mardi 26 février 2008

La confiance : valeur-clé du contrat social

Nous avons déjà parlé de la confiance, et nous en parlerons encore.

Un certain nombre d'observateurs parlent régulièrement d'une « crise de confiance » au sein de notre société: manque de confiance dans l'avenir, dans l'Europe, dans la mondialisation, mais aussi manque de confiance dans l'autre, dans le couple, dans ce que l'on fait.

Une crise de confiance n'est pas un phénomène naturel : elle apparaît suite à des tromperies, un sentiment de mensonge, d'hypocrisie ou encore d'insécurité. Elle se caractérise par la domination du doute et de la suspicion. Des questions sans réponses en appellent d'autres.

L'affaire « Société Générale » est à cet égard emblématique. Voici, par exemple, quelques questions qu'elle génère, contribuant à une véritable crise de confiance : Comment la perte de 2,6 milliards d'euros liée aux « subprimes » qui vient d'être annoncée peut-elle être 10 fois plus élevée que celle annoncée 6 mois plus tôt ?

Le trader en cause dans une perte complémentaire de 4,9 milliards d'euros a-t-il pu agir complètement seul ? D'autres affaires du même type sont-elles possibles ?

Y a-t-il eu ou pas un délit d'initié commis le 9 janvier par un administrateur de la Société Générale ?

Les membres du Conseil d'Administration, qui a refusé la démission de Daniel Bouton, sont-ils vraiment indépendants ? Le Président de la République soutient-il une reprise de la Société Générale par BNP-Paribas ?

Comment Christine Lagarde a-t-elle pu élaborer un rapport sérieux sur une affaire aussi complexe en seulement 8 jours ? Etc, etc...

Une crise de confiance peut également provenir d'une crise de crédibilité. Car la confiance implique un minimum de crédibilité. Ainsi, en continuant de prévoir un taux de croissance supérieur à 2% pour notre pays en 2008, en complet décalage, une fois encore, avec les prévisions de l'ensemble de la communauté économique nationale et internationale, le Gouvernement n'est pas crédible.

L'année 2007 l'a d'ailleurs souligné : Avec un taux de croissance de seulement 1,9% en France ( contre une moyenne de 2,7% dans la zone euro - c'est-à-dire dans les pays pour lesquels la parité euro-dollar est la même...! - et un taux de 2,2% aux Etats-Unis malgré leur ralentissement...), notre Gouvernement aurait, une fois de plus, mieux fait de corriger ses prévisions initiales quand il en était encore temps.

Mais une correction des prévisions de croissance impliquerait de fait une révision du budget de l'Etat. Or, cela, nos dirigeants n'en veulent pas. Réviser les recettes à la baisse et revoir en conséquence le programme de dépenses publiques exigent un travail compliqué d'analyse, de débats, de concertations et de prises de décisions, de surcroît impopulaires.

Ils ne se rendent pas compte que ce manque de responsabilité et de courage politique ampute considérablement la confiance et le respect que les citoyens peuvent avoir envers eux. Les gouvernements successifs ont beau chercher à nous aveugler avec le même optimisme béat et avec des prévisions de croissance qui n'ont de sens que pour effectuer l'exercice de l'équilibre budgétaire, les plus avisés d'entre nous ne sont pas dupes. Et l'ensemble des citoyens finit toujours par se rendre compte que la France réalise moins de croissance que les autres pays, que son pouvoir d'achat ne s'améliore pas, et que les prélèvements obligatoires augmentent.

Ainsi, malgré les discours sur l'instauration d'un « bouclier fiscal », les prélèvements obligatoires s'élèveront en 2008 à 846 milliards d'euros, soit une augmentation de 6,8% en 2 ans !!!

La crédibilité, et donc la confiance, se construit aussi par un comportement. Ce dernier doit être en phase avec ses discours, et avec ses responsabilités de père ou mère de famille, de chef d'entreprise, d'élu(e) ou d'homme (femme) d'Etat. Les hommes et femmes politiques ont l'énorme responsabilité de conduire un pays et de jouer le rôle de guide. Leur attitude et leur état d'esprit se doivent donc d'être à la hauteur de leur mission. Le mot « exemplaire », au sens que nous y avons donné dans d'autres articles sur ce blog, vient naturellement à l'esprit.

Mais nous ne devons pas oublier non plus notre responsabilité de citoyen ...! Ainsi, je trouve que les Français ne sont pas raisonnables à 2 points de vue : d'une part, en exigeant de Nicolas Sarkozy des résultats concrets sur le pouvoir d'achat au bout de 6 mois ; d'autre part en se laissant piéger par les discours démagogiques et les beaux slogans. Si la « demande » électorale ne change pas, « l'offre » ne changera pas non plus ...!

Le lien qui existe entre l'élu et le citoyen repose sur la confiance, et revêt un caractère contractuel : l'élu s'engage sur un projet, un programme, des promesses, ... et le citoyen lui délègue son pouvoir en contrepartie. Je parle bien d'une « délégation de pouvoir » : en démocratie, le pouvoir appartient au peuple. Pour des raisons d'organisation et d'efficacité, ce dernier désigne des représentants.

On est bien dans un mode contractuel : l'élu a l'obligation de tenir ses engagements et d'adopter un comportement digne de sa fonction. C'est la raison d'être du pouvoir qui lui est confié. S'il ne la respecte pas, le « contrat » est rompu, et la confiance part en fumée...

La confiance, c'est d'abord un don : Don de l'électeur qui accorde son pouvoir à l'élu, mais aussi et surtout don de soi à l'autre. Cela vaut dans le couple, entre amis, dans la vie professionnelle ou en politique.

La confiance fonctionne dans les deux sens : Le sens de celui qui se fie à l'autre, lequel, en retour, associe, délègue, partage et rend compte. En fait, la confiance est incompatible avec l'égoïsme, l'égocentrisme et le narcissisme.

Une équipe, par exemple gouvernementale, ne sera efficace que s'il y règne un esprit de confiance. De même, nos partenaires européens ne peuvent faire confiance à la France si, par la voix de son Président, elle se montre arrogante, ou si, par la voix de son Ministre de l'Economie et des Finances, elle attend sans cesse une hypothétique croissance pour réduire ses déficits publics, alors que nos partenaires savent, pour l'avoir réalisé eux-mêmes, qu'il s'agit simplement d'avoir la volonté politique de réduire ses dépenses publiques et ses gaspillages.

La confiance est pour moi une valeur-clé parce qu'elle repose sur un lien entre deux êtres, parce qu'elle est associée aux vertus de loyauté et d'honnêteté, et parce qu'elle renvoie à l'idée de croire sans preuve, de se fier à quelqu'un avec un sentiment intuitif de sécurité. C'est elle qui permet d'envisager une évolution positive de la société.


Lionel Lacassagne

Source et crédits et copyrights
L'Express
Site du Premier Ministre
Les ECHOS
NA!

lundi 18 février 2008

A comme Audiovisuel Pédagogue

L'urgence de l'actualité nous conduit à accélérer certaines informations. C'est pourquoi nous publions aujourd'hui un deuxième billet. Nous demandons à nos amis internautes de comprendre que cet "instantané d'actualité" ne vient pas contrarier l'esprit de chaque billet en ligne dont les textes restent d'actualité En effet, notre vision, notre ambition, c'est l'addition des différentes contributions publiées tout d'abord sur Providentielle puis aujourd'hui sur LIBR'ACTEURS.


La très récente grève de l’audiovisuel public, au motif d’un transfert de la manne publicitaire vers les médias privés, est une nouvelle fois l’illustration du manque de vision sereine et prospective des principaux acteurs de ce pays.

Pour avoir, dans une autre vie, eu en charge des raisons sociales dans ce secteur, j’a pu constater combien les programmes et étaient inféodés aux diktat publicitaires.

On parlait, et on parle sans doute encore, de formats à 52 ou 90 minutes, de « story board » découpés en fonction de…. et autres contraintes, avec les quelles « CINQ COLONNES A LA UNE » ou « LES PERSES », en leur temps, n’auraient eu aucune chance.

Dès lors rêvons effectivement d’une chaîne de télévision publique, sans publicité. Arrêtons de refuser de mettre le doigt là ou cela fait mal, et ne nous trompons pas de combat. Que l’on essaye de faire un nouveau cadeau n’est pas le sujet, c’est l’opportunité qu’il faut saisir, et prendre la balle au bond.

1) Oui la redevance doit être augmentée, car elle n’est pas aux normes européennes, et liquidée sur l’avertissement de taxe d’habitation, elle est peu ou pas lisible.

2) LIBR’ACTEURS prône la pédagogie, dés lors un audiovisuel public sans publicité devient un instrument formidable de pédagogie, auxiliaire ou instrument de l’éducation nationale .Son financement est donc éligible au budget de ce ministère, mais surtout en revisitant, toute la collecte des taxes de formation, gérées par une pléiade d’organismes, dont l’utilité est a démontrer.

3) Cela ne veut pas dire, qu’on laisse l’audiovisuel privé se régaler des budgets publicitaires ainsi transférés .On saisit l’opportunité de ne pas augmenter le nombre de minutes d’écrans par heures, on taxe puissamment les « minutes supplémentaires » en « prime time » et on affecte les recettes au budget santé. Il y a une certaine logique a faire participer les annonceurs, au financement de la prévention et des soins compte tenu des addictions liées.

4) On ouvre cette nouvelle fenêtre à des initiatives de l’économie sociale, qui se sont fixés des buts d’information et de pédagogie, nous sommes preneurs.

Je connais quelques maisons de production, de documentaires éducatifs, quelques auteurs de courts-métrages dignes de ce nom, qui avec d’autres se feront une joie de remplir la grille de programme.

A vos réflexions et prolongements.


Richard HASSELMANN

C comme CQFD

Il ne s’agit pas de dire que nous avions raison, mais il est des moments ou il faut arrêter de raconter tout et n’importe quoi au bon peuple de France.

En Aout dernier, reprenant nos précédentes analyses et lectures des indicateurs, dans un article que vous retrouverez sur Providentielle nous expliquions pourquoi la croissance serait inférieure à 2% et le déficit proche de 2,9% ("Bonne rentrée" - billet du 27/08/07)

Les chiffres viennent de tomber nous devrions faire 1,9% là ou l’Europe fait 2,7%, l’Espagne 3,8% et l’Allemagne 2,6%. Accablant comme l’est le discours officiel et les contorsions du ministre des Finances.

C’est l’occasion d’informer le lecteur que le 22 février prochain en matinée, IMPULSION CONCORDE organise au ministère des Finances, amphi MENDES FRANCE un colloque sur cette maudite croissance.

IMPULSION CONCORDE est un club de pensée, qui regroupe des jeunes actifs et étudiants, pour des réflexions et actions (cf. action sur la dette) qui vont dans le même sens que les nôtres, même si nous laissons une place prépondérante a l’économie sociale comme l’un des leviers premiers du redressement.

Avant les présidentielles, j’ai été amené à participer a l’Assemblée Nationale à une réunion qui regroupait , tenez vous bien : Hervé NOVELLI (UMP), Charles Amédée de COURSON (UDF à l’époque) et Eric BESSON (PS à l’époque).

Le thème, la dette, la relance et les grands équilibres budgétaires, avec 3 joyeux drilles, dans 3 camps différents et trois visions définitives, avec des « y a qu’a » ou « faut qu’on » qui renvoyait Michel PEBEREAU et son rapport en classe de redoublement. A la sortie les jeunes restaient sur leur faim et pour le moins dubitatifs.

Les 3 sont désormais dans le même bateau, Hervé NOVELLI sera le 22 au colloque évoqué supra. LIBR’ACTEURS assistera à cette réunion, pour pointer les incohérences et pour demander quelques explications.

Nous avons déjà dit et écrit que l’un des freins premiers à notre croissance, aux côtés du poids de la dette et du secteur public, mal redéployé, est constitué par la complexité administrative. Cela pèse sur nos entreprises, les petites en particulier comme la « judiciarisation » de l’économie. Ces 2 réalités freinent l’initiative, mobilisent des moyens humains et financiers improductifs et lassent les meilleures bonnes volontés.

La France pays de DESCARTES, à une tendance normative qui la pénalise. Champion du contrôle "A PRIORI", notre pays ferait bien de se souvenir de cette pensée que nous devons, je crois, à PORTALIS : « Il ne faut point de lois inutiles, elles affaiblissent les lois nécessaires ».

A méditer à l’heure où l’on va enrichir la panoplie des taxes et redevances et réglementer pour nos enfants de CM2 le devoir de mémoire !


Richard HASSELMANN


Sources et crédits
Evene
Wikipedia

mercredi 13 février 2008

P comme Pédagogie

L’actualité donne à notre démarche une nouvelle occasion d’enfoncer le clou !

Les municipales qui arrivent, et les réunions d’animation donnent a LIBR’ACTEURS l’occasion de vérifier l’écoute et l’impact de nos messages. Par partis interposés, nous sommes acteurs ici où là, respectueux de la liberté de nos membres.

Après les échéances de mars nous parlerons Européennes et régionales, ce qui nous conduira sereinement à 2012. A cette date nous pensons avoir formé et convaincu une nouvelle race de citoyens, éprise de démocratie civique et éthique, pétrie de talents, et porteuse d’une vraie conviction.


Cela passe par la PEDAGOGIE , terme majeur du référentiel LIBR’ACTEURS et que l’actualité commande :

PEDAGOGIE pour l’EUROPE
PEDAGOGIE pour le POUVOIR d’ACHAT
PEDAGOGIE pour la place de l’AUTO-MEDICATION dans notre système de santé.


L’EUROPE : Nous ne reviendrons pas sur les pitoyables contorsions du PS, qui s’abstient au Congrès , qui vote OUI à la ratification pour, « in fine » ... passer la patate chaude au Président. Avec un peu de pédagogie ce déni de démocratie aurait été évité. 27 pays, un espace Schengen , une zone EURO … pour avoir confiance il faut comprendre !

En ce domaine, si l’on ne veut pas que les prochaines Européennes en juin 2009 soient une nouvelle fois un scrutin politique franchouillard, marqué par l’abstention, il faut donner au citoyen électeur une instruction civique, ou mieux une Capacité Civique à voter.

POUVOIR d’ACHAT : Là encore la pédagogie est nécessaire ; Il faut faire comprendre qu’à la table du festin mondial, il y a de plus en plus de convives, pour un gâteau qui n’est pas extensible dans l’état actuel de la connaissance humaine ; Dés lors les portions sont plus maigres. Une partie de la réponse réside dans notre capacité à innover pour créer de nouveaux gâteaux, nous n’en prenons pas le chemin avec notre déficit du commerce extérieur. Cela devrait convaincre de l’impérieuse nécessité à financer la recherche. L’autre forme de réponse est de cantonner les profits des plus riches, pour donner du vrai pouvoir d’achat à ceux qui ont vraiment besoin de consommer car ces malheureux ne sont pas repus !

AUTOMEDICATION : Domaine qui m’est cher car il touche à la santé et a son aspect qualitatif. Belle piste d’autant qu’elle fait appel a un autre « P » de notre référentiel la PREVENTION.

Là encore il faut faire œuvre de pédagogie, apprendre aux citoyens et aux jeunes en particulier à écouter son corps, à décrypter des symptômes premiers simples. A cette condition l’automédication sera utile et ne tombera pas dans les mains de charlatans, vendeurs d’élixirs miracles qui ne vont pas manquer de s’engouffrer dans une brèche ou ils sont déjà légion !


Richard HASSELMANN

Sources, crédits et copyrights
Libreinfo
Parti socialiste
Vie publique
Toute l'Europe
Europarl

lundi 11 février 2008

S comme SOLIDARITE

Nous entrons dans un domaine qui constitue l’un des fondements premiers de la création de LIBR’ACTEURS. Nous pensons en effet qu’une nation moderne et riche doit privilégier toutes les vraies solidarités, et notamment celle entre les générations.

Vous comprendrez dés lors pourquoi la phase de négociations et réflexions qui s’ouvrent va retenir toute notre attention. Il s’agit du nouveau plan de réforme de la sécurité sociale.

A côté de l’étude de l’allongement des cotisations retraites et de la création d’une branche dépendance, nous nous attacherons à surveiller les propositions et réformes qui touchent à l’assurance maladie. Lieu premier ou l’on doit être vigilant, car il est celui de la vraie solidarité, face à la maladie.

A ce niveau il est utile de revenir sur le rapport ATTALI rapports qui préconise une enveloppe de crédits fermée et limitée pour l’assurance maladie.

Nous sommes conduits à dire ici, qu’il y a là un réel danger de dérive.

Si il s’agit de nationaliser purement et simplement l’ensemble, il faut le dire mais ce ne semble pas être le cas. Il est donc question de laisser au secteur privé le soin de prendre en charge les dépenses qui sortent de l’enveloppe.

C’est la fin de la solidarité, c’est la course au prix, et c’est l’accentuation des inégalités dans l’accès du plus grand nombre à des soins de qualité. Il est question de faire bouger la frontière entre ce qui relève de la solidarité et ce qui relève de l’assurance, et donc de laisser à l’initiative privée certaines prises en charge.

Nous demandons à voir, mais nous demandons surtout, une lecture claire de la qualité des soins, des coûts de gestion, et nous attendons, une publication officielle de ce qui est vraiment bon pour la santé du plus grand nombre.

Le profit, la rentabilité, le retour sur investissement, ou plus clairement les jeux capitalistiques n’ont rien à faire en matière de santé.

Ils s’y manifestent pourtant de plus en plus et c’est dommage.

Nous le regrettons d’autant plus que la solidarité dans le social, par le biais des initiatives des acteurs de l’économie sociale et solidaire responsable (ESSOR) est un gisement d’emploi, de croissance et d’innovations.



Richard HASSELMANN

Faut il araser ou exalter les différences?

Faut il institutionnaliser les religions ?

Tendances centripètes françaises ou tropisme centrifuge américain, laïcité ou multiculturalisme?

La laïcité est elle la politique de la reconnaissance de l'autre,donc de la diversité ?

Promouvoir la mobilité de l'échange n'est il pas son terrain d'action?

Libr'acteur vous propose de rentrer dans le débat et d'y apporter votre contribution.


Eric Campion


Nous vous soumettons ci-dessous le texte d'un appel lancé par "Sauvegardons la laïcité de la République"

Le texte de l'appel (Il a été rédigé par une trentaine d'organisations laïques rejointes par une trentaine d'autres)

"Les organisations et personnalités signataires rappellent solennellement que, selon l'article 1er de la Constitution, la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Ces quatre termes indissociables définissent des principes qui s'imposent à tous, au premier rang desquels le Président de la République. Or, les déclarations récentes de Monsieur Sarkozy, mêlant ses convictions personnelles et sa fonction présidentielle, portent atteinte à la laïcité de la République. La mise en cause de ce principe constitutionnel indispensable à la paix civile est inacceptable. Depuis 1905, grâce à la loi de Séparation des Eglises et de l'Etat, la République assure à chaque citoyen la liberté de conscience, garantit sa liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer le culte de son choix, de n'en pratiquer aucun ou de pouvoir en changer. Elle permet ainsi de vivre ensemble, dans le respect de chacun, quelles que soient ses origines, ses choix philosophiques ou ses convictions religieuses. Dans notre République et notre société multiculturelle, la diversité doit être richesse et non source de conflit. Pour cela, la laïcité, assurant l'égalité en droit des citoyens dans le respect des lois de la République, permet à la fois l'expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin.

Dans un monde aujourd'hui global et de plus en plus complexe, où se multiplient les voies d'accès à l'information et aux connaissances, et où explose la médiatisation des événements et de la pluralité des représentations du monde, seule la laïcité permet l'émancipation de tous en favorisant le libre accès au savoir et à la culture et le discernement de chacun pour un libre choix de vie, par une démarche rationnelle et critique faisant toute leur place au doute, à l'imagination et à la créativité.
C'est pourquoi, les organisations et personnalités signataires s'opposeront à toute tentative qui mettrait, de fait, en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905. A l'heure où nos concitoyens éprouvent des difficultés et des inquiétudes croissantes, elles les appellent à promouvoir la laïcité comme une exigence partagée avec la ferme volonté de bâtir ensemble une société où la justice sociale assurera, quotidiennement, pour toutes et pour tous, la liberté, l'égalité et la fraternité"

Il est possible de signer cet appel sur le site

Source
http://www.appel-laique.org/
Illustration
Honoré DAUMIER

mercredi 6 février 2008

Rapport Attali : où est le sens ?

Avant de parler du fond, je voudrais d'abord interpeller le lecteur sur le sens de ce rapport .

En effet, il reprend des analyses et propositions qui ont déjà été faites par Christian Blanc en 2004 dans son rapport parlementaire sur «
l'écosystème de la croissance», et par la commission Pebereau en 2005 dans son rapport du même nom sur la dette publique.

De même, de nombreux économistes se sont déjà exprimés sur les clés de la réussite dans l'économie de la connaissance et les décalages que connaît la France par rapport aux autres pays développés, notamment concernant ses PME.

Nous savons que c'est l'innovation, tant marketing que technologique, qui permet à chacun, à chaque entreprise, à chaque pays, de trouver sa place, son positionnement et une valeur à apporter dans un marché mondial. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'obstination de l'UMP et du PS à vouloir fonder leur politique de croissance quasi-exclusivement sur la stimulation de la demande intérieure, que ce soit en favorisant le pouvoir d'achat des plus favorisés et d'une certaine catégorie de travailleurs pour le premier, ou en favorisant celui des foyers modestes pour le second, est aussi incompréhensible qu'invraisemblable.

Nous sortons d'une année de campagne présidentielle. Les débats et confrontations d'idées et de programmes ont eu lieu. Notre Président a exposé sa vision et les moyens proposés pour développer la croissance et l'emploi. Il a été élu pour les mettre en oeuvre. Il ne tenait qu'à lui de prendre plus sérieusement en considération les rapports de Christian Blanc et de la commision Pebereau, pour ne citer qu'eux !

Le plus fort est que le rapport Attali propose un pilotage des réformes plein de bon sens, mené au plus haut niveau de l'Etat et non délégué à un Ministre, ou, comme d'habitude, à une nouvelle structure administrative créée spécifiquement à cette fin. Les objectifs énoncés sont ambitieux, clairs et précis. Ils sont donc de nature à mobiliser les Français, les entreprises et les partenaires sociaux. Et leur réalisation est fixée sur 5 à 10 ans. Bref, ce rapport serait un excellent support de campagne présidentielle !

Mais celles-ci ont déjà eu lieu... et c'est là toute l'ambiguïté : sous couvert d'un rapport d'expert réunissant des personnalités diverses et reconnues, le rapport Attali donne une impression de neutralité et d'objectivité. Or, en imposant comme pistes de réflexion « la libération du travail », « la revitalisation du marché des biens et des services » et l'amélioration de la compétitivité des entreprises françaises, le Président de la République a fixé à la commission Attali un cadre étroit et orienté.

Manque de sens également ce long catalogue de 316 propositions (ou plutôt 316 « décisions », selon la formulation utilisée par cette commission qui s'adjuge, avec quelque arrogance, le pouvoir de « décider »), dont la qualité, l'importance et la pertinence sont très inégales. Dans ce flot de « décisions », on y retrouve d'ailleurs de façon surprenante des positions strictes sur des sujets tels que la carte scolaire ou l'accès à la propriété ...

Sur le fond maintenant, je ne reviens pas sur les réformes destinées à favoriser l'excellence de nos universités, de la formation et de la recherche, ou qui visent à transformer notre dette publique improductive en dette d'investissement : Je les soutiens pleinement.

Je salue l'importance donnée au développement des PME, point particulièrement crucial pour l'emploi. Je salue aussi l'affirmation selon laquelle les services proposés par les acteurs du secteur de la santé constituent une richesse et non pas une charge qu'il faudrait réduire.

Personnellement, je préfère qu'on réfléchisse aux moyens de financer notre système de santé et d'en améliorer la qualité plutôt qu'aux moyens d'en réduire l'offre et les remboursements. J'accueille ainsi très positivement l'idée de mesurer l'efficience et la qualité du système de soins. Les réformes proposées sur la gouvernance des hôpitaux devraient y contribuer.

J'apprécie également l'investissement proposé sur les secteurs à forts enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Je voudrais simplement préciser qu'ils ne doivent pas faire oublier les autres secteurs : l'innovation et l'économie de la connaissance concernent tous les secteurs, y compris les plus traditionnels.

J'apprécie l'appel à la mobilisation pour l'emploi des jeunes et des seniors. De même, la recherche d'une meilleure protection des personnes dans leur parcours professionnel est judicieuse. Elle me semble bien plus pertinente que la protection de l'emploi, source de rigidité, de complexité et d'incohérences. Elle constitue pour moi un préalable indispensable pour développer la mobilité professionnelle, génératrice de dynamisme, de souplesse et d'enrichissement. Le lien entre une politique du logement ambitieuse et la mobilité géographique est de fait bien vu.

J'émets néanmoins un regret de taille : le fait que ce rapport se concentre essentiellement sur la dimension quantitative de la croissance, et peu sur sa dimension qualitative. Nous ne sommes plus au temps de la croissance productive, mais à l'heure de la croissance responsable et solidaire.

Le rapport Attali s'inscrit complètement dans le modèle économique et social dominant : celui qui place l'homme au service de l'économie et non le contraire. Ce rapport préconnise ainsi le développement du travail le dimanche en oubliant que ce jour est souvent le seul qui permette de se retrouver en famille ou entre amis, de lire, de se cultiver, de faire du sport ou de pratiquer sa religion (qu'on ne vienne pas ensuite nous parler de la richesse des racines chrétiennes de l'Europe et de l'attrait du Président de la République pour le Pape...!)

L'argent et la financiarisation sont mis en exergue. L'hôpital n'est plus seulement un lieu où l'on soigne des patients : on cherche à en faire aussi un commerce « attractif pour la clientèle étrangère fortunée ... »

L'urgence d'une réflexion profonde sur notre référentiel de valeurs s'avère donc plus criante que jamais ! On revient, encore et toujours, à la question ... du sens.


Lionel Lacassagne

Sources et crédits
La Documentation française
Libération de la croissance