La sortie en couple du Premier ministre et de la ministre de la Santé, en ce début de semaine dans un hôpital francilien, les initiatives désordonnées pour des états généraux de la santé, donnent à redouter qu’une nouvelle fois, on mette la poussière sous le tapis.
Il est clair que la santé au sens large n'est
pas au rang des priorités d'un gouvernement qui ne semble pas avoir
compris qu'il s'agit là du bien le plus précieux de l'individu. La santé
et ses principaux déterminants, le logement, l'emploi, l'éducation, la
sécurité constituent le cadre d'un modèle social à rebâtir.
Il
est temps donc de parler franc et de savoir de qui l'on parle. La santé
n'est pas le soin, qui est un des éléments du système, au même titre
que l'hôpital n'est qu'un des instruments du système de santé.
La
question est donc simple, avons-nous un système de santé, efficace,
bien organisé et en phase avec le nouveau siècle ? Quelques marqueurs
peuvent permettre de forger le diagnostic, les nouvelles technologies,
les réponses à la nouvelle donne démographique et le vieillissement, la
réalité des nouvelles pathologies et ALD identifiées, enfin et surtout,
le retour sur investissement du denier public investi.
Une
telle question va conduire à bousculer des citadelles et à engendrer
toute une série de réflexes corporatistes, au niveau de la
technostructure sanitaire, au niveau du monde des professionnels de
santé et surtout au sein d'acteurs industriels et capitalistiques.
S'agissant des professionnels de santé,
où qu'ils exercent, faisons-leur un crédit de bonne foi, de lucidité et
de qualité reconnue. En appelant à percer l'abcès, en bousculant des
certitudes, il s'agit simplement de faire oeuvre de prévention, prévenir
mieux que guérir. Sortons du curatif, des rustines et des
gesticulations pour voir comment on peut installer un vrai système de
santé qui offre des mesures en amont de la maladie ou de l'accident,
avec une prévention comportementale qui ne sera plus cantonnée aux
simples vaccins.
C'est ici que la prise en
compte des déterminants de santé trouve sa justification, et la
définition de l'OMS, son sens. La santé est constituée par tout ce qui
concourt à l'équilibre intellectuel et physique de l'individu. Dès lors,
un état des lieux s'impose pour poser le bon "diagnostic", en quelque
sorte "ausculter" le pays, pour entendre le citoyen dans ses attentes et
ses propositions.
Voilà l'objectif de
ceux et celles qui regardent les réalités en face, "sans casser les
thermomètres". Ainsi peut on dire simplement que l'allongement de la vie
qui mérite de nouvelles réponses, est avant tout dû à l'amélioration
des conditions de vie. Dès lors, notre système de soin n'est pas fondé à
se parer de cet indicateur, pour justifier ses citadelles.
Il
reste donc à identifier des mesures pratiques, efficaces et visibles,
pour refonder un système de santé en capacité de répondre aux attentes. À
ce stade un exemple, un système de santé qui intégrerait un parcours de
prévention tout au long de la vie, à partir d'une éducation en santé
mise en place dés l'école primaire, serait un signe fort. Ce que nous
avons entendu à Eaubonne ce mardi est loin du compte. C'est une
refondation profonde et systémique du système de santé qu'il est urgent
d'engager. Ainsi, s'il est indéniable que l'hôpital est le maillon fort
du système de soins, alors il faut laisser les professionnels de santé
être aux manettes. Un hôpital pôle du curatif lourd, de la recherche et
de la formation et animateur pivot de toutes les proximités
territoriales.
D'autres évidences sont
disponibles, il suffit de bien vouloir entendre les acteurs concernés,
les citoyens notamment au travers des vraies mutuelles, celles, de plus
en plus rares, qui méritent encore un vocable protégé par le code de la
mutualité. Ces groupements de personnes en proximité collaborent
étroitement avec les professionnels de santé, en faisant de leurs
adhérents les vrais contacts, sans qu'il soit besoin de charger les
cotisations de frais publicitaires et autres sponsoring qui trouveraient
un meilleur emploi dans la prise en charge d'actions préventives.
R HASSELMANN
(publie dans LES ECHOS.fr)
Vous allez avoir du travail, car en matière de citadelles la santé est bien lotie.
RépondreSupprimerPour vous avoir entendu intervenir en différentes occasion, je sais que vous savez de quoi vous parlez, notamment pour votre petit monde des mutuelles, beau panier de crabes.