LIBR'ACTEURS revient sur le droit, la laïcité et la raison, avec
ce billet éditorial publié au titre de l'espace éthique régional
d'Alsace.Comme le souligne l'auteur la question est sensible et
l'article du NY TIMES en lien mérite réflexions."
Le
burkini a fait cet été une entrée remarquée sur certaines plages
françaises. Vu comme un outil de propagande exposant à un trouble à
l'ordre public, il a été interdit par arrêté municipal dans
plusieurs stations balnéaires.
Pour le Premier ministre Manuel Valls
« Le
burkini c’est un signe politique
de prosélytisme religieux qui enferme la femme. »1
Jean-Luc Mélenchon
considère que « L'instrumentalisation du
corps des femmes est odieuse. C'est un affichage militant. »2
Marine Lepen proscrit
le burkini car « C'est une question de
laïcité
républicaine, d'ordre public, assurément ; mais bien au-delà,
c'est de l'âme de la France dont il est question. »3
En somme, pour
lutter contre l’imposition qui serait faite aux femmes par les
fondamentalistes de s'habiller d'une certaine façon
et pour protéger l'âme du pays, il faudrait contraindre ces femmes
à porter la tenue réglementaire de la baigneuse laïque : le
maillot de bain. Hors de lui, voir pour les naturistes, sans lui, pas
de bain de mer !
Mais
qu'en pensent les femmes porteuses du vêtement subversif ? On ne
sait pas réellement. Face à cette ignorance, certains les
considèrent comme des victimes instrumentalisées par des courants
politico-religieux, d'autres à l'opposé, les voient comme des
agents actifs d'un prosélytisme inquiétant. Imaginons maintenant
que ces femmes adoptent le burkini non pas sous la contrainte dans
une visée politico-religieuse mais simplement par pudeur. Alors ce
nouveau vêtement leur permettrait de goûter aux plages et aux bains
de mer qui jusqu'alors leur semblaient impossibles. Il s'agirait
ainsi d'une promotion de la liberté individuelle si chère à notre
état laïc. Le fait que ces femmes puissent côtoyer sur un même
lieu récréatif d'autres baigneurs légèrement vêtus ne peut être
que positif pour le vivre ensemble à condition que chacun accepte
l'autre. Tout ceci bien sûr n'est que conjecture et doit être
évalué. Maiis dans le doute, comme il n'y a pas trouble à l'ordre
public, le Conseil d'Etat l'a confirmé, le burkini devrait en
bénéficier et ne pas être instrumentalisé ni par les uns ni par
les autres, souvent pour des raisons politiques.
Comme l'a rappelé
ledit Conseil d’État, son interdiction porte une atteinte grave et
manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la
liberté d'aller, la liberté de conscience et la liberté
personnelle.
Ne
soyons pas Tartuffe4
et ne disons pas en plagiant Molière : « Couvrez
ce burkini, que je ne saurais voir. Par
de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait
venir de coupables pensées. »
Le
sujet est difficile et d’importance pour la dignité humaine. Une
vraie question d'éthique.
M.Hasselmann
4
Tartuffe, III, 2 (v. 860-862)
Trés fine cette analyse, qui justifie la décision du Conseil d'Etat et devrait amener les gens lucides a ne pas s'égarer dans des bavardages, qui éloignent de l'essentiel.
RépondreSupprimerEffectivement l'essentiel est sans doute de donner du travail aux gens et notamment aux jeunes.Vous verrez qu'alors les questions d'immigrés ne seront plus sur le devant de la scéne.
RépondreSupprimerIl faut un certain courage , de nos jours ,pour arborer ce hideux vetement sur une plage publique . C'est à la fois moche et dangereux car la personne qui l'arbore ne peut pas nager en sécurité . D'autre part , on ne peut que remarquer que des vetements tels que abaya , niquab ,voile intégral étaient très peu présents en France il y a ...soyons généreux , disons 15 à 20 ans , pour le burkini , 2 ans .Posez vous seulement la question de savoir POURQUOI .Vous aurez déjà une réponse . Minerve
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