Viande halal, permis de conduire, lunettes vertes ou noires… Nombre de commentateurs s’effarent de l’inanité des sujets qui auront fait débat à l’occasion de cette campagne présidentielle « morne » et « insignifiante ». Ils en concluent volontiers que les Français, décidément, ne s’intéressent à rien et se comportent en « veaux », comme aurait dit notre dernier véritable homme d’Etat.
Et si c’était juste l’inverse ? Si les Français, par leur apparente indifférence, manifestaient en réalité un sens politique beaucoup plus profond qu’on ne le croit ?
Les Français, collectivement, ont la fibre politique. Je crois qu’ils ont parfaitement saisi et intégré quelques réalités très simples : qu’il faut s’attaquer à la dette nationale, que la France ne peut pas jouer perso dans une économie mondialisée et dans un système économique à acteurs multiples, qu’il est plus qu’urgent de réparer notre ascenseur social et de refonder notre pacte citoyen… Je crois qu’ils savent que, de gauche comme de droite, le président élu devra composer avec des forces multiples et naviguer entre les écueils. Je crois qu’ils se sont fait à l’idée que, bon gré mal gré, il n’y a guère qu’une seule route et que, d’où qu’il vienne, c’est cette route que le futur capitaine devra emprunter.
Je crois qu’ils savent que cette route ne se fera pas sur une mer étale. Qu’il y aura de la houle et du tangage. Et que là encore, bon gré mal gré, ils l’acceptent, attendant seulement du capitaine qu’il soit capable de limiter au maximum les inévitables dégâts.
D’où l’avalanche de sujets secondaires ou futiles, qui ne deviennent sujets de campagne que parce que les Français, sans le dire, sont d’ores et déjà d’accord sur l’essentiel et que celui-ci, du coup, ne fait plus débat. Il s’agit d’arbitrer non pas entre deux politiques, mais entre deux façons de faire la même politique, une politique à laquelle les Français donnent implicitement leur assentiment.
D’où le relatif échec d’un Bayrou qui, sans proposer de solutions concrètes, s’obstine à dénoncer à voix haute des réalités que les Français ont déjà admises et intégrées. Le patron du MoDem a suscité l’intérêt lorsque, avec son « produire français », il a semblé apporter une proposition nouvelle ; mais depuis qu’il est revenu à la seule dénonciation des problèmes, il n’intéresse plus grand monde. Car les réalités qu’il dénonce, la plupart des électeurs non seulement les connaissent, mais savent qu’elles s’imposeront au dirigeant élu et détermineront une certaine forme de rigueur.
Les Français sont résolus à l’effort. Ils le savent inévitable. Leur seule exigence est que cet effort, demain, soit collectif et réparti de façon équitable. D’où les succès relatifs des extrêmes. La montée du FN traduit l’exigence d’un effort collectif, sans passe-droits ni communautés qui chercheraient à se désolidariser du corps social. La montée du FDG traduit l’exigence d’un effort équitable, auquel les riches et les privilégiés contribueraient effectivement à hauteur de leurs moyens.
Ce que traduisent l’indigence de la campagne et le silence des électeurs, ce n’est pas de l’indifférence, de l’apathie ou de la stupidité. C’est au contraire la conscience d’une solidarité et d’un effort nécessaires. Une nécessité si évidente pour les Français qu’il ne trouvent même plus utile d’en parler, parce que ça va sans dire.
Christian CLAMECY
Crédit photo
1 jour une actu
Et si c’était juste l’inverse ? Si les Français, par leur apparente indifférence, manifestaient en réalité un sens politique beaucoup plus profond qu’on ne le croit ?
Les Français, collectivement, ont la fibre politique. Je crois qu’ils ont parfaitement saisi et intégré quelques réalités très simples : qu’il faut s’attaquer à la dette nationale, que la France ne peut pas jouer perso dans une économie mondialisée et dans un système économique à acteurs multiples, qu’il est plus qu’urgent de réparer notre ascenseur social et de refonder notre pacte citoyen… Je crois qu’ils savent que, de gauche comme de droite, le président élu devra composer avec des forces multiples et naviguer entre les écueils. Je crois qu’ils se sont fait à l’idée que, bon gré mal gré, il n’y a guère qu’une seule route et que, d’où qu’il vienne, c’est cette route que le futur capitaine devra emprunter.
Je crois qu’ils savent que cette route ne se fera pas sur une mer étale. Qu’il y aura de la houle et du tangage. Et que là encore, bon gré mal gré, ils l’acceptent, attendant seulement du capitaine qu’il soit capable de limiter au maximum les inévitables dégâts.
D’où l’avalanche de sujets secondaires ou futiles, qui ne deviennent sujets de campagne que parce que les Français, sans le dire, sont d’ores et déjà d’accord sur l’essentiel et que celui-ci, du coup, ne fait plus débat. Il s’agit d’arbitrer non pas entre deux politiques, mais entre deux façons de faire la même politique, une politique à laquelle les Français donnent implicitement leur assentiment.
D’où le relatif échec d’un Bayrou qui, sans proposer de solutions concrètes, s’obstine à dénoncer à voix haute des réalités que les Français ont déjà admises et intégrées. Le patron du MoDem a suscité l’intérêt lorsque, avec son « produire français », il a semblé apporter une proposition nouvelle ; mais depuis qu’il est revenu à la seule dénonciation des problèmes, il n’intéresse plus grand monde. Car les réalités qu’il dénonce, la plupart des électeurs non seulement les connaissent, mais savent qu’elles s’imposeront au dirigeant élu et détermineront une certaine forme de rigueur.
Les Français sont résolus à l’effort. Ils le savent inévitable. Leur seule exigence est que cet effort, demain, soit collectif et réparti de façon équitable. D’où les succès relatifs des extrêmes. La montée du FN traduit l’exigence d’un effort collectif, sans passe-droits ni communautés qui chercheraient à se désolidariser du corps social. La montée du FDG traduit l’exigence d’un effort équitable, auquel les riches et les privilégiés contribueraient effectivement à hauteur de leurs moyens.
Ce que traduisent l’indigence de la campagne et le silence des électeurs, ce n’est pas de l’indifférence, de l’apathie ou de la stupidité. C’est au contraire la conscience d’une solidarité et d’un effort nécessaires. Une nécessité si évidente pour les Français qu’il ne trouvent même plus utile d’en parler, parce que ça va sans dire.
Christian CLAMECY
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