Dans l'entreprise, le monde associatif ou le sport, l'exemplarité est l'un des principes fondamentaux du management. Tout leader, tout entraîneur qui veut emmener son équipe vers un sommet, au prix parfois de sacrifices et à travers une route difficile semée d'embûches, sait que son équipe et lui font partie du même bateau, et qu'il ne peut pas réussir seul, sans partage des joies et douleurs.
Il devrait en être de même en politique. Mais la classe politique de notre pays ne semble toujours pas l'avoir compris. Au lieu de se sentir en symbiose avec le peuple, elle se sent « au-dessus », ou « à part ». Certains parlent d'une « France d'en haut » et d'une « France d'en bas ». D'autres regrettent que « les Français ne les comprennent pas ».
Le résultat est patent : le fossé se creuse entre les citoyens et les responsables politiques, qui ne leur ressemblent pas et ne vivent pas comme eux. Cela entraîne aussi une cohésion sociale de plus en plus fragile, le règne de tous les égoïsmes, et, au bout du compte, l'inefficacité de l'action politique.
Ainsi, si le Gouvernement et la majorité parlementaire avaient commencé par remettre en cause le régime de retraite bien spécial des députés pour expliquer aux Français que l'enjeu est non seulement la sauvegarde de leurs retraites, mais aussi et surtout l'expression d'une équité et d'une solidarité intergénérationnelle, alors il est probable que les actuels bénéficiaires de régimes spéciaux de retraite se seraient montrés plus enclins à accepter la réforme. Peut-être même n'auraient-ils pas (ou peu) fait grève, forts du constat que les politiques se la sont d'abord appliqués à eux-mêmes, démontrant alors l'importance de l'intérêt général (et donc individuel) de long terme par rapport à l'intérêt catégoriel et personnel de court terme.
De même, en s'attribuant une augmentation de salaire de 140% avant même d'avoir réussi à apporter à l'ensemble des Français une augmentation effective de leur pouvoir d'achat et de leur niveau de vie, le Président de la République commet une grossière erreur : celle de ne pas s'appliquer à lui-même le principe de salaire au mérite qu'il défend pourtant avec véhémence. Je ne vois pas bien comment des sacrifices pourront ensuite être demandés et acceptés par les Français après une telle incongruité. Car ne nous leurrons pas : nous ne créons toujours pas suffisamment de richesses pour financer notre modèle social, les inégalités augmentent et la dette publique continue de croître.
Il en commet une autre : celle de se désolidariser des Français au prétexte que les autres chefs d'Etat seraient mieux payés que lui. Or, il oublie que les Français subissent ce même décalage : alors que la productivité de nos salariés est jugée meilleure que celle de leurs homologues de bon nombre de pays développés, leurs revenus nets n'ont pas véritablement augmenté... Cette situation s'explique par le fait que nous avons amélioré la productivité de nos travailleurs en écartant progressivement du marché du travail les personnes « jugées » comme les moins productives (jeunes, seniors, personnes peu qualifiées,...).
Le résultat est que notre richesse produite par habitant est, elle, inférieure à bon nombre de pays. Il me semble que cette situation doit être assumée collectivement et que nous devons tenter d'y remédier. Je ne vois pas en tout cas pourquoi notre Président ne l'assumerait pas autant que ses concitoyens...
Etre exemplaire ne signifie pas être parfait. Personne ne l'est. Tout comme personne ne détient la Vérité absolue. Pour moi, l'exemplarité recouvre deux choses : d'une part, s'appliquer à soi-même les principes que l'on propose (a fortiori ceux que l'on exige des autres !). Il s'agit tout simplement de mettre ses actes en cohérence avec ses paroles. D'autre part, c'est montrer l'exemple, le chemin à suivre. Les grands leaders jouent indéniablement un rôle de guide, souvent complété par un rôle de coach, développant ou faisant émerger tous les talents qu'ils détectent autour d'eux.
Il y a bien sûr un écueil à éviter : celui qui consisterait à se transformer en « donneur de leçons » et à emmener les autres dans une voie unique que l'on considèrerait comme la seule voie juste et raisonnable. On tomberait alors dans le dogmatisme, voire le fanatisme.
J'invite simplement le citoyen à s'engager et à vivre pleinement son engagement. Le bon chemin est celui auquel on croit. L'éclairer de ses comportements en harmonie avec ses convictions suscitent l'intérêt et la légitimité. Le présenter et proposer de le suivre est un acte d'ouverture créateur de liens humains.
Et si cela devenait un nouvel art de vivre ?
Lionel Lacassagne
Crédit et copyright image
JUL
Il devrait en être de même en politique. Mais la classe politique de notre pays ne semble toujours pas l'avoir compris. Au lieu de se sentir en symbiose avec le peuple, elle se sent « au-dessus », ou « à part ». Certains parlent d'une « France d'en haut » et d'une « France d'en bas ». D'autres regrettent que « les Français ne les comprennent pas ».
Le résultat est patent : le fossé se creuse entre les citoyens et les responsables politiques, qui ne leur ressemblent pas et ne vivent pas comme eux. Cela entraîne aussi une cohésion sociale de plus en plus fragile, le règne de tous les égoïsmes, et, au bout du compte, l'inefficacité de l'action politique.
Ainsi, si le Gouvernement et la majorité parlementaire avaient commencé par remettre en cause le régime de retraite bien spécial des députés pour expliquer aux Français que l'enjeu est non seulement la sauvegarde de leurs retraites, mais aussi et surtout l'expression d'une équité et d'une solidarité intergénérationnelle, alors il est probable que les actuels bénéficiaires de régimes spéciaux de retraite se seraient montrés plus enclins à accepter la réforme. Peut-être même n'auraient-ils pas (ou peu) fait grève, forts du constat que les politiques se la sont d'abord appliqués à eux-mêmes, démontrant alors l'importance de l'intérêt général (et donc individuel) de long terme par rapport à l'intérêt catégoriel et personnel de court terme.
De même, en s'attribuant une augmentation de salaire de 140% avant même d'avoir réussi à apporter à l'ensemble des Français une augmentation effective de leur pouvoir d'achat et de leur niveau de vie, le Président de la République commet une grossière erreur : celle de ne pas s'appliquer à lui-même le principe de salaire au mérite qu'il défend pourtant avec véhémence. Je ne vois pas bien comment des sacrifices pourront ensuite être demandés et acceptés par les Français après une telle incongruité. Car ne nous leurrons pas : nous ne créons toujours pas suffisamment de richesses pour financer notre modèle social, les inégalités augmentent et la dette publique continue de croître.
Il en commet une autre : celle de se désolidariser des Français au prétexte que les autres chefs d'Etat seraient mieux payés que lui. Or, il oublie que les Français subissent ce même décalage : alors que la productivité de nos salariés est jugée meilleure que celle de leurs homologues de bon nombre de pays développés, leurs revenus nets n'ont pas véritablement augmenté... Cette situation s'explique par le fait que nous avons amélioré la productivité de nos travailleurs en écartant progressivement du marché du travail les personnes « jugées » comme les moins productives (jeunes, seniors, personnes peu qualifiées,...).
Le résultat est que notre richesse produite par habitant est, elle, inférieure à bon nombre de pays. Il me semble que cette situation doit être assumée collectivement et que nous devons tenter d'y remédier. Je ne vois pas en tout cas pourquoi notre Président ne l'assumerait pas autant que ses concitoyens...
Etre exemplaire ne signifie pas être parfait. Personne ne l'est. Tout comme personne ne détient la Vérité absolue. Pour moi, l'exemplarité recouvre deux choses : d'une part, s'appliquer à soi-même les principes que l'on propose (a fortiori ceux que l'on exige des autres !). Il s'agit tout simplement de mettre ses actes en cohérence avec ses paroles. D'autre part, c'est montrer l'exemple, le chemin à suivre. Les grands leaders jouent indéniablement un rôle de guide, souvent complété par un rôle de coach, développant ou faisant émerger tous les talents qu'ils détectent autour d'eux.
Il y a bien sûr un écueil à éviter : celui qui consisterait à se transformer en « donneur de leçons » et à emmener les autres dans une voie unique que l'on considèrerait comme la seule voie juste et raisonnable. On tomberait alors dans le dogmatisme, voire le fanatisme.
J'invite simplement le citoyen à s'engager et à vivre pleinement son engagement. Le bon chemin est celui auquel on croit. L'éclairer de ses comportements en harmonie avec ses convictions suscitent l'intérêt et la légitimité. Le présenter et proposer de le suivre est un acte d'ouverture créateur de liens humains.
Et si cela devenait un nouvel art de vivre ?
Lionel Lacassagne
Crédit et copyright image
JUL
Excellent texte.
RépondreSupprimerMettre ses actes en cohérence avec ses paroles... Oui !
" Etre Président de la République tel que je le conçois, c’est une ascèse..." Nicolas Sarkozy 10 avril 2007. Beaucoup beaucoup de sacrifices donc.
Et hop une fois élu des vacances sur un yacht et dans une maison à 20000 euros la semaine, une augmentation de 140%, quatre airbus pour aller en Chîne où la nuit d'hôtel frise les 10 000 euros... Bien la cohérence.
On peut juste aussi rappeler au passage que les députés ont décidé tous seuls comme des grands de s'octroyer, lors de la dernière mandature, 5 ans d'indemnités chômage là où le citoyen lambda n'en a que pour deux ans. Exemplaire non ?
Oui, il va falloir ramer pour débusquer toute ces incohérences.
RépondreSupprimerVotre blog est bien mais il reste encore trop méconnu, ,il va donc falloir trouver d'autres relais et mettre en place une communication plus visible.
Peut être que vous y avez pensé dans l'organisation territoriale de LIBR'ACTEURS?
Vous vouliez visiblement collecter des informations sur les cumulards en France. En voici du Var.
RépondreSupprimerJean-Michel Couve :
- Élu Maire de Saint-Tropez de 1983 à 1989, puis depuis 1993...
- Élu député du département du Var depuis 1986...réelu en 2007.
Evidemment, Monsieur Couve a eu aussi eu un mandat de conseiller général...
Lorsqu'il terminera son mandat de député en 2012, il aura passé 26 ans à l'assemblée et aura cumulé son rôle de député pendant 22 ans avec son rôle de maire.
Monsieur Couve se représente à la maire de St Tropez en 2008.
Etre un démocrate exemplaire et être en accord avec la défense du non cumul des mandats me semble impliquer naturellement :
- le fait de ne pas voter pour lui,
- le fait de refuser de le soutenir directement ou indirectement.
ne pensez-vous pas ?
@ Logic,
RépondreSupprimerMerci de vos encouragements. Nous comptons sur ceux qui comme vous apprécient nos prises de position pour nous aider à faire connaître le blog de Libr'acteurs.
Après la polémique sur l'augmentation de salaire du président de la République, voici que le Canard Enchaîné nous apprend que Nicolas Sarkozy cumule en ce moment son salaire de président de la République et celui de ministre de l'Intérieur. L’information est sure puisqu’elle a été confirmée par l'Elysée. C'est du jamais vu ... Lire la source
RépondreSupprimerExemplarité quand tu nous tiens !!!
L'argent roi ! L'argent fait le bonheur voilà le message donné par M. le président de la république.
RépondreSupprimerJ'ai bien travaillé j'ai été élu président de la République donc j'ai le droit de m'en mettre plein les poches.
Et je traite avec un dictateur qui est riche donc fréquentable... Et le pire c'est que tout le monde pense que la France a effectivement besoin de l'argent de la Lybie. Nous aurions "besoin" de vendre des armes à la Lybie... Et d'enrichir par la même occasion les actionnaires des fabriquants d'armes ? Et puis non je suis désolé je n'accepte pas que l'industrice de l'armement soit présenté comme le fleuron de l'économie française.
A tout seigneur, tout honneur!
RépondreSupprimerc'est évident qu'en matière d'exemplarité on peut choisir comme modéle le Président de la République.Dés lors on va vite constater, que ce n'est pas le bon modéle.Votre initiative prend corps, on voit fleurir les cumulards de mandats, et les assoiffés d'€.
Vous avez du talent pour écrire et expliquer, a quand une charte de l'exemplarité en matière de démocratie?
Aux différents anonymes,et LOGIC,
RépondreSupprimerVos billets vont nourrir le projet.
L'idée est de selectionner des MOTS forts pour illustrer notre vision.ces mots devraient permettre de soutenir des réunions publiques, car notre soucis premier est de porter de l'information, et ensuite des cles de lecture pédagogiques.
L'idée d'une charte de l'Exemplarité est a retenir, elle eput être écrite par nos visiteurs.
A vos imaginations fertiles;