Il faut espérer que nombreux seront ceux et celles qui ce mardi soir (mardi 16/08/2016), au 20h de France 2, auront entendu un éphémère ministre de l'Éducation, afficher son ambition présidentielle et crier haut et fort que la croissance n'est pas nécessaire... il suffit de travailler moins !
Il faut en effet avoir entendu cela pour comprendre en quoi l'échéance
de 2017 est cruciale et dépasse très largement la lecture convenue du
clivage droite/gauche.
Il est en effet impératif d'identifier nos blocages intellectuels ou
sémantiques pour y apporter une réponse collective pertinente. En
l'espèce, il faut tordre le cou à la vieille lune du travailler moins
pour ériger le travailler mieux , recette pour optimiser le denier
public et sa redistribution. N'en déplaise à certains, ce denier public,
qui fait les solidarités, la discrimination positive, est le fruit de
la performance, la force innovante et concurrentielle de nos produits et
services, et le nombre de nos emplois marchands que cela génère.
Comme déjà dit
et écrit ici et ailleurs, la France ne peut plus se complaire dans un
déni des réalités et donner à croire qu'elle aurait raison contre la
terre entière. Ce déni de réalité qui nous conduit à ignorer les simples
comparaisons, pourtant objectives et disponibles. Sur ce point beaucoup
gagneraient à lire avec attention un rapport de France
Stratégie d'avril2015 "Quelle action publique pour demain ?" d'où il
ressort qu'en 44 ans nos dépenses publiques sont passées de 35 % du PIB à
57,2 % pour des résultats qui, en terme d'efficacité, ne sont pas
meilleurs, loin s'en faut, de ceux de nos voisins qui y consacrent une
part moindre de leur richesse nationale.
Déni de ces simples réalités qui montre aussi que la France ne sait pas
prioriser l'affectation de son denier public, menée qu'elle est par une
classe politique qui ignore que gouverner c'est choisir ! Gouverner
demain ce sera de savoir dire qu'un pays comme le nôtre à une force
capable d'innover de produire et de diffuser, à condition de travailler
mieux et d'avoir une meilleure sélectivité dans l'affectation du denier
public, à mettre d'abord à la disposition de la dynamique territoriale
de proximité.
Prioriser, il suffit pour s'en convaincre d'étudier l'indicateur de
sélectivité des dépenses publiques par fonction pour constater qu'en
France il est le plus neutre, là où, dans d'autres pays, il met en
exergue des choix clairs et marqués.
Travailler mieux c'est sans doute et d'abord aider notre jeunesse à
trouver les meilleures conditions pour le faire avec des universités
fortes, portées par les acteurs économiques locaux, débarrassées du
jacobinisme bureaucratique tatillon, qui explique notre nouveau recul au
classement Shanghai.
De fait, il n'y a pas de fatalité, car notre pays recèle des potentiels
considérables à condition de bien les identifier pour les mobiliser.
Pour cela, il est impératif de ne pas négliger les assertions qui
prouvent que certains impétrants pour 2017 se posent encore la question
de savoir comment dépenser, avant de créer, où dit autrement dépenser
avant de gagner !
Cette très fâcheuse tendance répandue à droite comme à gauche trouve
malheureusement son explication dans l'incapacité des politiques à
conceptualiser la croissance et ses ingrédients. Ils privilégient le
message électoral du mieux disant, appuyé sur des promesses et dépenses
nouvelles induites, et fondées sur les prévisions de... croissance qui
toutes se révèlent folkloriques.
C'est en regard de cette approche que devront être jaugés et jugés les
programmes 2017, qui ne peuvent se nourrir de toutes les formes de
populisme, sécuritaires, identitaires, économiques ou sociaux !
R. HASSELMANN