"Errare humanum est sed perseverare diabolicum", la formule semble être d'actualité quand on voit l'acharnement d'EDF et donc de l'État français dans le dossier Hinckly Point.
Cette affaire, largement occultée par la douloureuse actualité des
attentats qui endeuillent la France, illustre sur le fonds et la forme
un mal français, ou l'irresponsabilité le dispute au manque de culture
au plus haut niveau de l'État.
Sur le fonds, il est proprement aberrant que contre toute logique,
technique et financière, le conseil d'administration d'EDF vote pour le
projet. C'est oublier simplement, et dans le même registre la triste
filière graphite gaz des années 50, abandonnées en rase campagne en 69.
Le président
s'appelait de Gaulle, et en acteurs nous avions le CEA et déjà EDF. Cela
a été Marcoule et 9 centrales vites identifiées comme
sous-performantes, et remplacées par un processus Westinghouse... mais
le mal était fait, sur le plan des séquelles et du coût financier. Bis
repetita avec Hinckly Point ou le seul gagnant sera à coup sûr les 2
partenaires chinois (Fonds CGN et CNNC) qui entrent a hauteur de 30 %
sans partager les risques d'exploitation.
L'exemple de Flamanville, pour EDF, ou Areva dans son aventure
finlandaise montrent pourtant qu'il y a des coûts de construction
incontrôlés et des délais de construction à rallonge.
Sur la forme, la décision du Conseil d'administration
d'EDF, est exemplaire d'une forme d'autisme de l'État français, sûre de
détenir la vérité, et ignorant les signaux forts des citoyens.
En l'espèce, après la démission du Directeur Administratif et Financier (
T.Piquemal), on était en droit de penser que celle d'un administrateur,
nommé par l'État pour sa compétence (G. Magnin) allait ramener à la
raison, que nenni !
Mieux, à l'heure du Brexit, ce type d'aventure mériterait d'être
abandonné, car la couverture de différence de prix promise par Cameron
(Contract for the difference) semble vouée à être lettre morte le moment
venu.
Au moment où il est fondamental d'orienter au mieux le denier public,
sur les grandes missions régaliennes de l'État, la France est sans doute
la seule grande démocratie où 10 personnes, dans le confort douillet
d'un conseil d'administration "irresponsable... mais pas coupable",
engagent plus de 20 milliards d'euros à plus de 10 ans dans une aventure
incertaine.
Il ne s'agit pas ici de principe de précaution ou de suspicion, mais
simplement de bon sens. Ce bon sens dont on continue à dire qu'il est la
chose du monde la mieux partagée, qui devrait conduire à aider
puissamment les ENR (énergies renouvelables), au lieu de freiner les
initiatives de proximité comme le photovoltaïque notamment.
Il est en toute hypothèse indispensable de prendre date, et de remettre
au gout du jour la faute lourde de gestion, pour individualiser
clairement les responsabilités, en une affaire que le Brexit pourrait
peut-être éteindre !