jeudi 10 janvier 2008

Réflexions pour une spiritualité républicaine

La République recherche et défend l'intérêt général. Elle fait toujours prévaloir le bien commun sur les intérêts particuliers. Elle ne prend pas partie pour une religion plutôt qu'une autre. Elle garantit la liberté de culte : chacun peut exercer librement sa religion, à la condition que l'exercice de cette liberté ne remette pas en cause ce qui est commun à tous. C’est ça la laïcité !

L'Etat n'a donc pas à faire la promotion d'une religion en particulier ou des religions en général. C'est pourtant ce qu’a fait le Président de la République lors de son discours au Vatican il y a peu. Un homme, serait-il le plus intelligent du monde, ne peut pas remettre en cause des siècles de construction collective de l'Etat républicain. La personnalisation à outrance de la politique telle que nous la connaissons aujourd'hui en France est inquiétante.

Pour revenir à la spiritualité (caractère de ce qui appartient à l’esprit), il pourrait être du ressort de l'Etat d'encourager celle-ci, mais elle ne pourrait alors être que républicaine. Il ne s’agit évidemment pas de rétablir l’Être suprême ou une quelconque autorité de l’Etat sur la conscience, le for intérieur des citoyens. Que serait alors cette spiritualité républicaine ?

Une spiritualité qui encouragerait la connaissance de soi (qui est permise notamment grâce à l'introspection, à la méditation, à la philosophie, à la psychologie...), la connaissance de nos richesses intérieures mais également de nos parts d'ombre afin de mieux les maîtriser. Car les guerres sont souvent le résultat de l'addition de névroses individuelles, de sentiments d'injustice et de désamours profonds. Sentiments qui, de façon générale, sont à l'origine de la violence (qu'elle soit contre soi, contre les autres, contre la planète...).

Une spiritualité qui inviterait l'être humain à s'accepter et à s'aimer lui-même, à aimer les autres, à aimer la terre et l'univers dans lequel nous vivons. Les religions n’ont pas le monopole du cœur ! L'homme est un animal social. Il a fondamentalement besoin de relations humaines riches et sincères pour être heureux. Ce qui nous fait avancer et exister, c'est l'amour qu'on porte aux autres et que les autres nous portent (pour reprendre l'expression du psychologue Guy Corneau, nous sommes de « l'amour sur pattes » !).

Concrètement, l’éducation nationale pourrait commencer par intégrer des cours d’initiation à la philosophie et à la psychologie dans ses programmes avec un contenu digne de ces matières. Ce serait un bon début pour donner à chacun les outils pour affronter et aimer la vie. Car le pouvoir d’achat, c’est important mais ça ne remplit pas une vie.


Nicolas FROISSARD

mercredi 9 janvier 2008

A comme Autorité

L’attitude du Président de La République, son style, sa gestuelle, en un mot son comportement général, conduisent certains a regretter que la majesté qui s’attache a une fonction acquise au suffrage universel direct, soit a ce point dénaturé.

Je crois, qu’il s’agit là, comme dans « SECOND LIFE » d’un avatar, qui permet de vérifier une tendance autrement plus profonde.

Il y a quelque années, Régis DEBRAY, avait attiré l’attention sur notre époque, la première de l’histoire de l’humanité, ou la jeune génération enseigne aux anciens les rudiments et techniques de la modernité : Internet et la micro-informatique. Certes, mais est-ce ce qui explique la perte de reconnaissance, du Père, du maître, de l’élu, du patron ?

Sans y prendre garde on a vu sombrer, l’image de l’instituteur, du Curé, du Percepteur et même du docteur. Il ne s’agissait pas d’autorité au sens d’obéissance, mais au sens de reconnaissance.

C’est là qu’il faut œuvrer, une autorité doit être reconnue et légitime, pour pouvoir être entendue et respectée. Les AUTORITES, dégradées doivent donc s’interroger sur elles mêmes. Qu’ont-elles fait ou pas fait, pour être tombées et piétinées ?

Introspection salutaire qui va être douloureuse, mais qui va révéler les voies d’un retour à un meilleur équilibre. Tout est lié, la démocratie trouve son fondement sur la reconnaissance des élites ou des élus.

Si nous pensons qu’il y a lieu de forger un nouveau référentiel de valeurs, c’est pour pouvoir repartir vers l’avant.

Si l’on veut que nos enfants et petits enfants, qui nous apprennent la micro-informatique, ou l’art du SMS, nous reconnaissent une autorité, il faut que nous puissions lister les valeurs qui nous sont chères, et pourquoi elles le sont.

Faire autorité, ce n’est pas déployer des forces de l’ordre, c’est faire montre d’exemplarité, pour être respecté.

Exemplarité, fondement de la démocratie, nous y revenons encore !


Richard HASSELMANN

Crédit image
Gerhard Munthe

lundi 7 janvier 2008

Parfum de bien-être

Pour cette nouvelle année, je ne vous souhaite pas de devenir riche, ni de consommer davantage. Je vous souhaite simplement d'être heureux, et de connaître cette indicible et agréable sensation du bien-être.

C'est d'abord le bien-être que procure la liberté de penser, d'agir et d'entreprendre. Cette liberté qui ôte nos inhibitions de toutes sortes. Cette liberté qui nous affranchit de la « pensée unique », qui nous évite les pièges de l'endormissement et du comportement moutonnier, orchestré, de façon consciente ou non, par une scène politico-médiatique baignée de cynisme et d'impuissance.

Le tapage réalisé autour de la nouvelle compagne du Président montre bien par exemple à quel point un certain nombre de media de notre pays se trouvent pris au piège du sensationnel futile et d'une rentabilité commerciale accrocheuse, qui semble de plus en plus dépendante du pouvoir en place et qui les éloigne du souci de l'information et de toute prise de recul. Je ne comprends toujours pas ce qui oblige chaque jour au minimum un media à citer au moins une fois le nom du Président de la République.

Je propose que nous réfléchissions à la façon d'aider nos amis journalistes, sans doute les premiers à souffrir de cette situation, à retrouver l'acuité, l'indépendance et toute la saveur originelle du beau métier qu'ils ont choisi d'exercer. J'en profite pour exprimer une pensée envers les deux reporters français arrêtés au Niger, et envers tous ceux qui le sont dans le monde entier. Les citoyens ont besoin des journalistes, et les journalistes ont besoin des citoyens !

C'est ensuite le bien-être d'une vie emplie de contacts et de relations humaines. Celles que l'on noue en famille, dans son travail, avec ses amis, dans ses hobbies et ses associations. Savez-vous que, statistiquement, ce qui permet de survivre à une crise cardiaque, c'est le nombre d'amis ?

Savez-vous que, parmi les salariés qui n'ont pas un très bon ami au travail, seulement 8% s'engagent véritablement dans leur activité ? Au contraire, parmi les salariés qui ont un très bon ami au travail, 56% s'engagent sérieusement dans leur activité...


C'est, au fond, le bien-être de se sentir capable de mener la vie que l'on a envie de mener. Pas seulement individuellement. Aussi collectivement ! Les grands élans qu'a connus l'aventure humaine tendent à se perdre et c'est dommage. Mais l'onde qui réveillera la conscience collective et fera renouer l'homme avec sa destinée et les idéaux dont il a besoin n'est pas loin. Elle a même démarré avec les thèmes de l'environnement et du développement durable, que l'on ne traite déjà plus comme avant.

Libr'acteurs parle de « conscience de la terre ». Nous tentons aussi d'éveiller, très humblement, la « conscience du citoyen » et « la conscience du politique ». Ce genre d'ambition ne se réalise que progressivement. Les jours passent, et, à un moment pourtant identique aux autres, on relève un fait qui prend la forme d'un constat. On se rend compte que quelque chose a changé.

C'est un peu comme le parfum : il ne se voit pas, ne s'entend pas, ne se touche pas. Mais il est là, on le sent. On le respire. Mieux encore : on s'en imprègne. Il nous envahit et nous transporte. Il égaye nos vies et leur donne un peu de délicatesse.

Pour l'année 2008, je souhaite à tous un parfum de bien-être...


Lionel Lacassagne