dimanche 7 août 2016

Impôts locaux : deux pistes pour redresser les comptes municipaux

Dans un contexte de rareté des deniers publics, les maires doivent utiliser tous les moyens en leur pouvoir optimiser le budget communal.

« Qui lève l'impôt le dépense », une vieille formule tombée en désuétude qui gagnerait à être réétudiée. Réétudiée où le denier public se fait rare et pèse sur les ménages où l'État ratiocine sur ses dotations et où la Cour des comptes continue à dire, en pure perte, que les chiffres du déficit et le poids des cadeaux catégoriels sont... sous-évalués.
Qui lève l'impôt le dépense, mais encore faudrait-il, avant de lever cet impôt, tirer parti de la potentialité de la collectivité. En l'espèce, nous sommes très loin du compte. Il ne s'agit pas ici de dresser un tableau exhaustif des modalités d'optimisation budgétaire par une gestion communale pertinente. Bornons-nous à deux aspects que le lecteur connaît sans doute. L'un a trait à l'appropriation par la commune, des biens vacants et sans maître sur son territoire, l'autre à la mobilisation par cette même commune de toutes les valeurs locatives imposables.

Récupérer les biens dont la côté foncière n'est plus réglée

Dans toutes les communes de France, tous les ans, le Comptable public en charge du recouvrement dresse un état des restes à recouvrer, au titre de différentes impositions qu'il a prises en charge. Dans ce cadre, chaque année, par exercice de mise en recouvrement, un maire peut connaître en particulier l'état des taxes foncières bâties (TFB) et non bâties (TFNB) impayées.

Depuis une loi d'août 2004, portant modification de l'article 713 du Code civil, dès qu'une côte foncière n'est pas réglée depuis plus de 3 ans, la commune est fondée à récupérer la propriété du bien concerné, par envoie en possession au titre de la procédure des biens vacants et sans maître. Le citoyen n'a pas idée de la rareté relative des procédures de cette nature diligentées en regard du nombre de cas d'espèce.

Cette situation est dommageable pour tout administré par le biais des admissions en non-valeur prononcées, financées comme tout dégrèvement par une ligne particulière. Dommageable aussi, car la commune a la faculté de céder de foncier. Les produits tirés de ces cessions seront utilement affectés à la prise en charge de services nouveaux, ou à la réalisation d'équipements avec un moindre impact sur le contribuable.

Mobiliser toutes les valeurs locatives imposables 

Dans le même ordre d'idée, qui témoigne assez de l'impérieuse nécessité de revoir la gestion des collectivités, il faut parler de la mobilisation effective de toutes les valeurs locatives. Il paraît urgent dans chaque commune de France d'enjoindre aux services du cadastre de produire une cartographie précise des parcelles bâties et non bâties pour rapprocher celle-ci des rôles locaux d'imposition au foncier bâti et non bâti, voire à la taxe d'habitation et même de la CFE (contribution foncière des entreprises).
Ce petit travail permettra de mettre en évidence d'une part les occupations d'espaces sans droit ni titre et d'autre part de mobiliser toute la fiscalité potentielle d'une commune. Il faut en effet savoir qu'une collectivité qui se prive de cet examen subit une double peine. Outre l'impact en termes de recettes fiscales, les résidents concernés consomment les équipements collectifs et services et participent à l'usure des voies et réseaux.
Deux petits exemples, parmi de nombreux, en ce domaine comme dans d'autres, qui témoignent de l'urgence qu'il y a, à se donner à tous les niveaux institutionnels des élus qui ont réfléchi et qui ne versent pas dans la facilité consistant à créer de l'impôt dès qu'un financement est nécessaire.

jeudi 4 août 2016

Hinckly Point : errare humanum est sed...!

"Errare humanum est sed perseverare diabolicum", la formule semble être d'actualité quand on voit l'acharnement d'EDF et donc de l'État français dans le dossier Hinckly Point.

Cette affaire, largement occultée par la douloureuse actualité des attentats qui endeuillent la France, illustre sur le fonds et la forme un mal français, ou l'irresponsabilité le dispute au manque de culture au plus haut niveau de l'État.
Sur le fonds, il est proprement aberrant que contre toute logique, technique et financière, le conseil d'administration d'EDF vote pour le projet. C'est oublier simplement, et dans le même registre la triste filière graphite gaz des années 50, abandonnées en rase campagne en 69.

Le président s'appelait de Gaulle, et en acteurs nous avions le CEA et déjà EDF. Cela a été Marcoule et 9 centrales vites identifiées comme sous-performantes, et remplacées par un processus Westinghouse... mais le mal était fait, sur le plan des séquelles et du coût financier. Bis repetita avec Hinckly Point ou le seul gagnant sera à coup sûr les 2 partenaires chinois (Fonds CGN et CNNC) qui entrent a hauteur de 30 % sans partager les risques d'exploitation.

L'exemple de Flamanville, pour EDF, ou Areva dans son aventure finlandaise montrent pourtant qu'il y a des coûts de construction incontrôlés et des délais de construction à rallonge.

Sur la forme, la décision du Conseil d'administration d'EDF, est exemplaire d'une forme d'autisme de l'État français, sûre de détenir la vérité, et ignorant les signaux forts des citoyens.

En l'espèce, après la démission du Directeur Administratif et Financier ( T.Piquemal), on était en droit de penser que celle d'un administrateur, nommé par l'État pour sa compétence (G. Magnin) allait ramener à la raison, que nenni !

Mieux, à l'heure du Brexit, ce type d'aventure mériterait d'être abandonné, car la couverture de différence de prix promise par Cameron (Contract for the difference) semble vouée à être lettre morte le moment venu.

Au moment où il est fondamental d'orienter au mieux le denier public, sur les grandes missions régaliennes de l'État, la France est sans doute la seule grande démocratie où 10 personnes, dans le confort douillet d'un conseil d'administration "irresponsable... mais pas coupable", engagent plus de 20 milliards d'euros à plus de 10 ans dans une aventure incertaine.

Il ne s'agit pas ici de principe de précaution ou de suspicion, mais simplement de bon sens. Ce bon sens dont on continue à dire qu'il est la chose du monde la mieux partagée, qui devrait conduire à aider puissamment les ENR (énergies renouvelables), au lieu de freiner les initiatives de proximité comme le photovoltaïque notamment.

Il est en toute hypothèse indispensable de prendre date, et de remettre au gout du jour la faute lourde de gestion, pour individualiser clairement les responsabilités, en une affaire que le Brexit pourrait peut-être éteindre !

mardi 2 août 2016

Citoyens acteurs !



Dans le contexte ambiant particulièrement perturbé que le pays traverse, et dans la perspective de 2017, les tréteaux électoraux se montent et les étales se garnissent d'offres mises en exergue par de grands mots.
Il faut espérer que beaucoup liront avec attention Les Échos Week-end de ce vendredi, avec un titre "Les livres les plus influents". Il s'ensuit un hit-parade des livres les plus lus et les plus cités par un panel de personnalités, ou supposés tels, ou le nombre le dispute à la qualité. La lecture attentive de l'article et les commentaires recueillis confortent l'impérieuse nécessité pour le citoyen acteur de reprendre toute sa place, au moment où on se souvient qu'il existe et qu'on le sollicite, à juste titre, pour des objectifs sécuritaires.

Les interrogations relevées au travers des lectures peuvent effectivement servir de canevas au projet 2017. Elles portent sur la pertinence de notre modèle social, sur la menace terroriste et la nouvelle donne géopolitique mondiale, la nouvelle économie du digital, ou encore sur une démocratie dépassée et des inégalités toujours plus nombreuses.

Cela est bel et bon, mais force est de constater que hormis J. Tirole et à un degré moindre M.Gauchet ou P.Rosanvallon, les auteurs cités ne sont en rien précurseurs. La vraie réflexion sur une démocratie à revisiter, sur un modèle social à reconstruire et sur mobilisation citoyenne implique de relire Aristote, qui recommande que chaque citoyen soit "tout à tour gouvernant et gouverné, A. Gramsci qui hait "Les Indifférents", Octave Mirbeau qui appelle en 1888 à la grève des électeurs, enfin et surtout M.Crozier, par le biais de différents essais et notamment" État modeste État moderne" (1987).

 Le citoyen acteur c'est un citoyen enfin reconnu et identifié, impliqué dans la proximité associative et qui attend simplement de l'État la mise à disposition des moyens pour une meilleure prédistribution ou redistribution chère à J. Rawls.

Pour qui réfléchit aux réponses pertinentes à apporter, après avoir sondé les coeurs et les âmes et mis en oeuvre effectivement des mesures pratiques, la réussite d'un État moderne part du terrain et du citoyen acteur dans la cité. Point n'est besoin de grands mots vites galvaudés, comme société civile, il importe de convoquer le plus grand nombre sur des enjeux collectifs, en construisant des solidarités assorties de contreparties consenties par les individus dans leurs comportements sociétaux.

Tous les aspects d'une société moderne sont impactés par cette indispensable métamorphose qui doit servir de fil conducteur pour un projet 2017 novateur. Certains citoyens ou associations y ont pensé depuis des années, et mettent en pratique ici ou là. Ils en retirent la conviction que le parti politique installé, empêtré dans ses jeux d'écuries et de pouvoir, n'est sans doute plus le bon vecteur. Il est dès lors indispensable d'identifier sans faiblesse ni complaisance, les citoyens et structures en capacité de mener à bien la mutation et de fournir en 2017, une nouvelle représentation démocratique à tous les niveaux de nos institutions.

dimanche 12 juin 2016

Thrombose en France



Quand le cœur de la France souffre, le pays tout entier risque l'accident vasculaire.


La France est menacée de thrombose de son muscle républicain. Ce myocarde qui, dans un contexte de concurrence mondialisée, est agressé par de multiples caillots en forme de syndicalistes rétrogrades qui obstruent, ici ou là, les communications terrestres, aériennes, énergétiques ou médias. Un organe essentiel préempté et asphyxié par un personnel politique, déconnecté du réel et qui persiste dans des postures et jeux de rôles pitoyables alors que la maison brûle !

De fait et n'en déplaise à certains que l'analogie hérisse, la France est une entreprise, dont les actionnaires sont les citoyens, et le « business model » consiste à fabriquer du bien-être pour le plus grand nombre. S’il y a consensus sur cette noble ambition, alors tout le reste n'est que littérature.


Du sang frais en politique


Il nous faut bâtir un vrai plan stratégique, avec des gens nouveaux, et non pas ceux qui ont échoué depuis des décennies. Comment est-il possible d'entendre des dirigeants avouer que ce sont les conservatismes divers et multiples qui les empêchent de faire ?

Pour ceux qui savent ce que le management éthique veut dire, ils se souviendront de la notion de « management paniqué » ou l'on se replie et l'on se coupe encore plus des collaborateurs.

Un citoyen acteur de son destin, c'est un citoyen écouté. Un citoyen qui tous les jours se heurte a une bureaucratie kafkaïenne, pointée avec précision par  le Conseil de la simplification piloté par Guillaume Poitrinal , qui a restitué un état des lieux accablant. Se faisant, cette nouvelle commission, ce nouveau rapport, enfonce des portes ouvertes.

Dans les années 70, Raymond Barre, alors Premier ministre, avait mis en place des Comités de simplification des relations avec le public . Au rang des mesures phare, le silence de l'administration vaut consentement. 40 ans plus tard, on redécouvre pour constater que cela n'est toujours pas acté.


Une rééducation démocratique


Est-il utopique de bâtir pour 2017 un vrai plan stratégique, qui sera piloté par un manager, doté ou non d'une expérience politique, mais aura su s'entourer d'une équipe issue du terrain, et saura se doter de parlementaires neufs pour mener à bien un réformisme radical cher à Philippe Seguin ou Michel Rocard ?

À cet égard, qu'il soit permis de souligner la pertinence d'Emmanuel Combe, vice-président de l'Autorité de la concurrence, dans « Les Échos » du 7 juin  quand il parle de marché avec des offreurs, des clients, les électeurs et des produits à l'étal, les programmes. Comme pour une entreprise, il y a barrières à l'entrée, jeu concurrentiel et nouveaux entrants. L'entreprise France mérite donc un plan stratégique à cinq ans, et a justifier l'annonce d'emploi, insérée dans ces colonnes il y a peu.

Au même titre qu'il existe de la rééducation cardiaque après un accident vasculaire, il peut exister une rééducation démocratique après un épisode comme celui que nous venons de vivre.

Richard Hasselmann

mardi 7 juin 2016

Mémoire et méthode


La situation née du passage de la loi Travail via le 49.3 mérite qu'on s'y arrête tant cet épisode recèle de paradoxes, de non-dits et expose au grand jour les incapacités d'un État archaïque, piloté par des politiques consanguins, écervelés... et donc privés de mémoire.
Au rang des nombreux paradoxes, il en est un qui est frappant, mais pas surprenant, celui qui met en lumière une certaine incohérence du bon peuple de France.Voilà des gens qui déploient des trésors d'imagination et de dévouement pour faire vivre le sain principe de subsidiarité dans le quotidien.

C'est à l'évidence, car ils ont compris que la proximité est la réponse adéquate dans la quasi-totalité des domaines. Cela donne entre autres, les circuits courts, les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), ou l'économie circulaire et collaborative.

Or, à en croire les sondages, les mêmes fustigent l'article 2 de la loi Travail, qui donne en proximité au coeur des entreprises le pouvoir d'organiser le temps de travail, le vivre ensemble, sans être soumis aux diktats de branche qui ignorent la réalité des particularismes de chaque ETI/PME et autres TPE.

S'agissant des non-dits, là encore il en est un qui est révoltant. Il est en effet évident que le syndicat, leader déclinant de la contestation, utilise et détourne la détresse légitime de beaucoup à des fins internes de survie.

Il faut en effet avoir identifié le patrimoine immobilier, les emplois induits et autres "costumes sur mesure" dont jouit un syndicat historique pour comprendre ce qui est menacé ! Le drame c'est que cette réalité est servie par la mobilisation de beaucoup, précaires, jeunes, exclus, peu concernés par l'article 2, car "outsiders" !

Restent notre État archaïque et nos politiques privés de mémoire et notamment notre Premier ministre. État archaïque, car figé dans des certitudes et des postures d'un autre âge et totalement incapable de se remettre en question.

À l'heure où l'on parle proximité, territoires en mouvements, initiatives citoyennes, ou générations X, Y, ou Z, l'État jacobin continue à vouloir se mêler de tout au lieu de se muer en stratège régulateur, en charge de quelques grandes missions régaliennes incontestables qui fondent la République.

Le temps est en effet venu de comprendre que "Les puissants supposés qui s'adressent à des imbéciles supposés sont en voie de disparition" (M. Serres : "La petite Poucette"). Le citoyen doit être associé aux décisions économiques et sociales, et pour cela, il faut simplifier, raccourcir, élaguer.

C'est ici qu'il est surprenant que notre Premier ministre, qui a été à bonne école, ne fasse pas appel à sa mémoire. Mieux que beaucoup, il devrait se souvenir d'un certain M. Rocard et son réformisme radical.

1989, une circulaire crée l'émoi dans le ronron douillet des administrations centrales. Elle a trait au renouveau du service public. Après R. Barre et ses "Comités de simplification des relations avec le public", il s'agissait d'une vraie stratégie de réforme de l'action publique.

Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) avant la lettre, cette charte reste un beau "modus operandi" pour évaluer les politiques publiques, dynamiser les gestions des personnels et instiller un vrai management éthique pour associer et dynamiser le citoyen.

Ainsi, avec un peu de mémoire et de recherche documentaire, le gouvernement aurait évité de froisser des susceptibilités, aurait fait montre d'une vraie méthode systémique et épargné au pays d'être la risée du monde.

Cela dit, il n'est sans doute pas trop tard pour remettre l'ouvrage sur le métier, avec des citoyens qui ont de la mémoire, de l'expertise, libres des carcans partisans et syndicaux et qui ne se croient pas investis d'une mission messianique pour 2017 !

R HASSELMANN

samedi 28 mai 2016

Opportunité pour une nouvelle Europe



Le prochain référendum qui approche sera crucial pour l’avenir de l’Union Européenne.

Dans cette Europe à 28, chaque pays a des ambitions et visions différentes, des attentes et projets contradictoires. Pour les britanniques, l’UE est un espace de libre échange économique seulement, car ils ne sont ni dans la zone Europe ni dans l’espace Schengen.

2 choix sont devant nous lors de ce référendum.

Les Anglais restent dans l’UE, alors tout restera à l’identique et l’Europe des 28 continuera à vivre dans une incompréhension et mésentente cordiale. Rien ne changera, aucune clarification à l’Horizon. L’Europe restera ce grand corps malade sans conviction politique, sans sens de direction et l’intérêt pour la suite de la construction Européenne ne restera que paroles et vœux pieux.

Les Anglais sortent de l’UE et des conséquences immédiates et à terme seront à prendre en compte par les autres pays. A terme, cette sortie incitera probablement les pays qui partagent la même vision que celle de l’Angleterre (Pologne, Hongrie, …), à en faire de même. Cela clarifiera le malentendu sur lequel s’est fondée la relation avec le Royaume Uni.

Il régnera au sein de l’UE des divergences profondes et une instabilité politique importante. Ce sera l’occasion de « rebattre les cartes » politiques et que le couple Franco-Allemand prenne ce challenge forcé en pleine responsabilité et de définir les contours de la nouvelle Europe. Une Europe recentrée autour des pays fondateurs et des pays forts (France, Allemagne, Benelux, Italie, Espagne, Portugal, …) avec pour objectifs : une intégration économique, politique, plus forte plus approfondie, Définir une nouvelle vision qui entraînera notre continent vers de nouveaux développements, croissances et stabilité.

L’occasion est réelle et très importante. Mais hélas est à craindre la faiblesse politique, l’absence de vision et de volonté Européenne de nos gouvernants actuels et spécialement Français. Ce n’est pas F. HOLLANDE, affaibli et décrédibilisé, par les problèmes domestiques qui apportera ce nouvel élan.

Angela MERKEL ne pourra le faire seule. Il faut alors espérer que 2017 verra un Président ou Une Présidente porteur d’une vision européenne forte, puissante qui permettra de booster à nouveau l’économie Européenne et de lui donner enfin une force politique réelle, sérieuse.


Seul Hic. Nous n’avons pas encore vu ce candidat !!!

F. Nourmamode

mardi 10 mai 2016

Faites des emplois !


Ce mardi 3 mai, au moment où débutait l'examen de la loi Travail et où la rue défilait toujours, Le Pacte civique organisait, à l'Assemblée nationale, la 4e édition d'un temps de réflexion, avec une belle assistance et un titre agréable : "Fête du travail, faites des emplois !"

Quand le gouvernement distribue des gratifications aux "insiders" de la fonction publique, quand certains patrons du CAC40 imitent sans vergogne le sapeur Camembert en matière de rémunération... "passées les bornes, il n'y a plus de limite", il est réconfortant de pouvoir juger de la réalité de la dynamique et de l'empathie citoyenne, souvent portée par le tiers secteur.

Au travers des interventions de l'ADIE de Maria Novak et Cathérine Barberoux, de celles d'ATD Quart Monde ou Solidarité Nouvelle Face au Chômage, il faut se persuader que ce pays est riche de ses territoires et que le citoyen actif, le vrai, est disponible pour avancer.

Le vrai citoyen, pas celui qui gesticule et vocifère dans des postures politiciennes, amoureux du grand soir et qui flirte avec des casseurs nihilistes, qui insultent les forces de l'ordre.

Le vrai citoyen, celui qui sait et constate que l'entreprise suspecte pour beaucoup, se révèle être un puissant instrument de lutte pour l'insertion. Physiquement d'abord par la qualité des cadres actifs ou retraités qui donnent du temps, et matériellement par l'importance du mécénat qui se révèle en net regain dans le pays.

L'entreprise, qui vient soutenir l'initiative associative, ce tiers secteur, qui évolue avec lucidité, car il sait qu'il peut être demain le chaînon manquant entre le trop libéral et le trop administratif.

Le directeur général de Pôle Emploi, invité vedette de la journée, l'a bien compris et a pu constater la demande de collaboration et d'informations. Avec un beau sang-froid, il a répondu, il a essuyé les attaques, et répondu de manière constructive aux attentes.

Il a dressé, un beau carnet de route pour l'institution qu'il anime, en indiquant que son rôle premier n'est pas de se cantonner dans la présentation des offres, mais faire mieux en analysant le marché du travail et celui de la formation.

Reste que certains blocages mentaux et structurels vont devoir être levés, pour gagner cette lutte contre le chômage, qui est une priorité absolue.

Face à ce mal qui nécrose notre lien social, il faut tout essayer, en faisant montre d'audace. L'emploi est un déterminant fort, de la santé, du logement de la dynamique économique et fiscale, il faut donc innover en bousculant des citadelles.

Il en est de l'ardente obligation de revoir les modes de recrutement des fonctions publiques, en renonçant en large part aux concours. Ainsi, chaque employeur public ou parapublic (État, C.L, Hospitalière) doit pouvoir pourvoir, pour tout emploi vacant ou créé, par le vivier de Pôle Emploi.

Cette mesure de simple bon sens, outre qu'elle évitera de charger le grand livre de la dette publique, par des emplois statutaires à vie, permettra de vérifier qu'à de rares exceptions, les emplois proposés ne requièrent pas des qualifications très particulières.

Il semble aussi possible de demander à toute entreprise, en fonction de son effectif, d'intégrer un demandeur d'emploi, pour le garder dans le cercle actif, voire le former. Le chômeur indemnisé serait tenu de passer 3 jours par semaine dans l'entreprise (rapport indemnisation/salaire) et disposerait de 2 jours pour formation et recherche alternative.

L'entreprise serait en charge des frais de transport et de repas. À l'issue, le demandeur trouverait sans doute, souvent occasion de recrutement effectif et dans tous les cas, il sera resté en contact avec le travail et la vie sociale active.

Il reste, et c'est là l'essentiel, que ce colloque comme celui organisé par le collectif "Synergies Citoyennes" permette de vérifier le formidable élan du monde associatif et du citoyen pour apporter des réponses pertinentes aux enjeux du moment.

C'est la preuve que notre démocratie peut être débloquée par la base, et qu'il appartient simplement à un État stratège, d'organiser et fluidifier les réseaux citoyens de proximité.

Cela implique de repenser l'organisation de notre fonction publique qui reste beaucoup trop normative et jacobine. Pôle Emploi semble l'avoir compris en laissant à ses antennes locales de belles marges d'initiatives, en terme de communication et de collaboration. Il faut passer de l'État territorialisé à l'État territorial, qui facilitera l'amalgame des forces vives des territoires.

Cela ne nuira à aucun des ingrédients d'une belle démocratie à la française que sont fraternité, justice, solidarité et surtout dignité.

Voilà une autre belle feuille de route pour 2017 !

R. Hasselmann

lundi 18 avril 2016

EMPLOI : Les piliers d'une approche moderne.


Le discours politique sur le sujet ressemble souvent à une discussion de comptoir où on ressasse de vieilles idées. Caricatures sur les « patrons », les « chômeurs », méconnaissance des entreprises, des réalités du chômage, etc., il est étonnant de constater combien nos dirigeants politiques et économiques méconnaissent le sujet de l’emploi. Rappelons tout d’abord quelques données à connaître. La population active française est composée d’environ 29 millions de personnes, soit le nombre de personnes de 15-64 ans en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail. Cette population active est le socle de notre organisation économique et sociale. C’est elle qui génère l’essentiel de la richesse. Notre système de solidarité -retraite, assurance chômage, maladie, etc.- est presque entièrement fondé sur elle. Or, l’état de ce dernier, en déficit et lourdement endetté, nous indique que le nombre de contributeurs est insuffisant. En effet, seuls 64% des 15-64 ans sont à l’emploi, contre 71 à 74% chez nos principaux voisins européens (Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-bas, Autriche, Danemark, Suède). Un des objectifs de la politique de l’emploi est donc l’augmentation de la population active.

Cette population active est en majorité en CDI (76%). 12.5% d’entre elle est en CDD ou Interim, et pour le 12.5% restant est « travailleur indépendant ». Les deux dernières catégories augmentent de façon significative ces dernières années. L’entrepreneuriat – qu’il soit par envie ou par défaut – se développe fortement, et le marché du travail produit essentiellement des contrat courts. Les CDI sont portés essentiellement par les grands groupes et l’Etat (fonctionnaires). Or, les premiers ne créent plus d’emplois sur le marché français ; et le second doit se réorganiser et réduire le nombre de personnes qui travaillent pour son compte, car il est en déficit budgétaire permanent.

L’aspiration au CDI est légitime car il est le sésame du crédit, du logement, des projets à moyen terme. Mais elle semble vaine tant il est raisonnable de penser qu’il y aura moins de ces CDI demain qu’aujourd’hui. Aussi, l’incertitude sur l’avenir et la précarité des contrats constituent-elles le quotidien d’une part croissante de la population active. Le second objectif de la politique de l’emploi est donc la sécurisation de la vie professionnelle et la capacité de rebond, de 2e ou 3e chance.
Enfin, si les entreprises sont le lieu de création de richesses, seules les petites et moyennes créent des emplois en France. De nombreux travaux ont mis en avant cette particularité de l’économie française. Pourtant, le cadre juridique, fiscal et administratif, particulièrement riche et complexe n’est en fait adapté qu’aux grandes entreprises. Aussi, les petites et moyennes aspirent-elles légitimement à ce que leur quotidien soit facilité. C’est le 3e objectif de la politique de l’emploi : simplifier la vie des principaux acteurs de la création d’emplois en France.

Faciliter le quotidien des entreprises qui produisent les emplois, sécuriser la vie professionnelle de nos concitoyens et ainsi permettre au plus grand nombre de travailler, tels seraient les piliers d’une politique de l’emploi moderne. Ces objectifs précisés, on peut alors faire preuve d’imagination et proposer des réformes susceptibles de convaincre.

A contrario, le texte dit « loi travail » n’avait rien de moderne. Il visait, au mieux, un seul objectif, celui de réduire les contraintes des employeurs. Au mieux, car le texte manquait cruellement d’imagination en se contentant de répéter quelques slogans du Medef. Prenons à titre d’exemple, l’idée du plafonnement des indemnités prud’hommales. Outre que le Conseil Constitutionnel avait rejetté un article identique de la loi « Macron » en août 2015, la proposition est davantage symbolique qu’efficace. L’insécurité juridique des Prud’hommes – pour les employeurs et les salariés – est en effet liée à la nature même de la juridiction. Avec 70% des décisions réformées en appel, un temps de procédure incompatible avec le marché du travail, il est temps de confier ces contentieux à des juges professionnels.

Inutile de reprendre point par point ce texte dont l’avenir est très incertain. Il ne constitue qu’un exercice de communication politique de plus d’un gouvernement sans ligne politique.
La réforme de la politique de l’emploi nécessite une remise à plat de nombreuses convictions un peu datées. Quelques mesures supposées symboliques, destinées à toucher un électorat ou un autre, ne permettront pas de redonner espoir à l’ensemble de la population.
Acceptons l’idée que le cadre actuel ne convient plus. Il ne permet pas à chacun – employeur, salarié, entrepreneur, chercheur d’emploi – de donner le meilleur de lui même, il ne donne pas les moyens d’être autonome, il ne sécurise pas.

Inventons un nouveau cadre au travail, un nouveau compromis économique et social, moderne, avec les objectifs que nous avons énoncés plus haut.

Eric LAFOND

samedi 9 avril 2016

NOUS AVONS BESOIN D'UN NOUVEAU RÊVE EUROPÉEN



Le 9 mai, nous célébrons une flamme éteinte. 66 ans après, le rêve européen, celui de Schuman, Monnet, des démocrates chrétiens, des libéraux et des socialistes, s’est évaporé et nous n’en avons plus qu’une nostalgie. Sur ce sujet comme sur les autres, nos dirigeants politiques et économiques se contentent au mieux d’entretenir l’existant. Plus grave peut-être, ils caressent l’illusion qu’en bricolant à la marge on pourrait améliorer un ensemble institutionnel, économique et social auquel les peuples européens ne croient plus.

Les mouvements politiques favorables à la construction européenne sont dépuis longtemps en mode défensif. Sans relief lorsqu’ils évoquent la paix ou la monnaie, désespérants quand ils imaginent convaincre les électeurs en lui montrant le petit logo européen sur les projets cofinancés. Ce faisant, ils font le lit de ceux que l’on a nommés souverainistes, sceptiques ou populistes, et dont la constance intellectuelle n’a d’égal que la variation des noms : la cause de nos difficultés est toujours ailleurs et vaguement complotiste.
Nous sommes lucides sur l’état actuel de l’Europe
L’Union Européenne présente des faiblesses qu’il est difficile de nier.
Bonne élève du libre-échange et de la concurrence, elle a écartelé le continent entre la crainte du travailleur européen délocalisé et la disparition ou la quasi disparition de l’industrie européenne sur de nombreux marchés. Nous pouvons, peut-être, construire des bâtiments moins chers et acheter des écrans plats intelligents à bas prix, mais notre identité de consommateur ne saurait remplacer celle de citoyen européen ; surtout si l’emploi se raréfie sur le continent et devient source de contentieux entre peuples européens.
Vertueuse au sein des Nations-Unies, son comportement dans la guerre civile yougoslave avait sérieusement écorné l’idée qu’elle soit un acteur crédible sur la scène internationale. Inexistante dans l’accompagnement du « printemps arabe », incapable de soutenir les acteurs susceptibles de faire évoluer ces pays vers des régimes modérés, elle subit les mouvements géopolitiques autour d’elle sans paraître jamais avoir de vision, d’objectifs, ni même d’intérêts à défendre. L’accord passé avec la Turquie, « argent contre renvoi des réfugiés » finit de ternir une image sans relief.
Enfin, les difficultés à faire naître une coopération policière/judiciaire continentale, cruellement éclairées par la série d’attentats que nous connaissons, altèrent un acquis de la citoyenneté européenne : la libre circulation.
Notre avenir est européen
Le retours aux Etats et aux frontières est une illusion. Ces notions sont dépassées pour la population européenne la plus instruite, depuis longtemps engagée dans l’universalisation du commerce, du savoir et de la culture. Elles sont aussi sans espoir pour les plus modestes d’entre nous, car elles n’apporteront pas la protection esperée.
Nous avons besoin d’un nouveau rêve européen, et il appartient à une nouvelle génération de se lever pour l’écrire et le mettre en oeuvre. Quelques principes et quelques réformes pourront éclairer cet avenir nécessaire.
La solidarité, l’innovation pour une prospérité durable, l’implication internationale comme nouvelles valeurs européennes
Les mécanismes d’optimisation fiscale et sociale entre nous, cette concurrence délètère que nous avons laissé prospérer en notre sein, se révèlent contre-productifs. Il faut les remplacer par une harmonisation rapide, soutenue par un effort de solidarité conséquent des régions riches vers les plus modestes. En parallèle, dire à nos partenaires économiques asiatiques, américains et autres que le libre-échange n’implique pas un renoncement à l’exigence de qualité des produits et des services quant ceux-ci sont destinés à nos concitoyens. La liberté est une valeur essentielle de notre identité européenne, il faut lui ajouter aujourd’hui un peu d’intelligence pour ne pas la laisser devenir un dogme qui se rétounera contre nous.
Devenons le bon élève et le modèle d’une société écologiquement moderne. Par sa géographie, son climat, ses ressources scientifiques et industrielles, l’Europe a les moyens de réorganiser son économie pour éviter la catastrophe climatique vers laquelle nous nous dirigeons. En se détachant notamment des énergies fossiles dans les vingt prochaines années, nous gagnerons de nouvelles libertés et la fierté d’avoir laissé aux générations suivantes un monde vivable.
Parmi ces nouvelles libertés figurera en  bonne place, celle de pouvoir contribuer à la pacification du monde et à la promotion des idéaux de liberté et de progrès nés sur notre continent. Certes, en la matière, il y a certainement un tropisme français, pas toujours partagé par nos voisins. Mais si nous pouvions soutenir en ce sens les populations d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’ailleurs, quelle source de fierté cela pourrait être pour les européens dans leur ensemble. Faut-il une force militaire européenne pour accompagner cette ambition ? Incontestablement.
Une reconstruction par les villes et les régions
Si nos Etats et nos vieilles administrations ne sont pas en mesure de faire cette révolution des idées, appuyons nous davantage sur les Régions et les Métropoles pour la faire. Développons à cet étage, des relations quotidiennes avec nos voisins européens. Ce sont dans les villes, les écoles et les entreprises que le nouveau rêve européen pourra prendre corps.
Nous avons besoin d’espoir, nous avons besoin d’un horizon, nous avons besoin d’être fiers d’être européens. N’attendons rien de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, construisons le nous-mêmes !

samedi 2 avril 2016

NON A LA FATALITÉ !



Nous avons eu la chance lors de nos humanités d'avoir pour professeur un disciple d'Alain ce qui nous conduit à y penser face aux comportements relevés. Mais c'est à R. Rolland que nous emprunterons pour illustrer ce billet : "La fatalité est l'excuse de ceux qui sont sans volonté !"

 De récents sondages, les uns après les autres, donnent à penser que pour 2017 les dés sont jetés et une certaine fatalité conduit à se résigner à un casting restreint entre une candidate de l'extrême et un adversaire "convenu" extrait d'un libéralisme revanchard !

Désolé, mais nous ne pouvons nous résoudre à un tel scénario, même si l'analyse de la situation du pays incline à une telle résignation. En effet, si l'on segmente notre corps électoral, on relève que les retraités, souvent mieux lotis que les jeunes, les fonctionnaires, et les salariés des grosses entreprises, représentent la France qui vote. Cette France qui est (encore) dans le cocon douillet, pour ne pas parler avec le nouvel anglicisme à la mode, cette France des "insiders".

Il existe pourtant une autre voie pour faire entendre de nouvelles voix. Ici ou là, nous voyons émerger des lanceurs d'alerte républicains qui portent des messages et plaident pour un sursaut citoyen en essayant de capter l'attention de tous ceux et celles qui ne votent plus ou expriment des votes protestataires.

Nous voulons croire qu'il reste assez de temps pour un vrai sursaut démocratique, de nature à rendre le citoyen acteur de son destin en faisant passer un message simple. Si l'on veut s'extraire d'un schéma convenu et rompre les chaînes d'un paysage politique sclérosé, il nous faut prendre les choses dans le bon ordre.

En premier lieu, il faut tirer le verrou qui bloque notre fonctionnement démocratique en utilisant notre bulletin de vote en faveur d'un candidat(e) issu du terreau citoyen, libre de toute attache partisane, dont la tâche première sera d’entraîner dans son sillage, des hommes et des femmes nouveaux pour constituer la nouvelle Assemblée nationale.

Une représentation nationale en capacité de voter les réformes indispensables, sans soucis électoraliste ou partisan, car sachant que le mandat politique porté n'est qu'un temps de vie limité dédié au collectif. Un candidat "incolore" porteur de principes simples et qui aura éradiqué de son propos des lieux communs et un catalogue de propositions inaudibles par beaucoup.

Comment en effet ne pas se référer ici au chiffre magique de Muller, le "7" évoqué par une de nos interlocutrices avec raison ? La capacité d'un humain normal lui permet d'intégrer en même temps, un maximum de 7 grands messages. Il faut donc renoncer aux programmes surchargés qui veulent parler de tout pour "in fine" ne parler à personne. Si l'on veut ramener le citoyen vers les urnes il faut mettre un terme à la musique assourdissante des marchands du temple, pour proposer d'écrire une nouvelle partition.

Une partition composée à l'aune de réalités incontestables, consistant notamment à dire que nous n'avons plus un modèle social, mais un simple cadre désormais trop étroit qui sacrifie notre jeunesse que nous n'avons plus une démocratie représentative, mais un simulacre kidnappé au profit d'un petit nombre, que l'Europe rêvée n'est plus qu'un lambeau tâché, enfin que la conscience de la terre est perdue de vue, pour avoir servi de cheval de Troie a de minables ambitions politiciennes.
Il reste 12 mois pour que les bonnes volontés s'unissent et pour mettre bon ordre dans la cacophonie des initiatives. Il nous appartient donc de hiérarchiser les priorités, le vote lucide et régénérateur d'abord.

Alain disait : "La liberté ne va pas sans l'ordre, mais l'ordre ne vaut rien sans la liberté".

Richard Hasselmann

mercredi 16 mars 2016

Choisir son camp

Dans le cadre de la construction de son socle , LIBR'ACTEURS livre ici un autre axe de réflexion.


          Le mal être croissant de nos sociétés occidentales et matérialistes nous invite à explorer quelle dynamique nous permettrait de transcender notre état actuel.
Après avoir vécu les schémas rigides et dogmatiques des collectivismes/centralismes soviétiques ou occidentaux, nous passons par la « case » libérale, rationaliste et individualiste. Or beaucoup de citoyens sentent confusément que cette logique n’est pas durablement tenable.
Il y manque la dimension humaine, humaniste voire spirituelle, qui pour autant ne saurait faire à elle seule société dans un monde très avancé au plan scientifique et technologique qui requiert une certaine dose d’organisation.
Au plan politique, nous pouvons en déduire que trois conceptions s’affrontent ou s’affronteront :
  • Le modèle normatif et rigide, faussement protecteur, inefficace et inégalitaire, attentatoire aux libertés, promu par la gauche de la gauche et peut-être aussi par l’extrême droite, prêtes à en découdre tant par frilosité que par agressivité ;
  • Le modèle libéral, rationaliste et individualiste qui prévaut dans la gauche de gouvernement comme à droite en partant du principe qu’il est toujours possible de courir plus vite… et qui face à sa mise en cause croissante pourrait développer violences et agressivité pour sa survie ;
  • Le modèle qui n’a pas encore de nom, porté par des divers mouvements réellement indépendants, et qui n’existe à l’heure actuelle que sous forme de signaux plutôt faibles dans le paysage.
Si nous restons dans une logique matérialiste et rationaliste, modèle libéral et modèle collectiviste s’affrontent pour notre malheur. Sinon, nous devons sortir par le haut grâce à ce nouveau modèle qui reste à « décrire ».
Dit en d’autres termes nous devons inventer un vivre ensemble nouveau, moins matérialiste et plus humain, un nouveau « collectif » (cherchons le mot approprié) qui fait la part belle à l’individu et au lien social, qui développe un concept novateur, celui de « nouvelle solidarité-nouvelle responsabilité », restaurant ainsi la pertinence et la crédibilité de notre nouveau modèle social.
En contre-pied du politiquement correct, il s’agit de préserver le niveau des prélèvements obligatoires tout en revoyant leur usage, en particulier le « management » des acteurs publics (dont le rapprochement des statuts privé-public) et l’ensemble des aides sociales.
La France est mal en point. Pourtant les questions soulevées concernent toute l’Europe (menacée d’implosion) et même au-delà.
Si j’avais à formuler trois propositions elles seraient les suivantes :
  1. Faire le procès du « tout matérialiste » et imaginer/décrire un modèle « organisé » où la dimension humaine (voire spirituelle) et la solidarité vont de pair avec les responsabilités, la dignité et les régulations. Un modèle aux bénéfices suffisamment concrets pour que le plus grand nombre puisse s’y identifier.
  2. Consécutivement, mettre la question de l’emploi dans les priorités en combinant la réduction du temps de travail (le débat est indispensable sur cette question sensible et controversée), le rôle essentiel du « tiers secteur », l’écolonomie, le revenu de base et la lutte contre les inégalités (dont la fiscalité).
  3. Prendre attache avec nos « homologues » Européens car il faudra bien finir par changer cette Europe de plus en plus critiquée.
En finir avec l’illusion d’une croissance qui ne reviendra pas, avec une logique purement matérialiste, en prendre même le contre-pied, pour repenser solidarité et responsabilité finira, tôt ou tard et après de probables soubresauts, par offrir enfin de nouvelles pistes d’espérance. Il faut donc choisir clairement son camp.

J.L. VIRAT



dimanche 13 mars 2016

PLUS DE LIBERTE POUR PLUS DE JUSTICE

LIBR'ACTEURS entre dans une phase active pour pouvoir peser démocratiquement.
Nos adhérents, sympathisants et lecteurs attentifs trouveront ici une tribune signée, par l'un des nôtres,  qui donne les axes et la tonalité de notre démarche.





Et si les citoyens avaient aussi leur programme politique à défendre en 2017, le débat politique ne pourrait en être qu’enrichi. La complexité des sujets dans un monde de moins en moins prévisible pourrait rebuter a priori tout exercice prospectif individuel. Au contraire, c’est dans ces périodes où la réflexion participative est la plus précieuse. Voici ce qui nous semble être les enjeux essentiels pour la campagne de 2017.

L’émergence d’un nouveau monde

Notre pays a connu ces trente dernières années une évolution radicale de son environnement technologique, écologique et international. La révolution numérique transforme notre façon de vivre, notre façon de travailler mais aussi l’exercice du pouvoir. Le nouveau monde qui émerge est un monde en réseau où le pouvoir ne s’exerce plus verticalement, à partir d’une hiérarchie, mais horizontalement, au cœur d’un réseau. Cette évolution touche toutes les organisations de la société : Etat, entreprise, associations, famille. La détérioration de notre planète a atteint un niveau sans précédent, qui aura des conséquences dramatiques sur notre humanité si on ne réagit pas maintenant et à grande échelle. Le projet européen, de plus en plus flou pour les citoyens, et les nouveaux risques internationaux, qui menacent directement notre sécurité, sont des enjeux stratégiques qui vont perdurer au cours des prochaines années.
A ces défis s’ajoute le défi démographique: la France aura une population de plus de 70 millions d’habitants en 2050, et la part des plus de 60 ans représentera un tiers contre un cinquième de la population au début des années 2000. C’est dès maintenant que nous devons préparer notre société et notre système de protection sociale à cette nouvelle donne. Sur cet aspect aussi, nous n’avons pas anticipé et préparé l’avenir.

Face à l’émergence de ce nouveau monde, les pouvoirs publics ne sont pas restés inertes mais force est de constater que les réponses n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Le plus souvent conçue en réaction à des crises financières ou sociales, la politique de ces dernières années en France n’a visé qu’à faire survivre des modèles surannés d’organisations économiques et sociales. Nous n’avons pas construit l’avenir mais colmaté le passé. Nous n’avons pas préparé la France aux défis du nouveau monde.

La France paie au prix fort son impréparation à ce nouveau monde

Nous payons au prix fort l’absence de réformes structurelles ces dernières décennies. La crise de confiance touche toutes les composantes de la société et la rupture entre les gouvernants et les citoyens est à son comble. Malgré ses atouts exceptionnels, La France n’a plus confiance en elle. La crise de notre jeunesse illustre ce malaise profond dans notre société. Dans la génération des 18 à 30 ans, deux millions de personnes ne sont ni en formation, ni à l’école ni au travail. Cette génération est la plus touchée par le chômage et la précarité. Non seulement notre pays ne sait plus garantir un avenir prometteur à sa jeunesse mais il leur laisse un fardeau financier colossal avec plus de 2000 milliards de dettes publiques, dont 150 milliards d’euros de dettes sociales, moralement scandaleuses. La crise de confiance de la jeunesse de France est la marque de fabrique des politiques menées depuis 30 ans.

Pour être gagnant et largement partagé par nos concitoyens, un projet global de réforme en France doit s’articuler autour de deux valeurs fondamentales: la liberté et la justice. La liberté est au service de la justice mais il n’y a pas de justice sans liberté. C’est en créant des espaces de libertés plus étendus pour tous les citoyens que nous construirons une France plus juste. Il faut libérer les énergies créatrices de notre pays. Quelle que soit sa profession - artisan, commerçant, agriculteur, médecin, artiste, entrepreneur, ouvrier; quel que soit son statut - salarié, professionnel libéral, étudiant, retraité, chômeur en recherche d’emplois, mère de famille, membre d’une association -, notre idéal républicain fondé sur cette idée de liberté pour une France plus juste doit retrouver un sens et redevenir réalité. Ce n’est pas la liberté au bénéfice des plus forts mais la liberté au service de tous. Cette autonomie n’est pas un repli sur soi mais « un respect pour l’humanité » comme le disait Rousseau. Alors que la société industrielle avait quelque peu brisé cet élan humaniste et cette école de l’émancipation, la troisième révolution industrielle doit nous permettre de relancer cette vision humaniste et autonome.
Cette France libre et juste est la France d’Alexis de Tocqueville, dont l’idéal démocratique est garant d’égalité et de mobilité sociale; c’est la France de Jules Ferry avec la double quête de l’autorité de l’Etat et de l’autonomie de l’individu; c’est aussi la France de Charles Péguy et de sa cité harmonieuse qui protège l’individu de toute forme d’asservissement du singulier au collectif.

Quatre chantiers prioritaires pour réformer la France

L’Etat français est à repenser dans son organisation et son fonctionnement, à l’intérieur de notre territoire comme à l’étranger. Plus décentralisé, plus agile, plus connecté et plus mobile, l’Etat est à recentrer prioritairement sur ses fonctions régaliennes et ses rôles de stratège et de régulateur pour préserver l’intérêt général. Plutôt que de prôner plus ou moins d’Etat, c’est un Etat restructuré et adapté au nouveau monde qu’il nous faut. La vie politique est à régénérer en rapprochant la sphère politique de la société civile, grâce à des mandats politiques à renouvellement limité et un recrutement élargi des gouvernants au sein de la société civile. La politique ne doit pas être une profession ouverte uniquement à un clan mais une fonction accessible à tous les citoyens capables et désireux de l’exercer.

Notre système de protection sociale doit évoluer vers un système universel et individualisé plus juste et plus efficace. Notre Etat providence, créé dans un monde qui n’existe plus, est à adapter au nouveau monde en donnant à chaque citoyen la capacité de gérer ses risques sociaux avec autonomie et en adéquation avec sa situation personnelle. La sécurité sociale restera un pilier solidaire majeur de notre protection sociale et un socle de démocratie sociale dans le nouveau système. La démocratisation des savoirs doit renforcer nos systèmes de santé et d’éducation nationale, dans lesquels la recherche de « plus de liberté pour plus de justice » s’exprime pleinement. La sécurité en matière sociale s’obtiendra si nos systèmes sont capables de donner plus d’autonomie aux citoyens, une liberté de choix renforcée et une gestion plus décentralisée. Il ne s’agit plus seulement de réparer, de gérer les accidents sociaux mais de les prévenir, de les anticiper et ce tout au long de la vie des personnes.

Nos sociétés post-industrielles resteront prospères uniquement si nous créons un écosystème propice à l’innovation et si nous valorisons davantage le travail, la culture et le risque entrepreneurial. Nos concitoyens sont parmi les plus créatifs au monde, comme le montrent nos startups innovantes qui vont trop souvent se créer à l’étranger. Nous devons réformer notre marché du travail, pour le rendre plus flexible sans précariser, notre formation professionnelle pour l’intégrer dans le parcours de chacun, notre politique fiscale pour favoriser l’investissement et la création d’emploi. Il faut sortir de 30 ans de traitement social du chômage par une approche globale visant à développer les capacités de chacun en adéquation avec les métiers d’avenir. Nous vaincrons le chômage si nous rendons possible une vraie liberté de choix de son activité professionnelle et non un choix contraint, si nous sortons de cette funeste soi-disant préférence française pour le chômage que pour le travail.

Le défi écologique est de plus en plus pressant. Il faut réduire le contenu en carbone de la croissance et se montrer capable de se projeter dans le futur dès maintenant par des investissements ambitieux dans des infrastructures favorables à l’environnement et les énergies renouvelables. Cette transition écologique ne se gagnera qu’à l’échelle internationale mais la France, patrie des droits de l’homme, doit faire partie des leaders en la matière. Nous ne concevons pas de préserver notre planète avec une approche malthusienne, qui se traduirait par une régression de la qualité de vie et des libertés pour les prochaines générations. On peut faire de l’écologie une opportunité économique grâce aux innovations technologiques et un progrès social grâce à un environnement de vie de meilleure qualité pour tous.

Avec un projet centré sur la liberté et la justice, un grand plan Handicap afin de donner une place de premier choix à l’insertion et à l’épanouissement des personnes souffrant de handicap dans notre pays vient naturellement compléter ces quatre chantiers politiques. Alors que près de 2,5 millions de Français sont atteints d’un handicap reconnu administrativement et des millions d’autres sont affectés, notre pays doit faire beaucoup plus pour leur qualité de vie et celle de leur entourage. A la souffrance des familles dont un des membres est atteint d’un handicap lourd, notre pays n’offre souvent pas de solutions de placements dans un établissement spécialisé et oblige ces familles à aller en trouver une à l’étranger. Cela n’est pas acceptable et doit changer.
« Plus de liberté pour plus de justice » est un objectif que nous devons rendre réalité pour l’ensemble de nos concitoyens, sans exception !



Frédéric BIZARD

mardi 26 janvier 2016

Le paradigme des singes

LIBR'ACTEURS suit avec attention les gesticulations, des gouvernants, et les vociférations du personnel politique de tous bords pour essayer de se démarquer.
Au rang des formules a la mode, au même titre que la SOCIÉTÉ CIVILE, il y a  :PARADIGME.
"Changeons de paradigme ici, le paradigme est le bon par là..."

Outre que la majeure partie des "parleurs" ne savent pas le sens exact du mot, il nous permet de vous proposer ce qui suit à rapprocher du livre de Pascal PICQ "L'homme est-il un grand singe politique?" (ed O JACOB).
A vos commentaires, et à méditer pour notre action a venir.
R HASSELMANN

Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). C'est une forme de rail de la pensée qui, le cas échéant, peut aussi faire obstacle à l’introduction de nouvelles solutions mieux adaptées. Cette notion est rattachée à celle d'idéologie, au sens de la science des idées, des représentations.
Le paradigme au sens collectif est un système de représentations largement accepté dans un domaine particulier. Les paradigmes tendent à différer selon les groupes sociaux et à changer dans le temps en fonction de l'évolution des connaissances
Un groupe de scientifiques plaça cinq singes dans une pièce au milieu de laquelle se trouvait un escabeau permettant d’accéder à des bananes.
A chaque fois qu’un des singes essayait de grimper à l’escabeau, une douche glacée aspergeait automatiquement les autres.

Au bout d’un certain temps, à chaque fois qu’un des singes essayait de monter sur l’escabeau, les autres le frappaient par crainte de prendre une douche glacée. Bien entendu, au bout de quelques temps, aucun des singes ne se risqua à grimper sur l’escabeau malgré la tentation.

Les chercheurs décidèrent alors de remplacer les singes.
Pour commencer, un seul singe de la communauté fût remplacé par un nouveau.
La première des choses que fît le nouveau fut d’essayer de monter sur l’escabeau.
Aussitôt, les autres le frappèrent.

Quelques coups plus tard, le nouveau membre de la communauté avait appris à ne plus grimper
sur l’escabeau sans même connaître la raison de cette interdiction.

Un deuxième singe fut remplacé et subit le même sort que le premier.
Ce dernier se joignit aux autres pour le battre dès qu’il tentait de grimper sur l’escabeau.
Le singe arrivé juste avant lui participe à la punition… avec enthousiasme, parce qu’il fait désormais partie de « l’équipe ».

Un troisième singe fut échangé et le processus se répéta. Le quatrième et le cinquième furent changés tour à tour.
Tous subirent le même sort dès qu’il tentèrent de grimper sur l’escabeau.
Le groupe de cinq singes, bien que n’ayant jamais reçu de douche froide, continua à frapper tout nouvel arrivant qui tentait de monter sur l’escabeau.

À ce stade, les singes qui agressent n’ont aucune idée de pourquoi ils n’ont pas le droit de grimper l’échelle.
Pas plus qu’ils ne savent pourquoi ils participent à l’agression du dernier arrivé.
Au final, après avoir remplacé tous les singes d’origine, aucun singe présent dans la cage n’a été arrosé d’eau froide.
Cependant, aucun ne tentera de grimper l’échelle. Pourquoi ? Parce que dans leur esprit… c’est comme ça, et ce depuis toujours.
S’il était possible de parler avec ces singes et de leur demander pourquoi ils frappent ceux qui tentent de monter sur l’escabeau, je parie que leur réponse serait la suivante : Je ne sais pas, mais ici c’est comme ça.”
Ce comportement ne vous semble-t-il pas familier ?…
Ah ! les traditions, les habitudes…
D’autres que vous se demandent peut-être pourquoi nous continuons à agir comme nous le faisons quand il existe des alternatives.
Et c’est ainsi que fonctionne le monde politique, économique, religieux, des riches et des pauvres……etc.
Ce paradigme du singe tente d’expliquer par la parabole comment des situations ubuesques peuvent rester bloquées indéfiniment jusqu’à ce qu’un esprit révolutionnaire ne remette en question l’ordre établi.
C’est pour ça que, de temps en temps, il faut changer tous les singes EN MÊME TEMPS ! et ça devient URGENT….!!!
A méditer…. A méditer…. A méditer….

jeudi 7 janvier 2016

SOCIETE CIVILE


                  Lors de la création de PROVIDENTIEL, devenu LIBR’ACTEURS nous avions choisi, de rendre le citoyen acteur de son destin, et traduit cette grande ambition dans notre charte.
Cela passe dans notre esprit, par une refondation radicale de notre gouvernance démocratique, par la fin du cumul des mandats et de ce jeu politique biseauté, par de petits arrangements entre amis. Certains nous ont taxé de vouloir faire porter le chapeau à des élus respectables, sur le thème du TOUS POURRIS.
De fait la réalité dépasse la fiction et chaque jour apporte de l’eau à notre moulin. Des voix se font entendre, de plus en plus nombreuses, pour dénoncer une situation intolérable. Nous ne reprendrons pas ici la liste des commentaires et billets, qui dénoncent, les statistiques truquées, les reniements de promesses, les alliances contre nature, ou les petits accommodements pour flatter une clientèle électorale.
Il est désormais impératif de sortir du carcan dans lequel les appareils politiques essayent de nous enfermer pour garder la main, les mandats…et les finances publiques attachées ! Il faut sauter le pas et être plus ambitieux. Il est de plus en plus urgent de voir la société civile, la vraie, prendre en main sa destinée, en forgeant des instruments d’un modèle nouveau, que nous avons appelé le parti « sui generis ».

Le jeu politique étriqué n’est plus de mise, ce que CAMUS appelait « le médiocre pouvoir » se révèle au grand jour. Les intérêts locaux et nationaux ont guidé les postures, largement aidés par les lobbies qui de fait pilotent le quotidien en lieu et place des élus. L’intérêt supérieur, celui de l’humanité, celui de la « CONSCIENCE DE LA TERRE » a été relégué au rang de l’incantatoire.
C’est dans l’action qu’il faut être. Une action pédagogique et comportementale portée par le citoyen acteur de son destin, consommateur de biens et services vertueux, protecteur d’entreprises de proximité, initiateur de réponse innovantes dans l’utilisation du denier public.

C’est l’ambition de LIBR’ACTEURS, en toute liberté ou au sein des structures collectives (associations ou mouvements) que nous animerons ou aux quelles nous collaborerons.
Nous avons travaillé depuis longtemps sur les typologies de comportement des citoyens, en partant de l’histoire de la démocratie athénienne, et en passant par
ROUSSEAU, MONTESQUIEU, DESCARTE, CONDORCET, et plus près de nous R BOUDON, E MORIN, ou M CROZIER.

Dans ce cadre c’est TOCQUEVILLE qui nous a fourni le fil conducteur en affirmant qu’une démocratie riche et féconde n’est possible qu’à partir d’une vie associative dense, lieu privilégié de l’engagement du plus grand nombre dans la vie publique.

C’est un constat que nous partageons par expérience, et par l’animation du réseau associatif depuis les années 60. L’abstention, le vote blanc ou protestataire, sont autant de révélateurs de l’évitement de nombreux citoyens qui répugnent à mettre en perspective dynamique et constructive, leur expérience alors même que « l’administration de la cité » (la vraie politique), les inquiète et ne répond pas à leurs attentes.
C’est cet éclairage que nous allons porter, pour montrer qu’une collectivité peut être harmonieuse, si elle n’est pas uniquement l’addition d’intérêts et de croyances figées, mais les synergies et résultantes qui en découlent.
Le citoyen est concerné par tous les sujets même ceux ou il se dit incompétent, dans une forme de pudeur qui arrange bien le « POLITIQUE », monde à part, avec ses codes ou le citoyen n’a rien à faire.
Nous croyons qu’il est temps de briser ce que j’appelle le postulat du politique (hypostase), qui conduit un Président de la République à dire sans rire que la politique est un vrai métier et que les experts de la société civile n’ont rien à y voir.
Nous reviendrons sur ce qu’est la Société Civile utilisée à toutes les sauces dans un autre billet.

Nous allons donc nous attacher à élargir le casting pour 2017, en utilisant les 18 mois qui nous restent, en tamisant le tissu associatif et le paysage citoyen, pour y repérer « les pépites humaines », qui répondraient au profil que nous allons établir.

Nous allons nous ériger en véritable « chasseur de tête », pour sélectionner quelques hommes et femmes que nous proposerons aux donneurs d’ordre que sont les citoyens. Les nouvelles techniques d’information et de communication (NTIC) et l’appui de raisons sociales avides de responsabilité sociale (RSE), devraient nous permettre l’organisation matérielle d’une convention citoyenne qui dégagera le meilleur CITOYEN CANDIDAT pour 2017.

Cette démarche ne fait pas obstacle à l’observation attentive des autres initiatives, à la participation éventuelle aux primaires des politiques en place, et surtout à l’admission dans notre liste d’un citoyen jouissant déjà d’une notoriété politique affirmée.
Cette même systémique est applicable à l’échelle de chaque circonscription législative, pour proposer au suffrage le citoyen, libre des fourches caudines des partis, qui siégera à l’Assemblée Nationale pour voter les réformes indispensables, mises en œuvre par un gouvernement resserré composé  de vrais experts, en charge d’un Ministère et aptes à ne pas tomber dans les rets des lobbies et de la haute fonction publique.

 R HASSELMANN.

mercredi 30 décembre 2015

Libéralisme et socialisme: pourquoi Macron et Fekl ont tous les deux raison!

LIBR'ACTEURS compte en ses rangs des expertises, dans les différents domaines qu'il importe de visiter.
Vous trouverez ici une analyse qui mérite attention et débats.

Deux membres du gouvernement viennent d'exprimer leurs divergences idéologiques profondes. Pour Emmanuel Macron, il «  assume d'être libéral et rappelle qu’historiquement le libéralisme était une valeur de gauche ». Pour Matthias Fekl, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, « non seulement le libéralisme n'est pas de gauche mais il est même incompatible avec une certaine conception de l'intérêt général ». Sensé défendre la même politique, comment peut-on expliquer une vision opposée des valeurs de gauche ? D'apparence anecdotique, cette opposition révèle une fracture idéologique au sein de la gauche française qui l’empêche de réformer le pays.

Des divergences fondamentales entre socialisme et libéralisme

Alors que le libéralisme a un écho de plus en plus favorable auprès de l'opinion publique à en croire les sondages, il reste un repoussoir pour une partie importante de l'échiquier politique français. Que contient-il précisément? Si chacune des trois pensées politiques dominantes (socialisme, conservatisme et libéralisme) acceptent l'idée qu'un ordre sous-tende la société, l'origine de cet ordre diffère radicalement entre elles. Alors que l'ordre des socialistes est rationnel, celui des conservateurs est organique, celui des libéraux est spontané et s'appuie sur le principe de la coordination des actions individuelles. Les opposants au libéralisme dénient cet aspect essentiel qu'est la nécessité d'une coordination décentralisée  entre les actions individuelles. Ce n'est ni l'anarchie, ni le chacun pour soi. Les deux autres piliers du libéralisme sont le respect des droits individuels, dont les droits de propriété, et l'attachement à l'état de droit. Le philosophe anglais, John Locke (XVIIème siècle) a le premier défini ce triptyque libéral en considérant qu'un homme est libre si sa vie, sa liberté et sa sécurité sont garanties.

La pensée socialiste est incompatible avec ces points fondamentaux. Le socialisme n'accepte pas la propriété privée et la possibilité pour un individu d'agir de façon autonome. La sphère d'autonomie individuelle ne peut être issue que d'une délégation accordée par la société. Les socialistes estiment que les individus ont des droits que seule la société leur accorde, c'est elle qui les distribue. Ils rejoignent sur ce point les philosophes grecs qui considéraient que les droits ne puissent naître que de la cité. Pourtant, si le rôle de la société est de faire reconnaître ces droits, ces droits individuels pre-existaient. Quant à l'ordre rationnel, les socialistes s'appuient sur l'idée platonicienne d'une société parfaite, bien organisée. C'est l'idée utopiste de la recherche de l'idéal et de la pureté pour la société du futur. Les socialistes sont des architectes qui détiennent les plans de la Cité. En France, cela a donné le scientisme et l'industrialisme saint-simonien, fondements du socialisme élitiste dans lequel une minorité éclairée guide, décide et agit à la place du bon peuple. C'est exactement l'inverse de l'ordre spontané, qui prend les hommes tels qu'ils sont et non pas tels qu'on voudrait qu'ils fussent.

Des valeurs humanistes du libéralisme récupérées par les socialistes

C'est probablement Adam Smith, dans sa théorie de sentiments moraux qui a le premier exprimé les valeurs humanistes de la pensée libérale. Il évoque le sentiment d'empathie à la base de l'échange, lui-même moteur de l'économie. Une société étatiste et collectiviste ne sert en réalité pas l'intérêt commun mais davantage des intérêts catégoriels. Le bien commun se retrouve dans l'échange, qui oblige à se mettre à la place de l'autre, mais pas seulement dans l'ordre marchand. L’État n'a pas le monopole de la solidarité et des services d'entraide. La solidarité décentralisée au sein des associations, des clubs, des lieux de culte a largement démontré son efficacité sociale et la valorisation individuelle qu'elle représente. La famille ne serait-elle pas le meilleur exemple de cette formidable capacité d'entraide spontanée de l'individu? Les socialistes déniant toute capacité de l'individu de redistribuer spontanément, ils ont la tentation de minimiser cette valeur familiale. Pour eux, la solidarité publique doit primer sur toutes les autres. Cette vision étatique quasi exclusive de la solidarité conduit pourtant à l'assistance et à l'abaissement de la condition humaine.
Quand la droite et la gauche s'évertuent depuis 30 ans à ne trouver comme remède à la montée de la précarité sociale que l'augmentation des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires, la multiplication des lois et l'incantation de l'Etat providence, c'est une négation de ce que reconnaît le libéralisme dans l'homme. Associer la redistribution spontanée à celle de l'Etat, s'appuyer sur le développement de soi et les capacités individuelles sont des recettes libérales que la gauche socialiste ne peut pas considérer. C'est pourtant un moyen indispensable pour garantir la dignité de l'homme, y compris pour les plus défavorisés.

On ne s'étendra pas sur la vacuité de la dichotomie gauche-droite dans la France du XXIème siècle quand on voit le programme (national) socialiste proposer par l’extrême droite, le conservatisme des communistes et consorts, sans parler de la proposition de déchéance de nationalité d'un Président de gauche. Ces concepts ne sont plus que de la tactique politique pour conquérir le pouvoir, simuler le changement par des politiques dénués de toute conviction. En revanche, il existe un libéralisme de gauche dans les pays où la dissociation gauche-droite est encore signifiante comme dans les pays anglo-saxons. C'est le libéralisme social d'un John Rawls (dans sa théorie de la justice) qui fait du principe de liberté (égale pour tous) un principe supérieur à tous les autres pour réduire des inégalités, qui ne se justifient que si elles sont à l'avantage de chacun. C'est celui d'un Amartya Sen qui fait de la liberté positive, celle qui rend l'individu capable de développer au mieux ses capacités (notion de « capabilités »), le principal levier du progrès social. C'est celui d'un Tony Atkinson ou d'un Martin O'Neil qui voit dans la propriété privée, via une démocratie de propriétaires, non seulement le moyen de lutter contre la pauvreté mais celui du développement de soi de l'être humain pour le rendre capable de jouer pleinement son rôle de citoyen et de renforcer les vertus démocratiques (citoyenneté active).

Matthias Fekl, en pur produit du socialisme français dominant qui a peu évolué depuis le XIXème siècle, a raison de penser que le libéralisme est incompatible avec le socialisme. Emmanuel Macron, qui n'est pas socialiste, a aussi raison d'affirmer que le libéralisme peut être de gauche mais il représente une gauche ultra minoritaire en France. C’est pourtant cette gauche qui a réformé la plupart des pays développés ces vingt dernières années !

Frédéric BIZARD
Economiste
Sciences Po Paris