LIBR'ACTEURS reçoit de nombreuses contributions, dont certaines, d'une brûlante actualité. C'est le cas de ce qui suit, au moment ou la désertification médicale s'amplifie.
Le rapport Hubert sur l’Offre de santé de proximité, remis au Président Sarkozy à la fin novembre 2010, insistait sur la nécessité de trouver de nouveaux modes d’exercice, et donc de rémunération, pour la pratique de la médecine générale.
Ce rapport insistait également sur la désertification médicale de certaines zones géographiques de notre beau pays, ou les animaux y seront bientôt mieux soignés que les hommes.
Dans ces régions sera-t-on obligé de consulter le vétérinaire pour se faire soigner tant il y aura de difficultés à joindre un médecin généraliste ? La question ne devrait pas se poser, le vétérinaire étant destiné aux animaux et le médecin aux humains et pourtant...
Lorsque vous amenez votre chien ou votre chat au vétérinaire, il effectue un examen clinique complet puis si nécessaire une radio et un examen de sang. En même pas une heure le vétérinaire peut se faire une idée assez précise la pathologie dont souffre votre animal grâce à son examen et à quelques analyses ou radios complémentaires. Si vous allez chez le médecin vous n'aurez qu’un examen clinique et si votre état nécessite des examens complémentaires, vous ne pourrez les effectuer que dans un deuxième temps puis revenir quelques jours plus tard avec les résultats afin que votre médecin puisse établir un diagnostic précis et vous prescrire le traitement adéquat. Cela peut être considéré comme une perte de temps pouvant être préjudiciable au malade.
C'est parfois l'argument que développent des patients qui viennent consulter directement aux urgences. Lorsque vous leur demandez pourquoi ils n'ont pas consulté leur médecin plutôt que de venir encombrer un service déjà surchargé, ils vous répondent : « Vous comprenez Docteur, si j'ai besoin d'examens complémentaires, ici je les aurai tout de suite. »
Effectivement si le malade souffre d’une pathologie pulmonaire, il passera une radio qui permettra d’affiner le diagnostic, et quasiment systématiquement une analyse biologique.
Dans ce cas le malade aura bénéficié des mêmes techniques diagnostiques que votre chien ou votre chat chez le vétérinaire.
Alors pourquoi ne pas aller directement chez le vétérinaire me direz-vous ?
Plusieurs réponses sont possibles mais deux principales :
- Vous ne serez pas remboursé par la sécurité sociale si vous consultez un vétérinaire à la place d'un médecin (ce qui peut paraître injuste mais c'est ainsi !)
- Le vétérinaire pratique parfois l'euthanasie sur des patients dont l'état lui échappe : méfiez-vous !
Il serait effectivement souhaitable que l'on modifie profondément la consultation en médecine générale si l'on veut qu'elle redevienne un acte de valeur et non comme c'est parfois le cas, une simple prescription d'ordonnance sur les conseils d'un spécialiste plus ou moins avisé.
Jeune médecin, je me souviens avoir remplacé des confrères en milieu rural, qui possédaient un appareil de radiologie dans leur cabinet. Il y a une trentaine d'années le médecin faisait couramment, surtout en milieu rural, des examens radiologiques à ses patients dans le cadre même de la consultation de médecine générale. Cette pratique a progressivement disparu et je n'en connais pas les causes exactes. Pourtant l'imagerie médicale a fait beaucoup de progrès et je pense qu'il serait très facile d'avoir un appareil de radiologie simple dans les cabinets de médecine générale, permettant d'effectuer des clichés standards pour des pathologies qui ne nécessitent pas la mise en œuvre de techniques avancées. Cela permettrait aux médecins de faire un premier tri diagnostic avec davantage d'éléments de décision.
Revenons à notre vétérinaire et à votre chat, il est probable qu'au cours de sa consultation votre animal préféré aura également bénéficié d'un examen biologique. Certes le vétérinaire ne va pas aller chercher une anomalie spécifique qui nécessite une technique particulière de laboratoire, mais il pourra vérifier des constantes de base qui lui permettront d'orienter son diagnostic, et ce, instantanément.
Alors pourquoi ne fait-on pas toutes ces mesures au cabinet du médecin? Les raisons sont multiples.
Il y a d'abord la réticence des radiologues en ce qui concerne l'usage et la lecture des radios par le médecin généraliste, et celle des biologistes pour tout ce qui touche aux examens de sang, ce serait bien sur un manque à gagner pour eux, mais on peut prévoir un temps d'adaptation afin de leur permettre de se tourner vers des techniques plus sophistiquées qui correspondent davantage à leurs compétences.
Il y aurait certainement aussi la réticence de certains médecins généralistes, qui se sont installés dans un ronron confortable et qui ne tiennent pas à changer de pratique.
Enfin, une telle transformation de la consultation de médecine générale nécessite un investissement en matériel et des coûts d'exploitation importants qu’il faudra rembourser si l’on veut envisager un réel changement de pratique, susceptible de rendre attrayante cette spécialité auprès des jeunes médecins.
Mais s’en donnera-t-on les moyens ?
Alors, médecin ou vétérinaire pour la prochaine consultation ? A vous de choisir !
Dr. J-M LACROIX
Crédit photo
Anelo
Le sujet est technique et demande une bonne connaissance que je n'ai pas pour émettre un avis éclairé, mais on peut le faire de manière intuitive.
RépondreSupprimerUn sondage Ipsos http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/communiques-presse/l%E2%80%99observatoire-societal-sante-et-qualite-soins-en-france fait apparaitre que les Français sont globalement satisfaits de leur système de santé et envisagent (51%) soit une augmentation des cotisations soit une diminution des remboursements pour combler le déficit plutôt que le recours à l'emprunt assorti d'une grande transparence dans l'information. C'est plutôt une bonne nouvelle qui va dans le sens du citoyen acteur de son destin et payeur d'un système dont la gestion est opaque.
Paraphrasant la formule de Clémenceau qui disait que " La guerre, c'est une chose trop grave pour la confier à des militaires", on peut se demander si les médecins d'aujourd'hui assument la part de risque et d'intuition de leurs ainés qui n'avaient pas les béquilles techniques actuelles pour conforter leur diagnostic et recourent à des examens très complets et très couteux pour tendre vers le risque 0, les mêmes qui ont prescrit du Médiator les yeux fermés pendant dix ans.
Le propos est volontairement outrancier, mais fils d'un médecin de campagne installé en Eure-et-Loir dans les années 50 qui a pratiqué des centaines d'accouchement, arraché de nombreuses dents et fait de la petite chirurgie dans son hôpital de campagne, je me souviens d'avoir entendu mon père dire qu'il reconnaissait l'infection "à l'odeur". Il est probable qu'à cette époque le médecin était plus proche du vétérinaire qu'aujourd'hui et comme lui estimé, il disait: "au début de ma carrière, on m'honorait, à la fin on me payait". Dura lex...
Quant à la désertification des campagnes, demandez à une mère de famille de suivre son médecin de mari dans une commune de quelques centaines d'âmes ou même parfois dans une petite ville de province, mission impossible, à tel point que c'est lui qui fait les allers retours entre son cabinet et la ville où il réside, heureusement qu'il reste quelques vétérinaires pour les urgences et des médecins étrangers trop heureux de l'aubaine comme c'est le cas chez un de mes frères en Charente!
Vos 3 derniers paragraphes sont interessants.Les radiologues et biologistes, le ronron des généralistes et les coûts des equipements.Au fait combien de jeunes généralistes, sont capables de faire des points de sutures,
RépondreSupprimerNombreux sont les quidams, même désargentés, qui concoivent de ne pas être remboursés pour les visites et soins du KIKI a sa MEMERE.Les m^mes hurlent a la mort quand on leur demande 1€ de franchise pour leurs médicaments!Cherhez l'erreur!
RépondreSupprimerCher Sénèque,
RépondreSupprimerPourquoi mélanger l'argent que chacun utilise selon ses goûts et envies (les animaux, le jardinage, les voyages, les sorties...) et l'argent qu'il faut dépenser pour être en bonne santé ?
Et pourquoi ne pas plutôt chercher l'erreur parmi ceux qui fument ou qui boivent et qui hurlent à la mort lorsqu'on veut leur soutirer quelques euros de plus pour gérer leur santé ...?
Encore un exsemple de la difficulté qu'il y a, a se comprendre, a se parler, et surtout a évacuer ses centres d'interêts pour voir un peu plus loin.SENEQUE touche du doigt, le comportement des amoureux des animaux de compagnie.immédiatement ANONYME3 volent au secours de ceux-ci pour stimatiser les grands buveurs ou les grands fumeurs!Désolé, mais ce n'est pas la question et les 2 vont dans le même sens sans s'exclure.
RépondreSupprimerEn effet la santé est sovabilisée dans sa quasi totalité par le denier public, dés lors il faut optimiser l'emploi de ce denier.EN pénalisant ceux qui n'ont pas une vraie hygiéne de vie.....mais il s'agit des plus fragiles, mais aussi ceux, qui ont les moyens de supporter de menues contributions, mais préférent les utiliser..pour le jardinage, les loisirs...ou le KIKI a sa MEMERE comme dit SENEQUE.
Très interessant comme souvent chez libracteurs.
RépondreSupprimerPourquoi ne pas mettre les étudiants veterinaires en inscription en 1ère année de medecine. A la fin de l'année en fonction du classement, chacun choisit ce qu'il préfére. En pratique c'est possible. En éthique aussi. La physiologie des animaux (domestiques) étant souvent proche de celle de l'homme. je travaille dans les neurosciences sur animal pour application à terme chez l'homme.
Vous devriez vous poser la question sur un pouvoir qui continue a prendre dans la poche des français, qui mutualisent leurs économies dans des Mutuelles.
RépondreSupprimerune nouvelle fois aprés beaucoup d'autres Mr FILLON vient piquer dans la caisse des mutuelles.
Effectivement trés mauvais coup porté aux vraies mutuelles et surtout aux citoyens qui font l'éffort de se mutualiser.D'autant plus injuste que ces même citoyens acceptent que leurs mutuelles investissent dans des actions plus collectives,vers le grand public.
RépondreSupprimerCette ineptie qui prouve que le POLITIQUE ne sait plus ou il habite, montre si besoin est qu'il est urgent de changer la donne, pour que des porteurs de l'économie sociale soient envoyés aux affaires.Eux savent, comme nous ce qu'est une démocratie attentive aux citoyens et participative.
Désolé mais le commentaire précédent n'est pas anonyme mais bien ma réponse aux précédents.
RépondreSupprimeravec mes excuses.
occasion de rdire que LIBR'ACTEURS va fortement s'impliquer pour 2012, et que nous attendons l'engagement de tous ceux et celles qui depuis de longues années nous suivent et partagent nos modestes analyses.
Merci pour vos conseils de choisir une bonne vétérinaire! Très utiles.
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