La France s’est donné en mai dernier un président "décalé". Les commentateurs l’ont qualifié de "disrupteur" pour faire dans la nov'langue branchée.
Il se trouve que ce qualificatif colle bien à un homme qui bouscule et dérange par sa méthode, son vocabulaire et sa quête d'innovations. La vraie question est de savoir pourquoi il est arrivé là et comment rendre son quinquennat utile au pays ?
À l'évidence, la sclérose des partis politiques, petites machines à ambitions personnelles est en grande partie responsable. La preuve est définitivement faite qu'il ne faut pas compter sur un parti politique tels que nous les connaissons pour initier les transformations économiques et sociales dont le pays à besoin. Dès lors il faut être attentif à ce que le pouvoir en place n'installe pas... un nouveau parti politique traditionnel comme cela semble en prendre le chemin.
Un formidable chantier s'ouvre ainsi pour le citoyen qui entend être acteur, car la modernité des temps, les réseaux, et une nouvelle race de médias ne permettent plus de chercher la solution dans un chef charismatique tel que Hobbes l'identifiait. Le chemin est clair, il faut vraiment identifier la société civile pour forger une nouvelle forme de gouvernance démocratique, déclinée à 3 niveaux l'Europe, la Nation, le Local.
La société civile c'est vous, c'est moi, un jour. C'est vous et d'autres un autre jour. Elle n'est pas homogène, sans être pour autant un patchwork de citoyens isolés uniquement préoccupés de leur petit intérêt. Il faut se convaincre que cette société civile fait toujours de la politique en cherchant à peser sur le collectif pour que les mesures aillent dans le sens de l'intérêt du plus grand nombre. La société civile fait du politique au sens noble, stricto sensu, l'administration de la cité.
Ce quinquennat doit donc servir à mettre en place une nouvelle forme de gouvernance démocratique, pour que la société civile prenne toute sa place dans l'expression de la volonté populaire qui n'est autre que l'opinion publique.
Depuis plus de 20 ans, par le biais de petits "micros trottoirs" organisés ici ou là, en différentes occasions, au sein de milieux sociaux culturels variés, un constat se dégage. La société civile place la santé et ses déterminants emploi et logement, l'éducation et en particulier la conscience de la terre, la sécurité intérieure et extérieure, comme les 3 principales missions régaliennes de l'État.
C'est à l'aune de ces 3 priorités que doit être bâti un modèle social novateur, et identifiées les souverainetés à confier au local au national ou à l'Europe. Cette approche en forme de pédagogie des enjeux est facilement comprise. C'est en cela que ce quinquennat doit être celui de l'installation d'une nouvelle gouvernance démocratique qui prend le pouls de l'opinion publique pour hiérarchiser les transformations et évolutions qui vont dans le sens des attentes du plus grand nombre, et engendrent un phénomène de catalyse.
Il est à noter que cela est possible au niveau local, sans hiérarchie ni autorité particulière, simplement en impliquant le citoyen et en mixant les intelligences individuelles et collectives qui expriment des opinions générales ou particulières. Pour reprendre une nouvelle fois M. Crozier, que j'invite ici à relire, nous devons faire de ce quinquennat celui d'un État qui sera modeste, uniquement voué à mettre en place ce qui est utile au bien commun, centré sur les 3 missions régaliennes évoquées supra.
Modeste, ce quinquennat sera moderne et restera dans les annales de notre histoire.