Au moment où l’on s’interroge, à juste titre, sur la
pertinence d’un modèle social d’un autre siècle, au moment où beaucoup
s’essayent a des refondations en oubliant les fondamentaux, il parait utile de
livrer ici les réflexions du terrain.
En premier lieu, un constat assez largement partagé et
réconfortant, les nouvelles technologies, les réseaux, la plus grande autonomie
des individus, ne nuisent pas à la fraternité et la solidarité. Ce constat
réconfortant constitue une bonne base de travail pour imaginer, un nouveau
modèle social, et une refondation de son pilier principal notre système de
santé.
Il importe dés lors de faire œuvre de pédagogie pour le plus
grand nombre et dés le plus jeune âge, pour montrer en quoi bien que de plus en
plus autonomes, les individus sont « dans le même temps » (formule à
la mode) de plus en plus liés, complémentaires et surtout interdépendants. Pour
preuve des travaux en cours sur le grand âge, révèlent que ce qui manque le
plus aux grands séniors maintenus à domicile, c’est le lien social, restauré
par l’hébergement en Établissements (résidences séniors, EHPAD).
Dés lors il semble évident de proposer une nouvelle
protection sociale, ou l’État Providence céderait la place à un État stratège,
attaché a la pédagogie des enjeux, et a la responsabilisation des acteurs. Pédagogie
et responsabilisation dès le plus jeune âge, pour faire naître un rapport
moderne à la société. Pour faire comprendre ce que l’on est en droit d’attendre
d’une protection sociale dès lors que chacun apporte par son comportement et
son effort. Une telle approche remet totalement en question les fondements d’un État providence qui soucieux d’assistance s’est attaché, a un modèle social,
qui reprenne la main sur les « assureurs » qui montent en puissance
depuis une trentaine d’années. Ce faisant, en voulant tendre vers l’universel,
on se trompe de méthode, selon un défaut bien français des approches
catégorielles segmentées.
A cet égard en matière de système de santé, l’illustration
est flagrante. Il faut avoir lu attentivement le tout récent rapport portant
sur la stratégie de transformation du système de santé pour s’en convaincre.
Une nouvelle fois, mélange des genres, un titre qui porte sur « le système
de santé » et un contenu en 5 chantiers qui traitent
de…. « L’offre de soins ».
C’est une nouvelle ignorer que le soin, n’est qu’un
instrument au service de la santé ou que l’allongement de la vie est d’abord du
aux progrès des conditions de vie. C’est en ce sens que l’on ne peut faire
l’économie de la responsabilisation individuelle, a l’aune d’une solidarité
entre les citoyens, pour proposer une approche globale, qui éliminera les
mesures catégorielles qui brouillent le paysage, la compréhension et le suivi.
Cela conduit à penser que la solution passe par une protection sociale, la plus
ambitieuse possible en termes de santé, de nature à redistribuer au plus grand
nombre. Sur un tel socle, construit par un consensus citoyen et financé par le
budget national géré par la sécurité sociale, il peut être envisagé un second
niveau. Un niveau d’exercice des solidarités de proximités territoriales,
pathologiques ou corporatistes gérés par des communautés de personnes, qui
librement mettent en commun des moyens pour des garanties plus ciblées. C’est
là que le modèle des vraies mutuelles trouve toute sa pertinence. Le reste, qui
relève du somptuaire, d’un certain confort ou effet de mode, reste disponible
pour l’assurantiel capitalistique et concurrentiel.
R HASSELMANN.
(Article publié sur LES ECHOS.fr le 25.02.18)