L’actualitĂ© apporte chaque jour son lot de confirmations,
venues de toutes contrées, de toutes sensibilités, sur tous les grands thÚmes
du quotidien, a l’heure de la mondialisation et de la concurrence sans foi ni
loi, le citoyen fera entendre sa voix dans la proximité.
En 1987 Michel CROZIER, que beaucoup devraient lire ou
relire, avec attention, publiait ETAT MODESTE ETAT MODERNE, enrichi en 1991
d’un avant-propos et d’une post face pour tenir compte de la publication en
1989 de la circulaire ROCARD portant sur le renouveau du service public.
Tout est dit, analysé et documenté, et montre comment un
Etat moderne, doit ĂȘtre modeste face aux attentes des français.il ne s’agit pas
ou plus aux citoyens de se plier aux dĂ©sirs des gouvernants, mais bien Ă
ceux-ci de s’adapter, en abandonnant une attitude mĂ©galomaniaque qui les
conduit a vouloir parler de tout, tout savoir, avoir réponse à tout.
A 6 mois des prochaines Ă©lections municipales il y a lĂ une
belle rĂ©flexion Ă mener, pour qu’un Etat moderne veille Ă crĂ©er les conditions
d’un exercice fĂ©cond de la dĂ©mocratie locale, en accentuant la
décentralisation. Les récents sondages le montre, les priorités des français,
sont claires.
En premier lieu, le respect de leur pouvoir d’achat qui
implique une fiscalité locale prudente. A la suite, vient la santé et
l’environnement de proximitĂ©, traitement des dĂ©chets, cantines scolaires,
transports, nuisances industrielles. La sécurité individuelle et collective est
sur le podium, ce qui complĂšte parfaitement une belle feuille de route.
Il reste que pour mener Ă bien une telle ambition, il est
impératif de revisiter sans faiblesse le fonctionnement de notre démocratie
locale, pour Ă©liminer l’effet pervers de la sĂ©lection par le sexe, la classe
sociale, ou l’appartenance a des machines partisanes, Ă©curies d’ambitions et
captatrices des financements publics.
Chaque citoyen est tour à tour gouvernant et gouverné, cela
veut dire qu’il est capable de prendre des responsabilitĂ©s et de les assumer.
Homme ou femme, jeune ou vieux, chacun peut exercer un mandat, Ă condition
qu’on lui donne la facultĂ© de se former et de comprendre. VoilĂ une belle
mission pour des organismes de formation libres et indépendants, portés par
l’initiative associative locale.
Au titre du présent quinquennat, Paul RICOEUR est à la mode. Il
a Ă©crit qu’est dĂ©mocratique une sociĂ©tĂ© qui se reconnaĂźt divisĂ©e, c’est Ă dire
traversĂ©e par des intĂ©rĂȘts contradictoires, et se fixe comme mode opĂ©ratoire
d’associer Ă part Ă©gale chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions
et la mise en délibération pour arbitrage.
Au plan local en particulier, il est impératif de favoriser
le référendum local, la mise en place de comités citoyens volontaires, autant
de petites mesures déjà rodées dans quelques communes, qui déchargent les
Maires de leur isolement et rendent leur mission moins ingrate.
Un Ătat moderne qui se propose de modifier les institutions
ferait bien d’y penser.
R HASSELMANN
Tribune LES ECHOS « LE CERCLE » (10/09/19)
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