lundi 19 mai 2008

L’économie marchande a besoin de l’ESSOR

L’économie sociale et solidaire vise deux objectifs : créer des emplois productifs et démonter que la logique marchande a besoin d’alternatives en forme de contre poids.

La crise financière actuelle n’aurait pas du être une surprise. Elle découle assez directement d’un malheureux et prévisible concours de circonstances : les épargnants ne savent pas quoi faire de leur argent, ils en attendent des rendements excessifs, pendant que nos sociétés carburent à crédit dans une course poursuite qui finira par avoir une fin.

Dans ma position d’observateur de terrain, je vois le lien avec la question de l’emploi : un meilleur partage de la valeur ajoutée, une rémunération plus élevée du travail et un taux de chômage inférieur conduiraient probablement à un fonctionnement plus « naturel » de l’économie qui s’épargnerait alors la « perfusion du crédit ».

« On a tout essayé contre le chômage ! ». Pourtant nous devons trouver la solution qui, admettons le enfin, ne viendra pas de la croissance, du moins celle que nous avons connue depuis la dernière guerre mondiale. Je m’autorise donc à livrer ici ma réflexion sur l’évolution de l’emploi pour indiquer ensuite en quoi l’économie sociale et solidaire pourrait être une réponse à défaut d’être la réponse.

En matière d’emploi, le constat est simple. Ceux qui travaillent, de moins en moins nombreux en valeur relative au demeurant, doivent travailler toujours plus et toujours plus dur. Les autres ont de moins en moins l’espoir de travailler un jour, et encore moins d’avoir un job correct. Dans une économie de plus en plus technologique, complexe, sophistiquée et compétitive, il devient de plus en plus difficile d’être un acteur à la hauteur. C’est ce que vivent à des degrés divers tous les pays occidentaux. Le fossé se creuse.

Conséquence logique, les « hautes compétences » et les performances se paient de plus en plus cher, engendrant des écarts de revenus croissants exacerbés par un capitalisme financier anonyme qui tourne en vase clos avec la complicité de ces « travailleurs dorés » et de leurs fonds de pension.

Cette redoutable logique ne s’apaisera pas d’elle-même. C’est en ce sens que je crois aux vertus de l’économie sociale et solidaire, l’ESSOR si l’on m’accorde le droit de lui rajouter le terme « responsable ».

Je suggère qu’une offre de biens et de services « moins sophistiquée, plus rustique » soit à même de répondre, grâce à l’emploi de travailleurs moins performants, à l’attente d’une clientèle mal satisfaite, clientèle de condition modeste et clientèle en quête de simplicité, de proximité et d’humanité.

Par conséquent, je suggère même que l’ESSOR soit le choix de certains travailleurs, y compris les mieux formés, pour une économie plus apte au lien social que les grandes organisations technocratiques de l’économie libérale avec leurs frais généraux souvent somptuaires et leurs super dividendes. A côté de la nécessaire fonction publique, à côté de l’économie « purement » marchande, réservons une place à part entière à une troisième logique, celle du « tiers secteur ». Ils s’enrichiront d’ailleurs dans les échanges mutuels.

Il nous faut, bien entendu, la volonté politique de le faire avec les mesures incitatives indispensables. Il nous faut aussi, à nous citoyens trop souvent schizophrènes et adeptes de l’addiction consumériste, ce désir d’être et de vivre parfois autrement.


Jean-Louis VIRAT
Expert-comptable et chef d’entreprise


Article également publié dans la revue Interdépendances, revue du Groupe SOS

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ISEAM

3 commentaires:

  1. Vous avez raison Mr VIRAT et votre position professionnelle vous permet de toucher l'économique là ou il faut, sur le terrain des PME,Artisans commerçants.
    Mais il y a un hic, c'est que votre ESSOR, sent la gauche égalitariste, celle qui nie le mérite pour préférée la médiocratie.le jour ou l'ESSOR acceptera de balayer son verbiage éculé, le jour ou elle chassera de ses instances des crypto-gauchos, alors elle aura le droit de cité qu'elle mérite effectivement.

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  2. Anonyme a raison, et je serai un anonyme qui va dans le même sens.
    Votre économie sociale n'est pas crédible, car elle n'est pas aussi vertueuse que vous voulez le croire ou le laisser croire.Il ya trop de soit disant bénévoles, qui parasitent tout cela.

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  3. aux anonymes :
    Ne généralisons pas. Personne n'a dit que l'économie sociale était parfaite. L'économie sociale est un modèle qui a tout pour favoriser la démocratie et l'équité dans l'entreprise. Après, comme souvent, la gouvernance et la responsabilité de l'entreprise dépendent beaucoup des personnes qui animent cette même entreprise. Mais l'économie sociale propose un cadre qui empêche grandement la recherche d'une maximisation des profits par exemple. Quant aux bénévoles ils viennent souvent appuyer l'action d'activités d'utilité sociale non lucratives et n'interviennent pas ou en tout cas ne devraient pas intervenir dans le cadre d'activités commerciales.

    On va parler de tout ça ce soir sur la radio Ici et Maintenant à partir de 23 h (95.2 FM pour les francilliens et sinon sur le site internet de la radio : http://icietmaintenant.info/.

    A ce soir.

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