Nous ne nous en rendons plus compte, mais nos indicateurs de santé de notre société sont complètement liés au référentiel dans lequel ils sont mesurés. Si le référentiel change, un même chiffre, un même fait, un même résultat objectif n'aura pourtant plus du tout le même sens.
Le référentiel actuellement dominant dans le monde met en avant la réussite par l'argent, la consommation et le pouvoir d'achat comme première source de satisfaction personnelle, la rentabilité financière à court terme comme exigence préalable, l'intérêt personnel, catégoriel ou national comme base de toute discussion, échange ou négociation.
Il se caractérise par une obsession : celle de vouloir toujours être le meilleur, dans un système de comparaison permanente, absurde et aveugle, ayant perdu tout rapport avec le progrès et le dépassement de soi.
Personnellement, ce référentiel ne me convient pas. Ma sensibilité et mon système de valeurs privilégient l'humain, la solidarité et le partage. Comme St-Exupéry, je considère « qu'il n'y a de richesses que d'hommes ».
Je pense que nous ne sommes pas sur terre pour autre chose que pour construire des relations ensemble, pour apprendre à nous connaître et à nous aimer. Le bien-être du plus grand nombre est pour moi l'objectif premier d'une société, et devrait être la finalité de l'action politique. Il s'agit d'un objectif absolu : il s'adresse à tous, indépendamment des origines, des croyances, des lieux de vie... et de toute méritocratie arbitraire !
La transmission du savoir, l'apport mutuel d'expérience, la fixation d'une ambition collective sont des éléments essentiels du partage.
Un tel changement de référentiel entraîne de profonds changements dans nos manières de voir et d'évaluer le niveau de développement de nos sociétés.
Par exemple :
J'aimerais que les pays du G8 et les organisations internationales se demandent à chaque réunion si le nombre de personnes pauvres, souffrant de la faim, de la maladie, du mal-logement, de toutes formes de violences, de la guerre, de l'isolement,... a diminué, et si leurs décisions et actions futures vont y contribuer.
J'aimerais que le prix des produits de consommation intègrent les coûts que leur production et leur transport ont engendré sur l'environnement : les produits aux prix les plus bas ne seraient alors peut-être pas les mêmes que ceux qui s'affichent comme tels aujourd'hui ...
J'aimerais que les analystes économiques jugent les entreprises non pas sur leur rentabilité, leurs profits ou leur valeur boursière, mais sur le service qu'elles apportent à la société par leur activité et leur innovation (c'est tout de même la raison d'être originelle d'une entreprise !), sur la création de valeur et d'emploi que leur développement génère autour d'elles, sur la qualité des relations qu'elles entretiennent avec leur personnel et leurs clients et partenaires.
J'aimerais que l'on arrête d'opposer systématiquement les intérêts des actionnaires et ceux du personnel et des clients : une entreprise qui apporte de la valeur à ses clients finit toujours par en apporter à ses actionnaires ... dès lors que ces derniers fassent disparaître leur obsession de la rentabilité à court terme et de gagner plus que leur voisin ... Pour les placements à court terme, il existe des produits de trésorerie !
J'aimerais que notre pays cesse de considérer sans le dire les 30-50 ans comme la seule « force vive », refusant l'accès à l'emploi aux jeunes, diplômés ou non, dès lors qu'ils n'ont pas déjà fait leurs preuves à travers 5 années d'expérience. Ce pays qui refuse tout autant aux plus âgés l'accès aux promotions et aux responsabilités (voire à l'emploi), alors que la variété des profils est, dans toute équipe, non seulement une richesse importante sur le plan humain, mais aussi un gage démontré d'efficacité.
J'aimerais que toutes les formes de solidarité ne soient pas seulement perçues comme un acte de générosité, mais aussi comme le vecteur indispensable de toute cohésion sociale.
J'aimerais que l'on se donne des objectifs ambitieux sur les sujets suivants, et que l'on en instaure des indicateurs fiables d'analyse et de suivi :
La rapidité et l'égalité d'accès aux soins
Le goût et l'acquisition du savoir, du savoir-faire et du savoir-être
Le plaisir au travail (gage d'efficacité comme l'attestent de très sérieuses études) et dans l'activité d'une façon générale
La protection de l'environnement
L'harmonie et la paisibilité de nos quartiers et lieux de vie
Ce ne sont là que quelques pistes et exemples. Il nous appartient à nous tous de construire ce nouveau référentiel de valeurs et de richesses. Bien sûr, tout cela peut paraître utopique. Il n'en est rien. Nous peinons en fait à prendre conscience de notre pouvoir de citoyen, qui revêt plusieurs facettes.
Par exemple :
Nous détenons un vrai pouvoir vis-à-vis des entreprises en tant que consommateur. A en observer leurs actions marketing et publicitaires pour afficher un attachement, réel ou de façade, à l'écologie et au dévelopement durable, elles semblent d'ailleurs l'avoir compris avant nous ... Il en est de même en tant qu'actionnaire individuel : l'attention grandissante qu'elles portent aux fonds d'investissements « éthiques » et « socialement responsables » en est une preuve flagrante !
D'autre part, bien que mesurée et utilisée de façon diverse et discutable, l'opinion publique joue un rôle indéniable dans les medias et demeure prise en compte par nombre de décideurs.
Enfin, nous avons un pouvoir d'électeur et... d'élu.
Oui, d'élu ! Comme le disait Aristote, « le citoyen est tour à tout gouverné et gouvernant ». Il est vrai qu'en France, la classe politique au pouvoir depuis plusieurs décennies a littéralement confisqué au citoyen la possibilité de devenir gouvernant.
Cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, bien au contraire ! Nous allons précisément nous atteler à lui redonner vie, à travers un premier combat pour l'instauration d'un vrai statut de l'élu (assorti de valeurs éthiques et d'exemplarité) et du non-cumul des mandats.
Je crois profondément en la liberté de l'homme. Je la trouve belle parce qu'elle ouvre la porte à tous les espoirs, à tout le champ des « possibles » que l'on n'imagine pas encore. Elle l'est aussi parce qu'elle rend l'homme responsable de ses actes, de ses choix, et donc d'une part de son destin.
J'aime cette liberté parce qu'elle fait de nous des libres acteurs.
Lionel Lacassagne
Crédit et copyright image
NAGY
Le référentiel actuellement dominant dans le monde met en avant la réussite par l'argent, la consommation et le pouvoir d'achat comme première source de satisfaction personnelle, la rentabilité financière à court terme comme exigence préalable, l'intérêt personnel, catégoriel ou national comme base de toute discussion, échange ou négociation.
Il se caractérise par une obsession : celle de vouloir toujours être le meilleur, dans un système de comparaison permanente, absurde et aveugle, ayant perdu tout rapport avec le progrès et le dépassement de soi.
Personnellement, ce référentiel ne me convient pas. Ma sensibilité et mon système de valeurs privilégient l'humain, la solidarité et le partage. Comme St-Exupéry, je considère « qu'il n'y a de richesses que d'hommes ».
Je pense que nous ne sommes pas sur terre pour autre chose que pour construire des relations ensemble, pour apprendre à nous connaître et à nous aimer. Le bien-être du plus grand nombre est pour moi l'objectif premier d'une société, et devrait être la finalité de l'action politique. Il s'agit d'un objectif absolu : il s'adresse à tous, indépendamment des origines, des croyances, des lieux de vie... et de toute méritocratie arbitraire !
La transmission du savoir, l'apport mutuel d'expérience, la fixation d'une ambition collective sont des éléments essentiels du partage.
Un tel changement de référentiel entraîne de profonds changements dans nos manières de voir et d'évaluer le niveau de développement de nos sociétés.
Par exemple :
J'aimerais que les pays du G8 et les organisations internationales se demandent à chaque réunion si le nombre de personnes pauvres, souffrant de la faim, de la maladie, du mal-logement, de toutes formes de violences, de la guerre, de l'isolement,... a diminué, et si leurs décisions et actions futures vont y contribuer.
J'aimerais que le prix des produits de consommation intègrent les coûts que leur production et leur transport ont engendré sur l'environnement : les produits aux prix les plus bas ne seraient alors peut-être pas les mêmes que ceux qui s'affichent comme tels aujourd'hui ...
J'aimerais que les analystes économiques jugent les entreprises non pas sur leur rentabilité, leurs profits ou leur valeur boursière, mais sur le service qu'elles apportent à la société par leur activité et leur innovation (c'est tout de même la raison d'être originelle d'une entreprise !), sur la création de valeur et d'emploi que leur développement génère autour d'elles, sur la qualité des relations qu'elles entretiennent avec leur personnel et leurs clients et partenaires.
J'aimerais que l'on arrête d'opposer systématiquement les intérêts des actionnaires et ceux du personnel et des clients : une entreprise qui apporte de la valeur à ses clients finit toujours par en apporter à ses actionnaires ... dès lors que ces derniers fassent disparaître leur obsession de la rentabilité à court terme et de gagner plus que leur voisin ... Pour les placements à court terme, il existe des produits de trésorerie !
J'aimerais que notre pays cesse de considérer sans le dire les 30-50 ans comme la seule « force vive », refusant l'accès à l'emploi aux jeunes, diplômés ou non, dès lors qu'ils n'ont pas déjà fait leurs preuves à travers 5 années d'expérience. Ce pays qui refuse tout autant aux plus âgés l'accès aux promotions et aux responsabilités (voire à l'emploi), alors que la variété des profils est, dans toute équipe, non seulement une richesse importante sur le plan humain, mais aussi un gage démontré d'efficacité.
J'aimerais que toutes les formes de solidarité ne soient pas seulement perçues comme un acte de générosité, mais aussi comme le vecteur indispensable de toute cohésion sociale.
J'aimerais que l'on se donne des objectifs ambitieux sur les sujets suivants, et que l'on en instaure des indicateurs fiables d'analyse et de suivi :
La rapidité et l'égalité d'accès aux soins
Le goût et l'acquisition du savoir, du savoir-faire et du savoir-être
Le plaisir au travail (gage d'efficacité comme l'attestent de très sérieuses études) et dans l'activité d'une façon générale
La protection de l'environnement
L'harmonie et la paisibilité de nos quartiers et lieux de vie
Ce ne sont là que quelques pistes et exemples. Il nous appartient à nous tous de construire ce nouveau référentiel de valeurs et de richesses. Bien sûr, tout cela peut paraître utopique. Il n'en est rien. Nous peinons en fait à prendre conscience de notre pouvoir de citoyen, qui revêt plusieurs facettes.
Par exemple :
Nous détenons un vrai pouvoir vis-à-vis des entreprises en tant que consommateur. A en observer leurs actions marketing et publicitaires pour afficher un attachement, réel ou de façade, à l'écologie et au dévelopement durable, elles semblent d'ailleurs l'avoir compris avant nous ... Il en est de même en tant qu'actionnaire individuel : l'attention grandissante qu'elles portent aux fonds d'investissements « éthiques » et « socialement responsables » en est une preuve flagrante !
D'autre part, bien que mesurée et utilisée de façon diverse et discutable, l'opinion publique joue un rôle indéniable dans les medias et demeure prise en compte par nombre de décideurs.
Enfin, nous avons un pouvoir d'électeur et... d'élu.
Oui, d'élu ! Comme le disait Aristote, « le citoyen est tour à tout gouverné et gouvernant ». Il est vrai qu'en France, la classe politique au pouvoir depuis plusieurs décennies a littéralement confisqué au citoyen la possibilité de devenir gouvernant.
Cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas, bien au contraire ! Nous allons précisément nous atteler à lui redonner vie, à travers un premier combat pour l'instauration d'un vrai statut de l'élu (assorti de valeurs éthiques et d'exemplarité) et du non-cumul des mandats.
Je crois profondément en la liberté de l'homme. Je la trouve belle parce qu'elle ouvre la porte à tous les espoirs, à tout le champ des « possibles » que l'on n'imagine pas encore. Elle l'est aussi parce qu'elle rend l'homme responsable de ses actes, de ses choix, et donc d'une part de son destin.
J'aime cette liberté parce qu'elle fait de nous des libres acteurs.
Lionel Lacassagne
Crédit et copyright image
NAGY
Superbe texte, qui colle bien à votre charte.
RépondreSupprimerMais il va falloir passer aux travaux pratiques et ce sera une autre chanson.
Le vrai probléme est qu'on fonctionne avec des schémas qui datent du XIX ou XX em siecle, pour un contexte du XXIem, ou les rôles et les places sont redistribuées.La mondilaisation et la globalisation sont passées par là.
L'auteur vous donnera son sentiment, pour ma part je ne peux que vous féliciter de votre constat.Ce décalage entre un monde nouveau et des grilles de lecture qui sont rouillees , explique bien des choses. Notre ambition pour forger un nouveau référentiel de valeurs, participe de ce constat.
RépondreSupprimerIl s'agit là tout autant d'une question morale que d'une question "d'efficacité" dans la recherche d'une certaine satisfaction.Car deux cas de figures doivent être distingués.
RépondreSupprimerTout d'abord pour les plus pauvres, nous avons le devoir de solidarité qui, soit dit en passant, s'oppose à celui d'assistanat.
Mais ensuite, pour ceux qui ont un niveau de vie à peu près décent, que voit-on? Que nous en avons jamais assez, quelle que soit notre place dans la hiérarchie sociale ("l'argent ne fait pas le bonheur", même si, en fait, je dis plus haut qu'il y contribue) et que, par conséquent, nous devons creuser d'autres pistes.
Une société matérialiste, centrée sur le "plaisir" individuel autant qu'égoïste, une société qui se méfie de l'autre et des autres et développe le syndrome de la victime, sans dynamique de projet individuel et collectif, sans ce lien social dont la communication en est la jambe de bois, alors que nous avons besoin d'amis, d'une famille, de fierté de la réalisation (personnelle et collective), de solidarité avec les générations antérieures et suivantes...une telle société ne peut qu'aller dans le mur car elle nous conduite à la dépression rampante collective, au mal être donc.
L'économie de la sobriété, traduction d'une démarche écologique que les élites que nous sommes devraient à mon sens expérimenter pour en faire une multitude de témoignages exemplaires et responsables, cette économie de la sobriété me semble constituer une piste de réflexion que nous devons explorer.
@C LIEBER
RépondreSupprimerJe sais vous allez bondir, amis vous savez, nous aimons les classifications. Ce que vous écrivez, ce que vous prônez, c'est du catho/social, style CFTC ou je m'y trompe?
Réponse à "l'anonyme" du 1er commentaire :
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour votre commentaire. En effet, nos modes de fonctionnement doivent s'adapter, ce qui constitue un enjeu et un chantier énormes.
Pour moi, la mondialisation n'est ni bonne ni mauvaise : l'important est ce que l'on en fait et comment on la vit. La mise en relation, l'interdépendance et la conscience collective qu'elle génère sont à mes yeux des aspects très positifs si l'on se place dans le référentiel que j'ai tenté de décrire.
Réponse à "l'anonyme" du 4ème commentaire :
RépondreSupprimerPourquoi toujours enfermer les idées dans un cadre ou une classification ? Si vous tenez absolument aux étiquettes, considérez que c'est de l'humanisme et du "Libr'Acteurs" !
@ananyme (le 2ème)
RépondreSupprimerEt si je vous dis qu'il y a du plaisir dans l'engagement, ça fait moins catho de gauche ? Non plus sérieusement, je crois que le catholicisme n'a pas le monopole de l'engagement. Pour être heureux, il est nécessaire de
- s'exprimer et de se réaliser individuellement,
- de créer ou de transformer
- mais aussi de participer à une oeuvre collective
- et de toucher ponctuellement au sublime
Oeuvrer dans ses actes de tous les jours (et même dans ses non actes : ne pas consommer ou consommer moins) pour une société solidaire, responsable, fraternelle me paraît être une bonne façon (la seule ?) d'être égoïstement heureux.
Je continue, puisque je découvre votre blog.
RépondreSupprimerSi vous lisez CHALLENGES, celui de cet semaine N°103, va vous apporter un adhérent de classe:P LAMY directeur de l'OMC.Lisez l'article et dites nous si vous partagez cette analyse, qui entraine une relecture de.....K MARX!
@anonyme,
RépondreSupprimerBonne lecture, j'ai également relevé cet excellent papier dans CHALLENGES.
P LAMY se pose en social démocrate, mais le fonds est plus interessant que la classification.
Il est effectivement plaisant pour nous qui prônons depuis longtemps sur la place de l'économie sociale et solidaire de vérifier que nos analyses ne sont pas aussi folkloriques que certains pourraient le penser.