LIBR'ACTEURS entre dans une phase active pour pouvoir peser démocratiquement.
Nos adhérents, sympathisants et lecteurs attentifs trouveront ici une tribune signée, par l'un des nôtres, qui donne les axes et la tonalité de notre démarche.
Nos adhérents, sympathisants et lecteurs attentifs trouveront ici une tribune signée, par l'un des nôtres, qui donne les axes et la tonalité de notre démarche.
Et si les citoyens
avaient aussi leur programme politique à défendre en 2017, le débat
politique ne pourrait en être qu’enrichi. La complexité des
sujets dans un monde de moins en moins prévisible pourrait rebuter a
priori tout exercice prospectif individuel. Au contraire, c’est
dans ces périodes où la réflexion participative est la plus
précieuse. Voici ce qui nous semble être les enjeux essentiels pour
la campagne de 2017.
L’émergence d’un
nouveau monde
Notre pays a connu ces
trente dernières années une évolution radicale de son
environnement technologique, écologique et international. La
révolution numérique transforme notre façon de vivre, notre façon
de travailler mais aussi l’exercice du pouvoir. Le nouveau monde
qui émerge est un monde en réseau où le pouvoir ne s’exerce plus
verticalement, à partir d’une hiérarchie, mais horizontalement,
au cœur d’un réseau. Cette évolution touche toutes les
organisations de la société : Etat, entreprise, associations,
famille. La détérioration de notre planète a atteint un niveau
sans précédent, qui aura des conséquences dramatiques sur notre
humanité si on ne réagit pas maintenant et à grande échelle. Le
projet européen, de plus en plus flou pour les citoyens, et les
nouveaux risques internationaux, qui menacent directement notre
sécurité, sont des enjeux stratégiques qui vont perdurer au cours
des prochaines années.
A ces défis s’ajoute
le défi démographique: la France aura une population de plus de 70
millions d’habitants en 2050, et la part des plus de 60 ans
représentera un tiers contre un cinquième de la population au début
des années 2000. C’est dès maintenant que nous devons préparer
notre société et notre système de protection sociale à cette
nouvelle donne. Sur cet aspect aussi, nous n’avons pas anticipé et
préparé l’avenir.
Face à l’émergence de
ce nouveau monde, les pouvoirs publics ne sont pas restés inertes
mais force est de constater que les réponses n’ont pas été à la
hauteur des enjeux. Le plus souvent conçue en réaction à des
crises financières ou sociales, la politique de ces dernières
années en France n’a visé qu’à faire survivre des modèles
surannés d’organisations économiques et sociales. Nous n’avons
pas construit l’avenir mais colmaté le passé. Nous n’avons pas
préparé la France aux défis du nouveau monde.
La France paie au prix
fort son impréparation à ce nouveau monde
Nous payons au prix fort
l’absence de réformes structurelles ces dernières décennies. La
crise de confiance touche toutes les composantes de la société et
la rupture entre les gouvernants et les citoyens est à son comble.
Malgré ses atouts exceptionnels, La France n’a plus confiance en
elle. La crise de notre jeunesse illustre ce malaise profond dans
notre société. Dans la génération des 18 à 30 ans, deux millions
de personnes ne sont ni en formation, ni à l’école ni au travail.
Cette génération est la plus touchée par le chômage et la
précarité. Non seulement notre pays ne sait plus garantir un avenir
prometteur à sa jeunesse mais il leur laisse un fardeau financier
colossal avec plus de 2000 milliards de dettes publiques, dont 150
milliards d’euros de dettes sociales, moralement scandaleuses. La
crise de confiance de la jeunesse de France est la marque de fabrique
des politiques menées depuis 30 ans.
Pour être gagnant et
largement partagé par nos concitoyens, un projet global de réforme
en France doit s’articuler autour de deux valeurs fondamentales: la
liberté et la justice. La liberté est au service de la justice mais
il n’y a pas de justice sans liberté. C’est en créant des
espaces de libertés plus étendus pour tous les citoyens que nous
construirons une France plus juste. Il faut libérer les énergies
créatrices de notre pays. Quelle que soit sa profession - artisan,
commerçant, agriculteur, médecin, artiste, entrepreneur, ouvrier;
quel que soit son statut - salarié, professionnel libéral,
étudiant, retraité, chômeur en recherche d’emplois, mère de
famille, membre d’une association -, notre idéal républicain
fondé sur cette idée de liberté pour une France plus juste doit
retrouver un sens et redevenir réalité. Ce n’est pas la liberté
au bénéfice des plus forts mais la liberté au service de tous.
Cette autonomie n’est pas un repli sur soi mais « un
respect pour l’humanité » comme le disait Rousseau.
Alors que la société industrielle avait quelque peu brisé cet élan
humaniste et cette école de l’émancipation, la troisième
révolution industrielle doit nous permettre de relancer cette vision
humaniste et autonome.
Cette France libre et
juste est la France d’Alexis de Tocqueville, dont l’idéal
démocratique est garant d’égalité et de mobilité sociale;
c’est la France de Jules Ferry avec la double quête de l’autorité
de l’Etat et de l’autonomie de l’individu; c’est aussi la
France de Charles Péguy et de sa cité harmonieuse qui protège
l’individu de toute forme d’asservissement du singulier au
collectif.
Quatre chantiers
prioritaires pour réformer la France
L’Etat français est à
repenser dans son organisation et son fonctionnement, à l’intérieur
de notre territoire comme à l’étranger. Plus décentralisé, plus
agile, plus connecté et plus mobile, l’Etat est à recentrer
prioritairement sur ses fonctions régaliennes et ses rôles de
stratège et de régulateur pour préserver l’intérêt général.
Plutôt que de prôner plus ou moins d’Etat, c’est un Etat
restructuré et adapté au nouveau monde qu’il nous faut. La vie
politique est à régénérer en rapprochant la sphère politique de
la société civile, grâce à des mandats politiques à
renouvellement limité et un recrutement élargi des gouvernants au
sein de la société civile. La politique ne doit pas être une
profession ouverte uniquement à un clan mais une fonction accessible
à tous les citoyens capables et désireux de l’exercer.
Notre système de
protection sociale doit évoluer vers un système universel et
individualisé plus juste et plus efficace. Notre Etat providence,
créé dans un monde qui n’existe plus, est à adapter au nouveau
monde en donnant à chaque citoyen la capacité de gérer ses risques
sociaux avec autonomie et en adéquation avec sa situation
personnelle. La sécurité sociale restera un pilier solidaire majeur
de notre protection sociale et un socle de démocratie sociale dans
le nouveau système. La démocratisation des savoirs doit renforcer
nos systèmes de santé et d’éducation nationale, dans lesquels la
recherche de « plus de liberté pour plus de justice »
s’exprime pleinement. La sécurité en matière sociale s’obtiendra
si nos systèmes sont capables de donner plus d’autonomie aux
citoyens, une liberté de choix renforcée et une gestion plus
décentralisée. Il ne s’agit plus seulement de réparer, de gérer
les accidents sociaux mais de les prévenir, de les anticiper et ce
tout au long de la vie des personnes.
Nos sociétés
post-industrielles resteront prospères uniquement si nous créons un
écosystème propice à l’innovation et si nous valorisons
davantage le travail, la culture et le risque entrepreneurial. Nos
concitoyens sont parmi les plus créatifs au monde, comme le montrent
nos startups innovantes qui vont trop souvent se créer à
l’étranger. Nous devons réformer notre marché du travail, pour
le rendre plus flexible sans précariser, notre formation
professionnelle pour l’intégrer dans le parcours de chacun, notre
politique fiscale pour favoriser l’investissement et la création
d’emploi. Il faut sortir de 30 ans de traitement social du chômage
par une approche globale visant à développer les capacités de
chacun en adéquation avec les métiers d’avenir. Nous vaincrons le
chômage si nous rendons possible une vraie liberté de choix de son
activité professionnelle et non un choix contraint, si nous sortons
de cette funeste soi-disant préférence française pour le chômage
que pour le travail.
Le défi écologique est
de plus en plus pressant. Il faut réduire le contenu en carbone de
la croissance et se montrer capable de se projeter dans le futur dès
maintenant par des investissements ambitieux dans des infrastructures
favorables à l’environnement et les énergies renouvelables. Cette
transition écologique ne se gagnera qu’à l’échelle
internationale mais la France, patrie des droits de l’homme, doit
faire partie des leaders en la matière. Nous ne concevons pas de
préserver notre planète avec une approche malthusienne, qui se
traduirait par une régression de la qualité de vie et des libertés
pour les prochaines générations. On peut faire de l’écologie une
opportunité économique grâce aux innovations technologiques et un
progrès social grâce à un environnement de vie de meilleure
qualité pour tous.
Avec
un projet centré sur la liberté et la justice, un grand plan
Handicap afin de donner une place de premier choix à l’insertion
et à l’épanouissement des personnes souffrant de handicap dans
notre pays vient naturellement compléter ces quatre chantiers
politiques. Alors que près de 2,5 millions de Français sont
atteints d’un handicap reconnu administrativement et des millions
d’autres sont affectés, notre pays doit faire beaucoup plus pour
leur qualité de vie et celle de leur entourage. A la souffrance des
familles dont un des membres est atteint d’un handicap lourd, notre
pays n’offre souvent pas de solutions de placements dans un
établissement spécialisé et oblige ces familles à aller en
trouver une à l’étranger. Cela n’est pas acceptable et doit
changer.
« Plus de
liberté pour plus de justice » est un objectif que nous
devons rendre réalité pour l’ensemble de nos concitoyens, sans
exception !
Frédéric BIZARD
Votre président vient de publier dans LES ECHOS un article qui ausculte E MACRON et a lire entre les lignes vous tirez bien dans le même sens.Vos 4 chantiers sont bien lisibles et votre couplet sur le handicap est un vrai plus.On attend la suite avec impatience.
RépondreSupprimerOu allez vous trouver l'homme ou la femme pour porter un tel projet dans un pays cadenassé par des partis politiques "confis" dans leurs certitudes et portés par un électorat de plus en plus agé et qui défend ses rentes?
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