Avril 2020 : -5,9% aux Etats-Unis, -6,8% en Chine, -6% en France, la chute annoncée du PIB fait la une
des journaux, venant encore en rajouter sur l’anxiété des gens. C'était il y a 1 an.
N’est-il pas enfin temps de s’affranchir de cet instrument grossier… et mensonger ? Non pour casser le thermomètre qui est censé mesurer la santé économique du pays, mais pour nous permettre de prendre les bonnes décisions : pour faire simple, des décisions orientées vers le bonheur des gens plutôt que vers la prospérité des indices boursiers.
Deux observations pour étayer ce propos : − Le mois d’avril vécu: les experts prédisent en France sur ce mois, une chute du PIB de l’ordre de 30%, alors que nos concitoyens ne manquent quasiment de rien d’essentiel (sinon d’espace pour ceux qui vivent dans de petits appartements). 60%, dit-on, vivent même ce confinement agréablement. Quel est alors le lien entre le bonheur ressenti et le PIB ? − Et si la reprise se fait, comme beaucoup l’espèrent, sur un nouveau modèle plus en adéquation avec la survie de l’humanité, nul doute que le PIB en sortira sensiblement dégradé : moins de produits et de services inessentiels, moins de gaspillage, moins de déchets, moins de trajets en avions, moins d’accidents sur les routes, moins de surfaces bétonnées, … autant de facteurs négatifs en moins, qui aujourd’hui apportent une contribution curieusement positive à la croissance du PIB.
Le changement de perspective auquel nous sommes invités par une majorité de nos concitoyens n’implique-t-il pas dès aujourd’hui un changement dans la façon dont nous mesurons le développement de notre société ? Il en va du PIB comme du cholestérol : il y a le bon et le mauvais ! Et, de la même façon qu’on n’apprécie plus maintenant la santé d’une personne à son seul taux de cholestérol A (ou B), il est urgent d’apprécier la santé de notre société autrement que par le seul PIB. Un indicateur qui prendrait certes en considération la production de biens et de services, mais en leur attribuant un signe positif ou négatif selon leur adéquation avec la nouvelle perspective choisie, et prenant en compte notamment :
− La qualité des services à la population (dont la santé, la justice, la sécurité),
− La préservation des ressources naturelles y compris énergétiques,
− La réduction des émissions de gaz à effet de serre,
− L’économie d’espace (en opposition à l’artificialisation des sols),
− La réparabilité des équipements et les taux de recyclage,
− La renaissance de la faune et de la flore dans leur diversité.....
Tout ceci n’a rien de nouveau. Ce qui est nouveau, c’est l’urgence dans laquelle nous sommes de sortir du piège dans lequel nous enferme le PIB pris comme référence unique, et de trouver rapidement une façon plus intelligente de mesurer le développement des nations ; développement nécessaire, car tout être vivant croît, donc se développe… ou meure.
A l’aune de ce nouvel indicateur, nous découvrirons sans doute que la catastrophe économique actuelle n’est pas si dévastatrice qu’on l’imagine. A condition que l’on aide rapidement les branches d’activités inessentielles à se réinventer ; et surtout qu’on aide fortement les individus qui en dépendent à survivre puis à se reconvertir.
J.BELLIER
Il est étonnant que les travaux et publications sur le sujet ne soient pas pris en compte par les décideurs (et les citoyens). Voir en ce sens par exemple l'excellent ouvrage de Wilkinson et Pickette "Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous" qui date déja de 2010 ! Merci à Jacques pour ce rappel fort opportun où nous sommes justement appelés à nous interroger sur ce qui fait une vie meilleure ou plus heureuse.
RépondreSupprimerLe Centre BNB France a justement pour objet de promouvoir le BNB Bonheur National Brut, un nouveau paradigme reconnu en 2011 par l'ONU pour remplacer le PIB https://www.centre-bnb.org. Au menu, des pratiques de transformation individuelle et collective : cnv, pleine conscience 1 theorie U, Sociocoatie, 9 domaines du bonheur. Incarnons le changement que nous attendons...
RépondreSupprimerLIBR'ACTEURS dispose en son sein une belle palette d'expertises citoyennes comme en témoigne l'analyse de Mr BELLIER. Au service de qui allez vous mettre vos analyses et propositions en 2022?
RépondreSupprimerMerci de nous éclairer.
S'il en était besoin, Libr'acteurs montre une fois de plus son expertise et sa prescience avec ce billet de Jacques BELLIER. Il est regrettable qu'un sujet aussi important que l'écologie au sens large du terme soit laissée à certains mouvements dont les décisions sont parfois excessives et dont la promiscuité avec des organisations dont les valeurs sont contraires à celles de la République, posent problème et sont très éloignées de l'objet initial. Nos gouvernants, en désertant ce champ essentiel pour notre avenir, commettent une grave erreur qui ne sera pas sans conséquence.
RépondreSupprimerJe pense qu'il est une autre urgence "aussi urgente" que climatique, c'est de rétablir le lien de confiance entre les citoyens, les électeurs et leurs représentants et gouvernants dont la légitimité diminue au fur et à mesure qu'ils représentent une fraction de plus en plus minime des votes exprimés. Elle passe par une réforme des institutions, sans cesse reportée, qui permettrait de dégager un consensus et de ressouder un peuple qui, depuis plus de 50 ans, est sous-représenté et vote plus par détestation des adversaires que par adhésion aux candidats élus.
Merci de vos réactions.
RépondreSupprimerS'agissant des travaux et propositions de LIBR'ACTEURS, de l'expertise de nos membres et de notre petit maillage territorial, ils seront à disposition de celui ou celle qui cochera le plus de bonnes réponses!
Nous ne nous interdisons pas de promouvoir ex-nihilo un citoyen ou citoyenne, instrument de chair de l'attente et la volonté du plus grand nombre.
R HASSELMANN
Président.