariĂ©s, demandeurs d’emploi, devenons libres de choisir notre formation continue ou professionnelle. En crĂ©ditant en euros le CPF jusque-lĂ  peu utilisĂ©, on nous offre une libertĂ© inĂ©dite de gĂ©rer notre carriĂšre professionnelle. Une libertĂ© toutefois thĂ©orique si on ne devait s’appuyer que sur ledit CPF. En 10 ans, le capital serait de 5000€. Or, le moindre CQP dans l’industrie coĂ»te 6500€, le titre d’aide-soignante 5000€, 3000€ pour ĂȘtre ambulancier, ou 1000 Ă  1200€ pour un simple Caces. Je ne parle Ă©videmment pas ici d’un diplĂŽme universitaire inaccessible avec ces budgets. Quel nouveau mĂ©tier peut-on apprendre avec un si petit budget, telle est au final la question centrale ?

DĂšs lors, quel sont donc les objectifs de ces changements ? Ici se situe l’occasion manquĂ©e. L’enjeu est Ă©voquĂ© : la compĂ©titivitĂ© de la France, par une main d’Ɠuvre formĂ©e, adaptable aux contraintes de la mondialisation. Mais l’instrument est court et bancal et on compte sur la com — “le monde change, changeons de paradigme” — pour masquer sa faiblesse.

Rien dans cette rĂ©forme ni dans l’accord entre les partenaires sociaux (ANI — Accord National Interprofessionnel) ne concerne la formation de 6 millions de chĂŽmeurs peu ou pas qualifiĂ©s ; Ă  l’exception d’une rĂ©fĂ©rence Ă  un PIC (Plan d’Investissement dans les compĂ©tences annoncĂ© en septembre 2017 et oubliĂ© depuis). Or, l’Ă©lĂ©vation du niveau de compĂ©tence moyen de la main d’Ɠuvre française est Ă©videmment au cƓur de son organisation Ă©conomique.

L’actuel systĂšme permet Ă  moins de 10% des chĂŽmeurs d’accĂ©der Ă  une formation, et seuls les cadres disposaient d’une capacitĂ© rĂ©elle Ă  se former (sans d’ailleurs vraiment l’utiliser). Rien n’indique que demain il puisse en ĂȘtre autrement.

Il eut été nécessaire de faire table rase et de repenser la formation continue avec les contraintes contemporaines. Nos dirigeants ont simplement changé le décor.

Eric LAFOND  (LIBR’ACTEURS)