Dans le contexte ambiant particulièrement
perturbé que le pays traverse, et dans la perspective de 2017, les
tréteaux électoraux se montent et les étales se garnissent d'offres
mises en exergue par de grands mots.
Il faut espérer
que beaucoup liront avec attention Les Échos Week-end de ce vendredi,
avec un titre "Les livres les plus influents". Il s'ensuit un hit-parade
des livres les plus lus et les plus cités par un panel de
personnalités, ou supposés tels, ou le nombre le dispute à la qualité.
La lecture attentive de l'article et les commentaires recueillis
confortent l'impérieuse nécessité pour le citoyen acteur de reprendre
toute sa place, au moment où on se souvient qu'il existe et qu'on le
sollicite, à juste titre, pour des objectifs sécuritaires.
Les interrogations relevées au travers des lectures peuvent
effectivement servir de canevas au projet 2017. Elles portent sur la
pertinence de notre modèle social, sur la menace terroriste et la
nouvelle donne géopolitique mondiale, la nouvelle économie du digital,
ou encore sur une démocratie dépassée et des inégalités toujours plus
nombreuses.
Cela est bel et bon, mais force est de constater que hormis J. Tirole et
à un degré moindre M.Gauchet ou P.Rosanvallon, les auteurs cités ne
sont en rien précurseurs. La vraie réflexion sur une démocratie à
revisiter, sur un modèle social à reconstruire et sur mobilisation
citoyenne implique de relire Aristote, qui recommande que chaque citoyen
soit "tout à tour gouvernant et gouverné, A. Gramsci qui hait "Les
Indifférents", Octave Mirbeau qui appelle en 1888 à la grève des
électeurs, enfin et surtout M.Crozier, par le biais de différents essais
et notamment" État modeste État moderne" (1987).
Le citoyen acteur c'est un citoyen enfin reconnu et identifié, impliqué
dans la proximité associative et qui attend simplement de l'État la
mise à disposition des moyens pour une meilleure prédistribution ou
redistribution chère à J. Rawls.
Pour qui réfléchit aux réponses pertinentes à apporter, après avoir
sondé les coeurs et les âmes et mis en oeuvre effectivement des mesures
pratiques, la réussite d'un État moderne part du terrain et du citoyen
acteur dans la cité. Point n'est besoin de grands mots vites galvaudés,
comme société civile, il importe de convoquer le plus grand nombre sur
des enjeux collectifs, en construisant des solidarités assorties de
contreparties consenties par les individus dans leurs comportements
sociétaux.
Tous les aspects d'une société moderne sont impactés par cette
indispensable métamorphose qui doit servir de fil conducteur pour un
projet 2017 novateur. Certains citoyens ou associations y ont pensé
depuis des années, et mettent en pratique ici ou là. Ils en retirent la
conviction que le parti politique installé, empêtré dans ses jeux
d'écuries et de pouvoir, n'est sans doute plus le bon vecteur. Il est
dès lors indispensable d'identifier sans faiblesse ni complaisance, les
citoyens et structures en capacité de mener à bien la mutation et
de fournir en 2017, une nouvelle représentation démocratique à tous les
niveaux de nos institutions.