Si les données scientifiques doivent éclairer la décision publique – ce que je crois – et pouvoir être partagées de façon transparente avec la population, les études sérologiques et épidémiologiques deviennent des éléments guidant pour le déconfinement.
La première étude menée fini mars (publiée sur leur site le 23 avril) par l'Institut Pasteur sur les personnes contaminées dans le cluster constitué par un Lycée de l'Oise apporte des précisions sur le « taux d'attaque» - schématiquement le nombre de personnes infectées dans une communauté à la fin d'une épidémie – et quelques informations complémentaires. Le taux d'attaque de 26% indique ainsi que l’immunité collective ne peut s'établir rapidement.
L'article a largement été relayé par la presse (20 minutes, Les Echos, LCI, etc.).
L'Instit Pasteur a aussi présenté, en date du 21 avril une première étude épidémiologique à partir des personnes hospitalisées et des personnes confinées sur un paquebot (le Princess Diamond). (voir article France Culture en date du 22 avril)
Une étude menée sur 100 000 personnes par l'Institut Max Planque en Allemagne est attendue avec impatience.
L'étude de l'Institut Pasteur confirme que l'immunité collective n'est pas une option tant elle sera lente à obtenir. Elle renseigne aussi sur le taux de reproduction de la maladie, répondant au doux acronyme «RO ». De 3,3 à l'origine – une personne contaminée en contamine 3,3 autres -,
il a chuté à 0,5 grâce au confinement. En restant en dessous de 1, il signifie que l'épidémie s'épuise.
Le RO va-t-il devenir notre référence en déconfinement ? Sa mesure semble pouvoir renseigner sur l'impact de celui-ci face à la pandémie.
L'article de France Culture indique qu'il s'agit de « desserrer le confinement tout en maintenant la distanciation physique » pour maintenir le RO au plus bas.
Cet objectif éclaire en creux l'importance des tests. Or, la presse – et la communication gouvernementale – se font discrètes sur le sujet. Une grande étude est lancée en France (nommée EpiCOV) –article BFMTV du 24 avril, Sciences et Avenir du 2 mai) début mai sur la foi de questionnaire et de tests à réaliser chez soi. Résultats attendus fin mai. Une date tardive. Une autre étude épidémiologique commentée fin avril et mise en ligne le 6 mai (et réalisée à partir de données de l'AP-HP et de l'Université de Columbia). C'est, semble-t-il à partir de celle-ci que le gouvernement a décidé du déconfinement à compter du 11 mai. Elle indique aussi que seule la protection (isolement) des personnes les plus vulnérables (entre 12 et 17 millions de personnes) pendant... 38 semaines éviterait une forte mortalité parmi cette population. (article dans l'Opinion en date du 29 avril, Le monde en date du 7 mai). L'étude indique que, faute de cette mesure, le risque d'une 2eme vague est fort et qu'elle débordera de nouveau le système hospitalier.
Cette option a été écartée par le gouvernement à ce jour, pour ne « pas discriminer les seniors ». Le choix est fait de compter sur le civisme de chacun plutôt que d'imposer une nouvelle contrainte.
J’en conclus que les données scientifiques ne guident pas la décision politique, au mieux elles la
renseignent. Toutefois, elles ne l'éclairent pas vraiment, sois qu'elles arrivent trop tard, soit qu'elles sont refusées.
Eric LAFOND
Administrateur LIBR'ACTEURS.
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